Il est maintenant trop tard pour la
déclaration papier, mais les habitants des départements
numérotés de 50 à 974 ont jusqu’à ce soir
minuit pour faire leur déclaration d’impôt sur le revenu
en ligne et ainsi s’acquitter de leur devoir de citoyen. Cette date
limite précède de près d’un mois la date à
laquelle le travailleur français moyen sera libéré de
son fardeau fiscal et pourra enfin profiter des fruits de son travail.
Grâce
à des données calculées par Ernst & Young, il a été possible de calculer le jour de
libération fiscale des 27 pays de l’Union Européenne
(UE). La France est dans le trio des 3 pays taxant le plus leurs
salariés, avec la Hongrie et la Belgique.
Les données
montrent que le taux d’imposition réel du salarié moyen
augmente dans l’UE de 0,24% en 2011. Il est passé de 43,99% en
2010 à 44,23%, en grande partie en raison de l’augmentation de
la TVA dans 13 états membres depuis 2009.
Dans 6 pays, plus de
la moitié des revenus liés au travail sont
prélevés au titre des impôts et taxes retenus dans le
périmètre de notre étude (Belgique, Hongrie, France,
Autriche, Allemagne, Suède). Cela signifie que le salarié
lambda de ces pays n’a pas
de maîtrise directe sur plus de la moitié des fruits de son
travail, son influence sur la prise de décision étant au mieux
indirecte.
L’étude montre que les charges
et impôts françaises pénalisent le pouvoir d’achat.
Pour distribuer 1 € de pouvoir d’achat net de charges et
impôts au salarié, l’employeur français doit
débourser 2,3 fois plus.
Les salariés français sont
plus pénalisés que leurs homologues allemands, qui
bénéficient pourtant d’un niveau comparable de services
publics et sociaux. Pour obtenir 1 € de pouvoir d’achat
outre-Rhin, il suffit de distribuer 2,1 €. Le salarié allemand
est libéré fiscalement le 11 juillet, soit 15 jours plus
tôt qu’en France.
Dans ces conditions,
toutes les politiques qui viseraient à augmenter le pouvoir
d’achat en occultant la nécessaire rationalisation des
dépenses publiques et sociales ne conduiront qu’à des
résultats en deçà des attentes.
Un financement des
dépenses sociales particulièrement opaque
en France
La
quasi-intégralité des pays de l’UE ont recours à
une combinaison de cotisations sociales « patronales »
et « salariales » contribuant à masquer le
coût réel de la protection sociale offerte au salarié.
Cette
distinction, qui pourrait laisser croire que les employeurs contribuent plus
que les salariés, est trompeuse et n’a aucun sens
économique. Les cotisations, « patronales »
comme « salariales », sont versées au titre de
l’activité du salarié et vont en déduction des
sommes qu’il pourra librement dépenser.
Le
manque de transparence est particulièrement fort en France. Les
cotisations « patronales » y sont équivalentes
à 50% du salaire brut, soit le record de l’UE. L’addition
des cotisations « patronales » et
« salariales » représente 66% du brut, ce qui
représente là aussi le record de l’UE. Les bulletins de
paie y sont particulièrement complexes, ce qui masque le coût
réel de la protection sociale.
Une situation
très inquiétante.
6 des 27 pays de l’Union européenne
prélèvent plus de la moitié de ce que produisent les
salariés au titre des contributions sociales, de l’impôt
sur le revenu et de la TVA. C’est notamment le cas en France, qui
détient avec la Hongrie et la Belgique le record de taxation de
l’Union.
Et en dépit de ce fardeau, les déficits continuent
d’augmenter un peu partout en Europe. Il est temps de changer de
crédo. La solution est dans la baisses des dépenses publiques,
et non dans l’augmentation des charges, impôts et autres taxes.
Cécile Philippe
Institut Economique Molinari
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Cécile
Philippe est le directeur de l’Institut Economique Molinari,
un organisme de recherche et d'éducation visant à entreprendre
et à stimuler l'approche économique dans l'analyse des
politiques publiques. Il a été baptisé du nom de Gustave
de Molinari, économiste et journaliste
franco-belge qui a oeuvré toute sa vie
à promouvoir cette approche.
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