Une étape importante
vers l’interdiction des
paris sur les fluctuations de prix a eu lieu aujourd’hui
(au plan symbolique s’entend !). Un ensemble imposant
d’organisations ont adressé une lettre commune à la Commodity Futures Trading
Commission (CFTC), le régulateur américain des
marchés à terme de matières premières, qui
appelait le public à commenter des mesures envisagées.
La
lettre se trouve ici. J’en ai traduit quelques passages importants
:
« Pour assurer le bon
fonctionnement des marchés des matières premières et
pour éviter les bulles dans le prix des matières
premières alimentaires et de l’énergie, telles celles qui
se sont développées en 2008, nous voudrions insister sur les
points suivants touchant au processus de mise en application :
1) A minima, les règles
proposées touchant à des limites (en volume) des positions
devraient être pleinement appliquées. Nous pensons que ces
mesures régleront la question des manipulations mais non celle de la
spéculation excessive. Pour réduire la spéculation
excessive, nous encourageons la Commission à envisager en sus des
limites globales visant spécifiquement la spéculation.
2) D’éventuelles
exemptions aux limites sur les positions ou aux règles sur la
transparence doivent être réservées aux entreprises qui
traitent véritablement des matières premières physiques
et recourent aux marchés de matières premières pour
couvrir un risque commercial. Les banques, les fonds d’investissement
spéculatifs, les fonds de retraite ainsi que les institutions qui
offrent des indices de matières premières, les exchange-traded
funds (ETF) ou exchange-traded
notes ne doivent pas bénéficier d’exemptions.
3) Nous sommes particulièrement
concernés par l’effet d’investissements passifs comme les
indices de matières premières, les exchange-traded funds (ETF) et les exchange-traded
notes. Nous encourageons le Commission à envisager pour ceux-ci des
restrictions supplémentaires ou l’interdiction pure et simple de
ces instruments sur les marchés des matières premières.
»
À propos des doutes
régulièrement émis par les spéculateurs
eux-mêmes quant à la nocivité de leurs pratiques, la
lettre cite le rapport de juin 2009 du Sous-comité
permanent d’Investigations américain :
« Pratiquement tous les
opérateurs (traders) et les analystes contactés par le
Sous-comité ont déclaré que la présence massive
des opérateurs (traders) d’indices de matières premières
sur le marché de Chicago était le principal facteur ayant
contribué aux problèmes de prix sur le marché du
blé ».
Si le titre de mon billet vous
paraît toujours mystérieux, consultez la liste des signataires
de la lettre.
Paul Jorion
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