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Dans une allocution à
la Kennedy School of Government
à Harvard University, le
président de l’université, Lawrence H. Summers, a défendu le libre échange et la
mondialisation tout en se plaignant que trop de gens autant dans le
gouvernement qu’à l’extérieur «...ont
l’économie mercantile gravée dans la mémoire.»
Voir Globalization Defended,
Harvard Magazine (July-August 2003), p. 75. Le libre échange
est fondé sur le principe des avantages comparatifs
énoncés par l’économiste classique David Ricardo,
qui repose sur des taux d’échange fixes entre des monnaies en espèces,
non pas des taux de change flottants entre monnaies de papier sans limites --
une préférence apparemment gravée dans la mémoire
de la plupart des économistes modernes, y compris l’ancien Secrétaire
au Trésor américain.
Après la Seconde Guerre
Mondiale, les accords de Bretton Woods ont établi un système
d’échange à taux fixe lié au dollar É.U.,
qui était convertible en or à $35/once sur demande des banques
centrales étrangères. Le système s’est
effondré en 1971 en raison de l’accumulation excessive de
dollars outre-mer venant d’abus que le Général de Gaulle
appelait un «privilège exorbitant», soit le fait que les
États-Unis puissent régler le déficit de leur balance commerciale
avec leur propre monnaie, en faisant un «déficit sans
larmes» comme le disait Jacques Rueff, son conseiller monétaire.
Avec les applaudissements de
la plupart des économistes, le système de Bretton
Woods a été remplacé en 1973
par le présent régime des taux de change flottants sans lien
entre les monnaies ou avec l’or. Répondant mieux aux politiques
des taux d’intérêts des banques centrales, à la
circulation des capitaux spéculatifs, et aux interventions officielles
dans les marchés qu’aux surplus commerciaux réels et
à la parité du pouvoir d’achat, ces taux flottants --
fréquemment giratoires -- ont seulement compliqué et
perturbé le libre échange. Mais il reste à voir
s’ils peuvent fonctionner ou même survivre à la
mondialisation. L’usage illimité de papier monnaie mondialement
est un phénomène très récent; tandis que les
monnaies mondialement reconnues -- premièrement l’argent, puis
l’or -- ont existé pendant des siècles.
La même technologie
responsable de la mondialisation facilite l’usage de l’or comme
monnaie, non seulement en éliminant plusieurs inconvénients
pratiques des anciennes pièces d’or, mais en rendant
l’opération complètement fondée sur le principe du
cautionnement de réserves au moins aussi économique que le
système fractionnaire des réserves utilisé par les
banques fondé sur le crédit. L’informatique et
l’Internet ont créé un monde où l’or peut
servir directement comme monnaie sans l’assistance du gouvernement ou
des banques. Ainsi l’étalon-or, qui n'a jamais été
une «relique barbare» comme disait Lord Keynes, pourrait
finalement devenir une véritable relique par le progrès
technologique.
Pendant que ce nouveau monde
fait de monnaie d’or promet d’être semblable au merveilleux
19e siècle de l’étalon-or plutôt qu’au 20e
siècle du chaos monétaire, la transition sera difficile, en
particulier pour les gouvernements qui ont fait des déficits et de la
gestion des taux de change leur mode de vie, ou qui ont permis que leurs
réserves officielles soient sur-pondérées
en dollars et sous-pondérées en or. Parmi les nations du G-7,
le Canada fait face au plus grand défi parce qu’en plus
d’être en mauvaise posture sur ces points, il n’a pas
résolu les désaccords constitutionnels pour donner une place
juste au Québec, la deuxième province en importance comme
producteur d’or, dans la confédération.
1.
L’Impérialisme du Dollar É.U.
Ce qui passe pour un
système monétaire international aujourd’hui n’est
ni plus ni moins qu’un programme de recyclage du dollar (É.U.)
qui laisse les consommateurs américains avec plus que leur part
équitable des marchandises mondiales et les banques centrales
étrangères avec la majeure partie des surplus de dollars. Pire,
le système apparaît incapable de s’équilibrer. Avec
l’escalade de la dette et du déficit des É.U., ainsi va
la réserve de dollar à l’étranger.
Le surplus de dollars produit
par les surplus commerciaux avec les États-Unis reflète les
exportations qui font fonctionné les économies de nombreux
partenaires commerciaux, ce qui les rend réticents à convertir
ces surplus en monnaies locales et à risquer d’étouffer
la prospérité généré par les exportations
en redressant les taux de change. Voir
Richard Duncan, The Dollar Crisis (John Wiley & Sons (Asia),
2003), pp. 90-119. D’un
autre côté, en gardant un surplus de dollar (É.U.), les
banques centrales étrangères monnayent la dette du gouvernement
américain de la même manière que la Réserve
fédérale (É.U.). Sans restriction, ce processus menace
de détruire la valeur du dollar -- et les réserves de dollars
à l’étranger -- à travers l’inflation.
Comme cela est indiqué
dans Gibson's Paradox Revisited: Professor Summers Analyzes Gold Prices, deux siècles de données
historiques démontrent qu’en l’absence
d’intervention gouvernementale, la valeur de l’or varie
inversement aux taux d’intérêt à long terme. Sous
l’étalon-or, la valeur de l’or était
réciproque au niveau général des prix puisque le prix de
l’or était constant. Dans un marché de l’or libre,
la valeur de l’or est déterminée par son prix. Ainsi, exception
faite des occasions où les interventions officielles suppriment les
forces du libre échange, un faible taux de rendement nominal des
obligations et de l’inflation tel que mesuré par l’indice
des prix aux consommateurs ne devrait pas être compatible avec un
faible prix de l’or. Ou bien le taux des rendements obligataires doit
augmenter sans doute avec les taux nominaux (bancaires) et en plus la
dé-inflation ou même la déflation, ou le prix de
l’or doit augmenter.
Le 15 juin 2003, dans son rapport
économique semi-annuel, le directeur de la Fed Alan Greenspan
assure que la Réserve fédérale américaine
«…est prête à garder une position très
accommodante dans sa politique aussi longtemps que nécessaire pour
atteindre un retour à une performance économique
satisfaisante.» Répondant aux implications inflationnistes de
cette déclaration avec le déficit record du budget fédéral
à venir, les prix étalons des Notes du Trésor à
échéance de 10 ans et des défuntes obligations du
Trésors à échéance de 30 ans sont
immédiatement tombés, propulsant à la hausse leur taux
de rendements et provoquant la chute des marchés obligataires la plus
grave de la dernière décennie. Voir, e.g., D. Chapman, Bond Massacre!, SafeHaven (July 30, 2003).
Toutefois,
particulièrement dans un environnement économique mondial
marqué par une croissance sous la normale, des taux
d’intérêts à court terme peu élevés
aux États-Unis mettent la pression sur ces principaux partenaires
commerciaux et les autres pays aussi pour les suivre avec de bas taux
d’intérêt sinon leurs monnaies s’apprécient
de manière indésirable. En effet, même un pays avec une
longue tradition de monnaie fiable comme la Suisse n’y est pas immune. Voir G.T. Sims, Swiss Central Bank
Leaves Itself With Limited Room to Maneuver, The
Wall Street Journal (August 11, 2003), p. A2.
En 2002, selon les
statistiques d’échanges commerciaux publiées par le
Bureau du Recensement des É.U., les exportations du Canada aux
États-Unis s’élevaient à presque $210 milliards
contre des importations juste au-dessus de $160 milliards, laissant au Canada
pour la troisième année consécutive un surplus
commercial d’environ $50 milliards du plus grand échange
commercial bilatéral au monde. Ainsi, il n'a peut-être pas
été si étonnant comme certains le prétendent que
le jour du témoignage de M. Greenspan au Congrès
Américain, la Banque du Canada a baissé son taux
d’intérêt, occasionnant la chute marquée de la
monnaie canadienne contre la monnaie américaine. Voir e.g., B. Little, This central bank sure likes
surprises, The Globe and Mail (July 16, 2003).
Étant en manque de
«dollar (américain) fort» dont M. Summers
est l’architecte principal, plusieurs pays -- le Canada en tête
-- sont dépendants de taux de change qui ne reflètent pas le
plein pouvoir d’achat de leurs propres devises. Mais «mendier
auprès du voisin» aujourd’hui veut dire qu’il faudra
«mendier auprès de soi-même» demain, alors que la
devise américaine conduit toutes les devises de papier dans une course
folle pour prouver encore une fois aujourd’hui que la citation suivante
attribuée à Voltaire dit vrai: «L’argent de papier
retourne éventuellement à sa valeur intrinsèque --
zéro.» (Note: Une recherche diligente n’a pas permis de
trouver la source exacte de cette citation.)
Reg Howe
GoldenSextant.com
A suivre …
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