Dans cet article du 9 octobre (source), Stephen Leeb explique pourquoi la hausse à venir
des prix de l’argent métal sera motivée par des facteurs différents de ceux
de l’or :
« On qualifie souvent l’argent métal de petit frère de l’or. (…) J’ai
déjà expliqué pourquoi j’estime que l’or est à l’aube d’un grand marché
haussier, de quelque chose d’unique dans l’histoire. (…) Je pense qu’il en va
de même pour l’argent métal, qui va vivre son propre marché haussier, mais
pour des raisons indépendantes.
La hausse du prix de l’or reflétera son futur rôle monétaire, sa place
dans le commerce international, principalement en Orient. L’argent est lui
aussi un métal monétaire, et de ce fait suivra jusqu’à un certain point les
évolutions du cours de l’or. Mais il ne s’agit que de l’une des raisons qui
alimenteront la hausse spectaculaire à venir. Cette raison, aussi
significative, si ce n’est plus, est l’augmentation importante de la
demande d’argent pour ses applications industrielles cruciales, qui va
fortement se développer dans les années à venir.
Bien sûr, si l’offre d’argent était suffisamment abondante, la demande
pourrait fortement augmenter sans que cela ait un impact significatif sur le
cours de l’argent. Mais ce n’est pas le cas. En fait, cela fait plusieurs
décennies que la demande d’argent dépasse régulièrement la production
annuelle. Lorsque Warren Buffett s’est mis à accumuler de l’argent métal dans
les années 80, c’était simplement sur base du fait que la demande dépassait
l’offre.
L’offre d’argent en déficit pendant 10 années consécutives
D’après les recherches de l’équipe métaux précieux de Thomson Reuters
(GFMS), 2016 fut la 10e année consécutive de demande supérieure à la
production d’argent. La demande d’argent métal provient de 2 grandes
sources :
- la demande industrielle, qui consomme 55 % de la
production annuelle ;
- la demande non-industrielle (pièces et lingots,
argenterie, bijoux) qui consomme 45 % ou plus de l’offre.
On peut se demander pourquoi, si la demande est constamment plus élevée
que l’offre, les cours de l’argent n’ont pas déjà décollé. Cela s’explique
par le fait que la demande d’argent à des fins d’investissement a constitué
des stocks que GFMS qualifie de « stocks à la surface ». Ces
lingots et ces pièces d’argent sont donc disponibles pour satisfaire une
partie de la demande industrielle. (…)
Certains coffres contiennent de grandes quantités d’argent en lingots de
poids important. On estime que 1,5 milliard d’onces d’argent sont ainsi
stockées à travers le monde, dont 1 milliard d’onces en Chine, ce qui
correspond environ à l’offre annuelle.
En revanche, d’après GFMS, seulement 650 millions d’onces étaient détenues
par les ETF à la fin 2016, tandis que les bourses telles que le Shanghai Gold
Exchange n’en possédaient que 250 millions d’onces. De façon quelque peu
bizarre, GFMS a aussi passé pas mal de temps à déterminer la quantité
négligeable d’argent métal qui se trouve dans les coffres des gouvernements,
estimée à 90 millions d’onces. (…)
Ross Beaty, la Chine et la pénurie à venir d’argent
Mais si les apports d’argent stocké en surface ont été suffisants
pour éviter la pénurie, cela va changer alors que la demande industrielle
augmente, ce qui sera le cas. L’argent métal, par exemple, est critique pour
le secteur de l’énergie solaire, en particulier les panneaux photovoltaïques.
Récemment, Ross Beaty, PDG de Pan American Silver, a déclaré que la demande
d’argent pour la production de cellules photovoltaïques en 2017 atteindra
environ 100 millions d’onces, soit 10 % de la demande mondiale. Cela fait des
années que j’affirme que rien que la demande en provenance de l’énergie
solaire sera suffisante pour créer des pénuries, mais vous devez bien
comprendre que le photovoltaïque n’est que l’un des éléments de la demande
industrielle explosive à venir pour l’argent métal.
L’argent dispose de nombreuses propriétés inégalées, notamment en tant que
conducteur électrique et thermique. Ces propriétés en font un composant
essentiel du photovoltaïque, mais aussi de tout ce qui tourne autour de
l’informatique. (…)
La Chine est un vecteur de croissance de ce marché. La technologie de
l’information y connaît une croissance 2 fois supérieure à la croissance
globale. Les secteurs qui porteront l’argent incluent l’intelligence
artificielle, la chaîne de blocs, le secteur automobile, la construction de
mégapoles de 50 millions d’habitants ou plus, etc.
Même si la Chine possède 1 milliard d’onces d’argent métal, ce stock ne
durera pas longtemps en vertu de la demande future. Ne perdez pas de vue que
la Chine a une vision à long terme, elle échafaude ses plans sur 20 ans,
voire plus. Et tandis que la demande industrielle d’argent métal sera bien
plus importante dans les 10 à 15 années à venir, bien supérieure à la
production (qui, si elle n’a pas atteint son pic, en est très proche), la
Chine va sans aucun doute prendre la décision d’accumuler davantage de métal
dans ses coffres.
L’argent métal à 100 $ l’once
Cela signifie que la Chine, qui stocke des ressources comme du pétrole et
des terres rares, soit tous les éléments qu’elle considère critiques pour son
économie, devrait décider, peut-être à l’occasion de la grande réunion de son
gouvernement qui aura lieu dans les semaines à venir, de stocker davantage
d’argent métal. Il s’agira d’une source supplémentaire de demande qui,
couplée à celle du secteur industriel, devrait avoir des effets explosifs sur
le cours de l’argent dans un avenir proche.
Conclusion : indépendamment de ce qui se passera avec
l’or, l’argent métal va connaître un marché haussier qui lui est propre. Les
propriétaires d’argent se féliciteront dans les années à venir d’avoir
investi dans ce métal. Auparavant, j’avais fixé un objectif de 100 $ l’once
pour l’argent. Aujourd’hui, j’estime que d’ici 2020, cet objectif de 100 $
semble très prudent.