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Cours Or & Argent

Le plan anglais meilleur que le plan Paulson

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Publié le 09 octobre 2008
925 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Le plan Brown-Darling pour empêcher le système bancaire britannique de sombrer semble bien mieux perçu par les économistes que le plan Paulson. Il faut dire que ce plan, conforme à celui que la Suède avait mis en oeuvre en 1992 pour sauver son système financier de la faillite, protège sans doute un peu mieux l'intérêt du contribuable, puisqu'il fait payer aux banques très cher le soutien du contribuable, selon le mécanisme décrit par M. C.Tille dans l'article de Telos que je pointais hier, "crise de liquidités ou de solvabilité ?":

 

Il serait plus efficace [que le plan Paulson] d’injecter directement des fonds propres. Une première option est que l’état prenne une participation directe comme actionnaire. Cela devrait se faire par le biais d’actions dites « seniors ». Cela signifie que d’éventuelles pertes ultérieures réduiraient d’abord l’avoir des anciens actionnaires, puis celui de l’état, au lieu de réduire la valeur de toutes les actions de manière uniforme. Une telle structure fait en sorte que le secours du contribuable se paie au prix fort pour la banque. En d’autres termes il s’agit d’une nationalisation partielle de la banque. Pas très standard dans un système capitaliste ? Rappelons tout d’abord que cette nationalisation serait temporaire, l’état vendant graduellement ses avoirs lorsque la crise sera passée, et que la politique économique se doit d’être (et est en réalité) plus pragmatique qu’idéologique.

 

En outre, les garanties bancaires apportées par l'état se paieront d'un prix fort par les banques, qui se verront exiger une surcotisation ("premium") pour en bénéficier, et les banques bénéficiaires du plan devront réviser sensiblement à la baisse les rémunérations de leurs cadres dirigeants, ce qui est la moindre des choses. Selon Philippe Legrain, compte tenu de la tension actuelle sur les marchés, le plan de sauvetage britannique est raisonnable. La qualité de son implémentation effective sera primordiale, mais il devrait dans l'immédiat sauver le système financier. A plus long terme, Philippe a les mêmes interrogations sur les difficultés qui attendent l'économie britannique:

 

We are by no means out of the woods yet. Global financial markets are in turmoil; other governments need to follow Britain’s bold lead soon. The UK economy has many other weaknesses: consumers are overladen with debt, often secured against housing that remains overpriced; unemployment is rising; food and energy prices remain painfully high; and the global gloom is hardly auspicious for exporters, despite the fillip of a weaker currency. What’s more, the banking package will swell the government’s already-large deficit – although borrowing to invest in banks need not increase the national debt in the long term.

 

Mais le long terme est une autre histoire. Aujourd'hui, priorité à l'incendie.

 

Enfin, pour comprendre comment une perte potentielle de quelques pourcent dans les actifs douteux de certaines banques aboutit à cette crise sans précédent, cet article très critique du Plan Paulson, de John Hussman, gestionnaire d'un fonds d'investissement du même nom, explique très bien la fragilité du modèle "sans fonds propres" des banques actuelles, et reproche au plan Paulson de ne rien faire pour améliorer la structure de bilan des banques secourues. La voie choisie par les britanniques évite cet écueil. Hussman propose une variante au plan Paulson qui comporte pas mal d'analogies avec le plan Brown:

 

A better approach would be for the government to provide capital directly, in the form of a “super-bond,” in an amount no greater than the debt to bondholders. The “super-bond” would be subordinate to customer liabilities, so it could be counted as capital for the purpose of capital requirements, and would be seen by customers as a legitimate cushion of protection. However, in the event of bankruptcy, it would have a senior claim in front of both stockholders and even senior bondholders. Do that, and you've actually got a mechanism to protect the financial system while at the same time protecting customers and taxpayers. Ideally, the super-bond accrues a relatively high rate of interest so that financials have an incentive to shift to private financing as soon as possible, but you would also defer the interest until the bank meets a minimal level of profitability to make sure that the financing doesn't strain the institution's liquidity.

 

On le voit,plusieurs alternatives au plan Paulson, plus respectueuses du contribuable américain, et plus responsabilisantes pour les banques concernées, existaient. Il est dommage que sous la pression de politiciens incultes, d'autres politiciens aient voté dans des conditions plus que douteuses un "package" à 700 milliards aux effets relativement incertains, et aux contreparties fiscales ("pork barrel spending") exorbitantes.

 

Vincent Bénard

Objectif Liberte.fr

Egalement par Vincent Bénard

 

Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones dédiés à la diffusion de la pensée libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement, crise publique, remèdes privés", ouvrage publié fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de marché pour y remédier.

 

Il est l'auteur du blog "Objectif Liberté" www.objectifliberte.fr

 

Publications :

"Logement: crise publique, remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat

Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république, bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La doc française, avec Pierre de la Coste

 

 

Publié avec l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits réservés par Vincent Bénard.

 

 

 

 

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Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org).
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