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Cours Or & Argent

Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient autrefois

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Publié le 16 juin 2014
898 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

Je me suis rendu le weekend dernier à Buffalo, dans l’Etat de New York, pour participer au conclave annuel des Nouveaux urbanistes – un mouvement né dans les années 1990 pour la restructuration des villes des Etats-Unis. L’état de désolation de cette ville n’est peut-être pas aussi spectaculaire ou vaste qu’à Détroit, mais les symptômes de la maladie y sont les mêmes. Nous avons entre autres visité à vélo la partie est de Buffalo, où près de 80% des habitations ont été démolies, où celles qui restent encore debout se tiennent au milieu de prairies de fleurs sauvages, et où la densité de population ne semble même pas suffisante pour la vente de drogues.

La vieille économie a disparu pour laisser place à une « économie de services sociaux », d’aides gouvernementales, de cartes SNAP et de vies qui ne valent guère d’être vécues. Pâté de maison après pâté de maison, nous n’avons vu aucun commerce, pas même une baraque à frites. Il semblerait donc que les quelques résidents qui vivent encore là doivent dépenser la moitié de leurs heures éveillées à se rendre au supermarché le plus proche. Il est difficile d’imaginer comment ils y parviennent. Nous n’avons vu pratiquement aucune voiture, et les bus nous ont semblés tout aussi inexistants. Bientôt, tout le monde sera parti, et un autre chapitre de l’histoire urbaine américaine aura pris fin.

C’est à l’est de la ville que se tiennent les ruines imposantes de l’entreprise de savon Larkin, un Béhémoth de briques plongé dans le silence, des arbres de paradis germant de ses parapets, et des oiseaux faisant leur nid dans les vieux ventilateurs rouillés. Les bureaux administratifs de cette société fortement paternaliste ont été imaginés par Frank Lloyd Wright, et leur construction s’est achevée en 1906. Ils ne sont restés debout que peu de temps, et ont été démolis en 1950. Le bâtiment est considéré comme la grande œuvre perdue de l’architecte. Le site est devenu un parking et n’est aujourd’hui plus qu’une étendue d’asphalte parsemée de touffes de molène.

A l’apogée de son succès il y a maintenant cent ans, Larkin offrait des bénéfices sociaux exceptionnels à ses 4.500 employés : un cabinet dentaire offrant des tarifs modérés, des chambres dédiées dans les hôpitaux locaux, une division de la librairie de la ville au sein même du bâtiment de l’entreprise, des cours du soir, des salles de gym, des clubs de sport, une caisse de crédit, des programmes d’assurance et plus encore. Les gens pouvaient prendre le tramway d’un bout à l’autre de la « ville électrique », nom qui a été donné à Buffalo en raison de sa proximité avec l’énergie hydroélectrique des chutes du Niagara.

Il y a cent ans, Buffalo était regardée comme la ville du futur. Son électrification en a fait la Sillicon Valley de son temps. Elle faisait partie des dix premières villes des Etats-Unis en termes de population et de prospérité. Son industrie sidérurgique arrivait juste derrière celle de Pittsburg, et son industrie automobile a été pendant un moment juste derrière celle de Détroit. Aujourd’hui, plus personne ne semble savoir ce que Buffalo pourrait devenir, si tant est qu’elle puisse devenir quelque chose. La situation devrait devenir intéressante quand la matrice suburbaine qui l’entoure entrera son propre cycle de d’abandon.

Je suis convaincu que la région des Grands lacs finira par être au centre de l’économie de l’Amérique du Nord quand les hallucinations d’un globalisme alimenté par le pétrole commenceront à se dissiper. Les villes comme Buffalo, Cleveland et Detroit renaîtront de leurs cendres, mais pas à l’échelle du XXe siècle. Lors de notre balade à vélo, j’ai passé quelque temps à discuter avec femme qui passe une grande partie de son temps libre à photographier les ruines industrielles. Elle m’a dit être persuadée que le monde ne verra jamais plus quoi que ce soit de semblable avec ce siècle et ses artéfacts. Je suis d’accord avec elle. Nous ne pouvons pas ignorer la particularité extraordinaire du siècle dernier, ni le fait qu’il a disparu pour toujours.

Aujourd’hui, lorsque les gens utilisent les termes « post-industriel », ils ne les pensent pas vraiment et, chose plus mystérieuse encore, ne savent pas qu’ils ne les pensent pas. Ils s’attendent à ce qu’une industrie complexe et organisée soit toujours présente, bien que sous une forme nouvelle. Ils pensent presque sans exception que nous pourrons conserver notre modernité en allant plus loin et en avançant dans un nirvana de réalité imprimée par ordinateur. Je doute fort que nous puissions maintenir la complexe chaine d’approvisionnement de ressources matérielles qui rend possibles ces opérations – même si nous aurons toujours la capacité d’obtenir de l’électricité des Chutes du Niagara.

Dans mon prochain livre intitulé A History of the Future (troisième partie de ma série World Made By Hand), deux de mes personnages se rendent à Buffalo vingt ans dans le futur. Ils y trouvent une ville au dos tourné aux monuments abandonnés de l’ère industrielle. Toute l’action se passe autour du lac Erie, où les activités commerciales sont établies grâce à des navires à voile, comme au XVIIe siècle, mais à l’américaine. Je serais surpris si mille citoyens instruits de ce pays (y compris les Nouveaux urbanistes) prenaient mon livre au sérieux. Mais pensez-vous que les directeurs de sociétés telles que Larkin auraient pu imaginer en 1915 la désolation de Buffalo seulement 99 ans plus tard ?


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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé et une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde reviendra à un modèle décentralisé et local.
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Il s'agit pour l'instant d'un cycle, la désolation d'un endroit fait place à l'essor fulgurant d'un autre. Les USA perdent leur industrie au profit de la Chine (GM ne devrait pas tarder à tomber, avec ses 16 millions de rappels en un an, alors que sa production reste sous les 10 millions).

Le problème est que la Chine commence à perdre au profit d'autres pays, et surtout qu'elle repose sur une bulle géante qui ne demande qu'à éclater.

Pendant ce temps, l'Europe va mal... un petit article du Financial Times, bien discret, relate le licenciement de 200 employés d'une société fabricant des lentilles de contact en Irlande, et considère que cette perte d'emploi serait le symptôme d'un mal bien plus grave : l'Irlande n'aurait tout simplement pas récupéré son économie, certainement pas autant que le clament ses dirigeants et ceux de l'UE.

Le système ne peut que s'effondrer car aucun nouvel essor viable ne viendra prendre la relève des chutes actuelles et à venir. Même le peuple commence à voir les failles dans son divertissement abrutissant.. (corruption dans le foot... suffit de se rendre compte qu'en 2014 la coupe du monde "expérimente" l'arbitrage vidéo alors qu'il fait ses preuves en Rugby depuis bien longtemps... faut dire que l'arbitrage classique permettait bien mieux de truquer les matchs, comme celui d'ouverture entre le Brésil et la Croatie. La victoire du Brésil était tout simplement cruciale pour maintenir un semblant d'équilibre dans ce pays).
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Il s'agit pour l'instant d'un cycle, la désolation d'un endroit fait place à l'essor fulgurant d'un autre. Les USA perdent leur industrie au profit de la Chine (GM ne devrait pas tarder à tomber, avec ses 16 millions de rappels en un an, alors que sa pro  Lire la suite
RalphZ - 16/06/2014 à 08:25 GMT
Note :  3  0
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