La plupart des gens ayant des connaissances basiques en
économie savent que l’augmentation de la masse monétaire
entraîne inévitablement une diminution du pouvoir d’achat.
Cependant, leurs connaissances s’arrêtent là, ce qui
explique pourquoi l’inflation monétaire ne semble pas être
particulièrement impopulaire, du moins jusqu’à ce que le
coût de la vie n’augmente significativement. L’inflation
monétaire serait bien plus impopulaire si ses autres effets
étaient plus largement compris. Voici donc une liste des effets de
l’inflation :
1. Une
hausse de l’écart entre les riches et les pauvres. Par exemple,
l’inflation monétaire est probablement largement responsable du
fait que le pourcentage de richesse nationale représenté par
les revenus du pourcent de personnes les plus riches des Etats-Unis soit
passé de 9 à 25% depuis 1980. L’inflation fonctionne de
cette manière puisque les prix des actifs sont
généralement plus réactifs que le prix du travail
à l’augmentation de la masse monétaire, et parce que plus
vous êtes riches, plus vous êtes en position de vous
protéger contre l’augmentation des prix.
2. Les
expansions débouchent sur un progrès économique
inférieur à la normale du fait des quantités de monnaie
ayant été consommées au cours du boom.
3. Une
réduction de la compétitivité du domaine industriel dans
les économies ayant les taux d’inflation les plus
élevés du fait de l’augmentation du coût du
matériel et des signes de distorsion de prix. Les signes de distorsion
de prix causés par l’inflation monétaire sont très
importants, dans la mesure où ils indiquent au marché ce
qu’il doit produire, et en quelles quantités, ainsi que ce sur
quoi investir, ce qui pourrait déboucher sur des quantités
astronomiques de mauvais investissements si ces signaux
s’avéraient trompeurs. Il me paraît approprié de
mettre ici en relief les performances des secteurs industriels Allemands et
Américains au cours de cette dernière décennie.
L’Allemagne est bien loin d’être un bastion de
liberté économique (son économie est
tempérée par une ribambelle de régulations), et le
coût du travail y est élevé. Cependant,
l’économie Allemande a largement dépassé celle des
Etats-Unis au cours de ces dix dernières années. Le seul
avantage que l’Allemagne semble avoir est l’absence d’un
boom alimenté par l’inflation. Et, me direz-vous, quel
avantage !
4. Une
hausse du taux de chômage (un éventuel effet des mauvais
investissements précités).
5. Une
baisse des salaires au cours de ce cycle économique. Même durant
la phase de boom, les salaires ne semblent pas répondre à la
création monétaire. Au cours de la phase de
dégringolade, le taux de chômage élevé (ou
l’excès de force de travail) pousse les salaires à
augmenter moins rapidement que les autres prix par rapport à
l’inflation.
Notez que bien qu’un salaire réel moins
élevé compensera momentanément le déclin de
compétitivité industrielle résultant des signes de
distorsion de prix, il ne débouchera pas sur un avantage net en termes
de compétitivité. Il devrait paraître évident
qu’une économie ne puisse jamais tirer un avantage net de
compétitivité d’un phénomène qui ne
représente rien de plus en soi qu’une contrefaçon
à grande échelle.
6. Plus
de spéculation, et moins d’épargne. Plus
l’inflation monétaire est élevée, moins il semble
sensé d’épargner de manière traditionnelle, et plus
il semble sensé de spéculer. C’est là une
situation problématique pour deux raisons. Premièrement,
l’épargne représente le fondement même du
progrès économique sur le long terme. Deuxièmement, la
plus grande majorité des gens n’est pas adepte de la spéculation
financière et est amenée à prendre des risques qu’elle
ne sait pas gérer.
7. Des
bilans affaiblis, puisqu’au cours des phases initiales
d’inflation monétaire – celles qui apparaissent avant
même que le coût de la vie n’augmente --, les gens sont
généralement récompensés pour choisir la voie de
l’endettement.
8. Une
crise financière. Un mauvais investissement rampant, une
spéculation sous-jacente, et l’augmentation de la dette sont les
ingrédients clés d’une crise financière telle que
celle à laquelle nous avons pu assister entre 2007 et 2009.
Les points développés ci-dessus ne sont que
des exemples de ce qu’il se produit généralement lorsque
les banquiers centraux tentent de ‘venir en aide’ à
l’économie en y injectant de la monnaie.
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