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Cours Or & Argent

Les ratés de la machine à désendetter

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Publié le 19 octobre 2012
939 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Deux conceptions opposées d’une même stratégie sont maintenant sur le tapis : appuyé par Angela Merkel, Wolfgang Schäuble a exprimé l’une, François Hollande l’autre. Il sera beaucoup glosé sur ce qui les oppose et sur leur capacité à les rapprocher, alors qu’elles divergent très fortement. Elles ont cependant en commun de reposer toutes deux sur des diagnostics erronés qui les condamnent par avance : ce ne sont ni l’indiscipline budgétaire, façon Merkel, ni le déséquilibre interne à la zone euro, façon Hollande, qui sont principalement à la source de la crise européenne de la dette. Ce qui d’ailleurs serait une bonne nouvelle pour les dirigeants américains et japonais, les soulageant de leurs petits problèmes domestiques.


A s’obstiner à n’avoir de celle-ci qu’une vision européo-centriste, les dirigeants européens l’observent par le petit bout de la lorgnette et les politiques qu’ils préconisent butent immanquablement sur deux obstacles : une récession qui diminue les recettes fiscales pour les uns, l’absence de relance qui ne les accroît pas pour l’autre. Dans les deux cas, le désendettement en ressort compromis, sans compter son poids social qui s’alourdit immanquablement, au fur et à mesure que de nouveaux efforts sont exigés.


François Hollande, à la recherche d’une impossible synthèse, vient de se donner comme objectif de « porter ce compromis entre le désendettement et la croissance afin de changer la perspective », phrase qui n’a comme seul défaut de ne pas l’identifier, bien à la manière de Christine Lagarde, qui prône de lever le pied dans les conférences et dont les collaborateurs font le contraire sur le terrain, au Portugal aujourd’hui même ! Le président de la République est en réalité sur une pente glissante qui le conduit de plus en plus sur le terrain choisi par son partenaire allemand. Il en est à réclamer l’application des décisions du précédent sommet de juin !


Le débat franco-allemand pourrait être présenté comme l’affrontement de deux conceptions du renforcement de l’Europe, l’un accordant la priorité à la définition des objectifs et l’autre à l’application d’une méthode (on se croirait en première année de Sciences Po !), mais il repose en réalité sur une stratégie de désendettement qui n’a pas fait – c’est le moins que l’on puisse dire – toutes ses preuves ! Croire qu’elle rebondira par une intégration accrue de l’Europe, c’est faire preuve, au choix, d’obstination ou d’aveuglement. Les deux ne sont pas incompatibles.


Comme si les divergences n’étaient pas assez établies, deux événements viennent encore de les accentuer. D’après la presse allemande, le gouvernement de Berlin voudrait que ne soit versée à la Grèce, de l’aide consentie dans le cadre de son plan de sauvetage, que la part permettant de rembourser la dette publique et ses intérêts aux créanciers (les banques allemandes entre autres), à charge pour le gouvernement grec de lever des impôts pour financer ses autres dépenses. Berlin s’interrogerait sur la généralisation de cette méthode aux autres pays ; comme garrot, on ne fait pas mieux.


Cela pour la partie « dette publique » du désendettement. Pour la partie « dette privée », les juristes sollicités à propos du futur dispositif de surveillance des banques par la BCE – le premier stade de l’union bancaire – ont rendu leur avis. Il en ressort qu’un changement de traité serait nécessaire si le projet devait être poursuivi. Cette union bancaire, clé du dispositif permettant de contrôler et maitriser le désendettement des banques, est décidément mal partie, au grand soulagement de ceux qui ne veulent pas que l’on puisse glisser un œil dans leur pré carré, les autorités allemandes et britanniques au premier chef (les banques françaises satisfaites de leur laisser faire le boulot).


« Sur la sortie de crise de la zone euro, nous en sommes près, tout près » a pourtant déclaré François Hollande. Sans doute a-t-il voulu exprimer sa satisfaction en constatant que les gouvernements espagnol, grec et portugais venaient bon gré mal gré à résipiscence et que le chapitre allait être clos. C’est vite tirer un trait sur les conséquences sociales qui vont en découler et croire que cela fera solde de tout compte.


A la question qui lui a été posée lors de son interview à la presse européenne – comment ramener la croissance ? – François Hollande a répondu en s’appuyant sur deux leviers. Le retour à « la confiance », qui résultera de la sortie de crise de la zone euro qu’il pressent, lorsque « les pays bien gérés » pourront financer leur dette à « des taux raisonnables » grâce aux interventions du MES et de la BCE, l’application de ce qu’il présente comme un « pacte de croissance », auquel il rajoute le produit de la future taxe sur les transactions financières et les crédits structurels de la Commission pour arrondir les 120 milliards d’euros qui n’existent pour l’instant que sur le papier. Au mieux, cela constitue une position d’attente, mais à quoi ?


« L’austérité n’est pas une fatalité », proclame-t-il, elle est simplement une réalité destinée à durer, fabriquée par une machine à désendetter qui n’est pas bien réglée.


Billet rédigé par François Leclerc


Son livre, FUKUSHIMA, LA FATALITÉ NUCLÉAIRE vient de paraître aux éditions « Osez la République sociale ! » [148 pages - 11 euros.] Vente en ligne ici


Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.


 

 

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