Voici une information de haute importance qui
a à peine fait la Une : la semaine dernière, la Fed a versé
89 milliards de dollars de bénéfices au trésor des
Etats-Unis. C’est un versement supérieur de 18% à celui
de l’an dernier, et qui remplace le record de 79 milliards de dollars
de 2012 (lire
le communiqué de la Fed).
Au passage, notez que la
société qui réalise le plus de profits aux Etats-Unis n’est
pas Apple, Exxon ou autre, mais la banque centrale. Voilà qui prouve
bien que l’économie est sens dessus-dessous !
Mais pour en revenir à notre sujet, ce
type de versement est tout à fait normal. La Fed verse à l’Etat
l’intégralité de ses bénéfices, à l’exception
des coûts d’opération de son siège de Washington et
des dividendes versés aux 12 banques de réserve
régionales.
Ce qui n’est pas normal, en revanche,
est la provenance de ces bénéfices : les
intérêts payés par l’Etat sur les obligations
détenues par la Fed. C’est un système qui tourne en rond :
le Trésor émet des obligations dont une grande partie est
rachetée par la Fed (par le biais de l’impression
monétaire), il paie des intérêts sur ces obligations qui
sont ensuite encaissés par la Fed avant de lui être
reversés ! Pour dire les choses plus simplement, une partie des
revenus de la Fed provient des obligations émises par Fannie Mae et
Freddie Mac, eux-mêmes bénéficiant de plans de sauvetages
émis par l’Etat… C’est un circuit
complètement fermé.
En d’autres termes, la dette acquise
par le biais de la Fed ne coûte absolument rien à l’Etat ;
C’est un peu comme emprunter à taux zéro. Le poids total
de la dette (les intérêts versés aux créanciers)
était de 251 milliards de dollars en 2001. Ces 89 milliards de dollars
représentent donc plus d’un tiers de l’économie.
Ce mécanisme est
particulièrement pervers. Plus la dette publique est rachetée
par la banque centrale, moins elle pèse sur le budget
fédéral. Cela l’encourage à racheter toujours plus
de dettes en se faisant financer par la banque centrale ou, si vous
préférez, la planche à billets. Tout cela a un autre
effet pervers : les rachats de la Fed entrainent une chute des taux d’intérêts
de toutes les obligations, et pas seulement de celles détenues par la
Fed mais également de celles que possèdent les
Américains et les investisseurs étrangers. La dette de l’Etat
lui revient nettement moins cher qu’elle le
devrait.
Ce n’est rien d’autre qu’une
bulle qui, si les budgets ne sont pas rééquilibrés, nous
mènera tout droit à l’hyperinflation.
Les débats autour de la
réduction du déficit budgétaire doivent être mis
en lumière. Le financement du déficit et de la dette ne
coûte pas si cher que ça une fois que les versement
de la Fed sont pris en ligne de compte… Pourquoi donc s’acharner
à réduire les dépenses ?
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