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Dans votre article « Cinq attitudes
libertariennes essentielles », vous attribuez aux libertariens
d’être: indépendants, optimistes, individualistes,
conscients de l’avenir et tolérants. Que répondez-vous
à ceux qui parlent d’une conscience collective et de
progrès social comme étant le produit d’efforts
collectifs?
D’un point de
vue scientifique, il est illogique de parler de « conscience
collective ». Les collectivités ne
réfléchissent pas, n’ont pas de conscience, de
volonté, ni aucun autre attribut qui pourraient en faire des
entités autonomes. Seuls les individus possèdent ces attributs.
Selon moi, il s’agit d’un concept non seulement faux, mais qui
découle d’une vision mystique, quasi religieuse de la
collectivité.
En sociologie, il y a cent ans, il y
avait deux courants méthodologiques. L’un,
représenté par Émile Durkheim, soutenait que la
société existait en soi et qu’il existait une telle chose
que la conscience collective. L’autre, représenté par
Gabriel de Tarde, partait de l’idée que tout
phénomène social devait être expliqué par des
actions et des pensées individuelles, et résultait de
l’interaction entre les individus. C’est Durkheim qui a fini par
s’imposer dans la sociologie française, et Tarde est
aujourd’hui malheureusement complètement oublié.
Mais tout comme le
marxisme, le nationalisme, le féminisme radical, et toutes les
idéologies qui se fondent sur des identités collectives
mythifiées, la sociologie durkheimienne n’a rien de
scientifique. Il est complètement absurde de parler de la
société et de phénomènes sociaux en faisant
abstraction des individus qui la composent. Seul l’individualisme
méthodologique permet une explication rationnelle de ces
phénomènes.
On peut parler
d’« efforts collectifs » si on
réfère aux efforts entrepris par des individus qui collaborent
entre eux pour atteindre un objectif commun, tout en cherchant à
avancer leur intérêt individuel. La civilisation (et donc le
progrès social) est fondée sur les échanges et la
coopération volontaire entre les individus, et les libertariens
n’ont aucun problème avec ça. Ils ne font pas la
promotion de l’égoïsme et du chacun-pour-soi, mais bien de
la liberté. La différence fondamentale avec les partisans des
idéologies collectivistes est que lorsqu’eux parlent
d’efforts collectifs, ils comprennent les efforts entrepris sous
l’effet de la coercition de l’État, ou dans le but
d’atteindre des objectifs collectivistes qui s’imposeront
à tous. Dans ce cas, il n’y a pas de progrès social selon
les libertariens, mais plutôt l’imposition des
intérêts de certains aux autres. Tous ce qui est
réalisé avec des fonds publics –
c’est-à-dire avec de l’argent enlevé de force aux
individus – entre dans cette dernière catégorie.
Vous mentionnez dans votre article « Les libertariens sont-ils
à droite? » que les libertariens sont ni à droite, ni
à gauche. Or, très souvent, les libertariens sont
associés avec le conservatisme ou une politique de droite. Pensez-vous
que les gens ont tort de faire cette association? Est-ce que les libertariens
ont tort de s’allier à la droite?
Les gens n’ont
pas tort de faire cette association, puisque depuis quelques
décennies, les libertariens ont en effet eu plus tendance à
collaborer avec des conservateurs qu’avec des socialistes. Les gens de
droite semblent mieux comprendre et apprécier les vertus du libre
marché, alors que les gens de gauche le combattent et souhaitent
toujours plus d’intervention étatique.
Mais les libertariens
ont aussi beaucoup d’affinités avec les gens de gauche. Ils
défendant par exemple la légalisation totale des drogues, de la
prostitution, et la liberté de faire ce qu’on veut avec son
corps, à partir de la notion de base de
« propriété de soi ». Si on ne fait de
mal à personne, on devrait faire ce qu’on veut, c’est
aussi simple que cela. Les conservateurs ont au contraire tendance à
vouloir imposer leurs valeurs morales à tous.
D’un autre
côté, le puritanisme et l’intolérance ne se
retrouvent pas uniquement à droite. Les gauchistes de nos jours mettent
de l’avant plusieurs valeurs « politiquement
correctes » qu’ils cherchent eux aussi à imposer
à tous en se servant de l’État. Et les conservateurs,
même s’ils défendent en théorie plus de libre
marché, sont souvent aussi interventionnistes que les gouvernements de
gauche lorsqu’ils sont au pouvoir. George W. Bush a par exemple fait
croître considérablement l’État
fédéral américain – et pas seulement à
cause des dépenses militaires – alors que sous Clinton, il avait
un peu diminué en termes relatifs.
Bref, les libertariens
ont certaines choses en commun, et beaucoup de positions divergentes, autant
avec la droite qu’avec la gauche. Pour des raisons stratégiques,
ils ont plutôt tendance à s’allier avec des conservateurs
en ce moment, et je crois que cela est inévitable. Mais à plus
long terme, je pense qu’il faudra développer une plus grande
autonomie comme mouvement et prendre nos distances avec toutes les tendances
étatistes. Cela sera probablement plus facile à réaliser
si nous devenons un courant philosophique et politique majeur.
Pourquoi croyez-vous qu’il n’existe pas de parti politique
représentatif de la position libertarienne au Canada?
En fait, il en existe
un, le Parti libertarien
du Canada. Mais il est minuscule, désorganisé, et ne compte
qu’une poignée de militants. Cela est dû en partie au fait
que les libertariens qui veulent s’impliquer en politique ont justement
eu tendance à se joindre à des partis de droite plus influents,
le Parti réformiste, l’Alliance canadienne ou le Parti
conservateur par exemple. On peut au moins avoir une influence sur la
politique canadienne en joignant ces partis, même en étant une
faction parmi d’autres.
Une autre raison est
qu’il est extrêmement difficile de faire de la politique, dans un
système démocratique, sans faire des promesses à tout un
chacun. Les partis qui ont du succès sont ceux qui réussissent
à « acheter », de façon crédible,
des « clientèles électorales », en leur
promettant des subventions, des privilèges, des programmes, des
protections, des transferts, etc. Comme les libertariens s’opposent
à tout cela, parce qu’ils croient en un État minimal qui
ne redistribue rien et qui offre la même liberté et les
mêmes droits pour tous, ils ne sont pas très compétitifs
dans le jeu électoral. Ou bien ils tiennent un discours qui
apparaît négatif parce qu’il vise uniquement à
démanteler l’État, ou bien ils font des compromis et
alors ils contredisent leur philosophie. Même aux États-Unis, le
Parti libertarien est le 3e parti en importance mais ne recueille que 2 ou 3%
des voix.
Vous dites dans « La démocratie,
c’est le socialisme »: « Ce qu’il nous faut,
c’est plus d’entrepreneurs libertariens, pas plus de politiciens
libertariens. » Faut-il entendre par ce propos qu’une
société ne change pas vraiment par le biais de la politique?
Dans un régime
démocratique, les politiciens doivent répondre aux demandes des
électeurs s’ils veulent être populaires et se faire
élire. La meilleure stratégie est de faire des promesses
à des groupes d’intérêt qui sont bien
organisés et qui se font entendre (les syndicats, les grosses
entreprises, les lobbys divers), et de faire payer la note par la masse des
contribuables qui n’est représentée par aucun groupe de
pression. Cela engendre une tendance à la croissance de
l’État, comme on l’a vu tout au long du 20e siècle.
S’opposer
à cette tendance et à cette dynamique démocratique
n’est possible que si l’opinion publique est prête à
l’accepter. Si les idées libertariennes étaient bien
comprises et largement répandues au sein de la population, si des groupes
de pression défendant les contribuables étaient influents, il
serait plus facile pour un politicien de défendre ces idées et
de connaître le succès. Il faut changer la nature des
débats, influencer le « climat
d’opinion », avant que les politiciens puissent changer leur
discours.
Voilà pourquoi
avant de penser faire de la politique, il faut faire comprendre aux
élites, puis à la population en général, que
l’étatisme est néfaste alors que la liberté est le
fondement de la prospérité et de la civilisation. Il faut plus
de journalistes, de penseurs, de professeurs, de commentateurs,
d’artistes, d’avocats, de gens dans tous les milieux pour
défendre ces idées.
Les socialistes font
leur propagande dans les médias et les milieux académiques
depuis 150 ans, et ils ont bien réussi à imposer leurs idées
un peu partout. Les libertariens doivent faire la même chose
s’ils veulent réussir à influencer la politique à
plus long terme. Ils doivent créer des publications, des think
tanks. Je pense que c’est rapidement en train de se produire. La
tournure des débats a beaucoup changé par exemple au
Québec au cours des dernières années. Plus les
idées libertariennes seront influentes, plus les politiciens pourront
se permettre de les défendre et de les mettre en oeuvre, sans risquer
d’être trop impopulaires.
Si ce n’est un parti politique qui changera le système
actuel, selon vous, comment arriverons-nous à une
société libertarienne?
Comme je viens de le
mentionner, il faut d’abord faire un travail d’éducation
auprès du public et des décideurs et faire avancer ces
idées dans tous les domaines. Ce n’est pas nécessairement
un parti libertarien qui changera le système actuel, mais sous la
pression de l’opinion publique, n’importe quel parti pourrait
adopter des mesures visant à réduire le rôle de
l’État. Dans certains pays comme la Nouvelle-Zélande ou
les Pays-Bas, des partis sociaux-démocrates ont fait des
réformes bien plus ambitieuses que celles de partis conservateurs ou
libéraux ailleurs.
À plus long
terme, je pense que c’est l’évolution économique et
technologique qui fera la différence et nous rapprochera d’une
société libertarienne. Internet est ainsi en train de
créer un monde où le contrôle de l’information
devient pratiquement impossible, alors qu’il y a à peine
quelques décennies, un gouvernement pouvait museler tous les
médias sur son territoire en empêchant à sa population
d’avoir accès à d’autres sources.
L’avancement des moyens de transport et de la technologie médicale
aura un impact similaire. Lorsqu’on pourra facilement, rapidement et
à un coût raisonnable aller se faire soigner dans un autre pays
(le « tourisme médical » est un
phénomène qui a déjà fait son apparition), le
monopole public sur la santé ne pourra plus être maintenu. Il
s’effondrera devant la concurrence étrangère, qui
était impossible jusqu’à récemment à cause
des coûts et des difficultés que cela pose. Et que dire
d’avoir accès, par des réseaux de communication
ultrasophistiqués, à n’importe quel service
d’éducation dans le monde? Nos écoles et
universités publiques ne pourront plus maintenir leur monopole non
plus.
La mondialisation met les produits
et services du monde entier de plus en plus à notre portée. Je
pense que nous allons rapidement vers un monde où le choix ira en
augmentant, et où il sera de plus en plus difficile pour les
États de contrôler leur population comme ils pouvaient le faire
auparavant. À moins de se mettre à l’écart de
l’économie mondiale et d’accepter de devenir une société
pauvre et arriérée, aucun pays ne pourra éviter ces
changements. Graduellement, les États vont devenir de moins en moins
importants et pertinents dans la vie des gens, un marché global
répondra à la plupart de leurs besoins. C’est ainsi je
pense que nous nous rapprocherons de plus en plus d’une
société libertarienne. Le processus est déjà bien
enclenché, et à moins d’une catastrophe
épouvantable à l’échelle mondiale, je ne vois pas
ce qui pourra l’arrêter.
Vous avez déjà été favorable au Parti
réformiste, maintenant fusionné dans le Parti conservateur du
Canada. Est-ce que vous les appuyez toujours?
Le parcours de Stephen
Harper illustre bien la difficulté de défendre des
idées libertariennes en politique. Alors qu’il partageait en
grande partie les idées libertariennes quand il était
député réformiste, puis ensuite quand il a quitté
la politique, il est devenu un politicien opportuniste plus ou moins comme
les autres depuis qu’il est revenu en politique. Il défend par
ailleurs une politique étrangère militariste et
interventionniste (en Afghanistan) qui n’a rien de libertarien.
Je n’appuie pas
le Parti conservateur et je n’ai pas voté aux élections
de janvier 2006. Je n’ai pas beaucoup d’illusion que ce
gouvernement fera quoi que ce soit de significatif pour réduire la
taille de l’État. Par contre, je connais des libertariens au
sein de ce parti, y compris dans le gouvernement, et j’espère
qu’ils pourront mettre de l’avant des réformes visant
à réduire le rôle de l’État, même de
façon partielle dans un ou deux ministères. Toute
réforme qui va dans ce sens est utile.
Dans votre article « La démocratie,
c’est le socialisme », vous dénoncez la
démocratie actuelle qui selon vous favorise le socialisme et
confère trop de pouvoir à l’État. Selon vous, quel
genre de démocratie serait acceptable et quel rôle devrait jouer
l’État?
Le seul type de
démocratie qui est acceptable est celui qui se pratique à une
petite échelle, dans des communautés auxquelles les individus
acceptent de s’intégrer et de participer de façon
volontaire et qu’ils ont toujours le choix de quitter. La
démocratie devient alors un moyen comme un autre de gérer ce
qui doit l’être collectivement. Le rôle de
l’« État », si on peut parler
d’État (ou d’une administration à petite
échelle dans ce cas) est alors un reflet plus représentatif de
la volonté de la majorité des participants. Ceux qui
n’acceptent plus les règles du jeu peuvent toujours quitter la
communauté et aller vivre ailleurs, dans celle d’à
côté peut-être. Ou même, si on part de
l’idée que les communautés n’ont pas
nécessairement une base territoriale continue, continuer
d’habiter au même endroit tout en adhérant à une
autre association, comme on change de compagnie d’assurance par
exemple.
Plus la
communauté en question est large, moins ce principe tient. Dans le
contexte politique actuel, on peut changer de ville, mais ce n’est pas
là que se prennent les principales décisions politiques.
Beaucoup de gens déménagent d’une province à
l’autre parce qu’ils préfèrent aller vivre dans un
endroit où les impôts sont moins élevés ou bien
où il est plus facile de se lancer en affaires. C’est mieux que
si le Canada était un pays unitaire, mais tout de même,
déménager dans une autre province est un gros changement. Au
niveau du pays en entier, les décisions prises de façon
démocratique s’appliquent à tout le monde sans
qu’on ait le choix de les accepter ou non, à moins
d’être prêt à changer complètement de vie en
allant dans un autre pays.
Plus le pouvoir
étatique est décentralisé, plus il se rapproche du
citoyen, et plus on a de chance que ses décisions reflètent la
volonté d’une très grande majorité, sinon de la
totalité, des membres d’une communauté. Pour les
libertariens, l’idéal serait donc d’avoir une multitude de
petites communautés, ou peut-être de pouvoir adhérer
simplement à différents services publics exactement comme on
achète des services privés, de façon volontaire et en ayant
le choix entre différentes options. Dans un tel contexte, la nature
coercitive de l’État, même démocratique, serait
réduite à sa plus simple expression, et peut-être
même entièrement éliminée.
Vous êtes contre la discrimination dite « positive », et
les droits collectifs. Que répondez-vous à ceux et celles qui
considèrent les droits collectifs comme étant le seul moyen de
faire changer les attitudes (souvent négatives) des gens envers des
groupes de personnes traditionnellement défavorisées? Par exemple,
ne croyez-vous pas que cela fut nécessaire pour promouvoir
l’égalité des sexes?
Le problème
avec l’inégalité entre les sexes n’était pas
l’attitude des gens, mais plutôt les lois. C’est
l’État qui empêchait les femmes de faire ce qu’elles
voulaient. Jusqu’à très récemment, les femmes
étaient considérées comme des mineures par la loi, et
devaient rester sous la tutelle de leur père ou de leur mari. Il est
donc étrange de dire que l’intervention de l’État
est la solution, alors que l’État était le
problème. Si l’État s’était contenté
de garantir une égalité formelle entre les hommes et les
femmes, chacun et chacune auraient été libres de vivre selon
des modèles traditionnels (ce que beaucoup d’hommes et de femmes
continuent de vouloir), mais aussi de vivre différemment sans subir de
sanction légale.
La situation est la
même pour les homosexuels, dont les actes sexuels étaient
criminalisés jusqu’à il y a à peine quelques
années encore aux États-Unis. Pourquoi se fier sur
l’État interventionniste comme s’il était la source
de la justice et de l’équité, alors qu’il est
habituellement au contraire la source de la discrimination et de
l’injustice? Aujourd’hui, ce sont les fumeurs qu’on
persécute. On interdit de fumer dans tous les bars, alors qu’un
bar est un endroit privé, propriété d’une personne
en particulier, qui devrait pouvoir inviter qui elle veut dans son commerce.
Personne n’est obligé d’y aller de toute façon. La
protection des non-fumeurs doit-elle aller jusqu’à
piétiner la liberté des commerçants et des fumeurs?
Certainement pas, mais on voit là encore l’arbitraire des lois,
comme dans le temps où les femmes, les homosexuels et d’autres
groupes étaient victimes de discrimination.
Dans une
société fondée sur le principe de
l’égalité et de la liberté de chacun (toujours
dans la mesure où il n’agresse personne), chacun peut
s’associer avec qui il veut et discriminer contre qui il veut. La
discrimination privée n’est pas un problème; si
quelqu’un ne veut pas faire affaire avec moi pour une raison ou une
autre, je peux toujours aller ailleurs. Les gens de religions et croyances
différentes ont de toute façon intérêt à
commercer et échanger, malgré leurs différences, et
l’ont toujours fait à travers l’histoire lorsque les États
ne sont pas venus créer de la bisbille. C’est la discrimination
systématique de l’État qui est un problème,
puisqu’elle s’applique à l’ensemble des relations
sociales, sans possibilité de se tourner vers une alternative. On
devrait s’assurer de l’éliminer dans tous les domaines au
lieu d’en inventer de nouvelles formes dites
« positives ».
Y a-t-il d’autres courants philosophiques qui vous
intéressent et qui vous inspirent?
Oui, l’épicurisme
dans la Grèce antique. C’est une philosophie qui vise
l’atteinte de la tranquillité d’esprit (et pas la
jouissance effrénée, comme on le croit souvent à tort)
dans un monde rationnel que l’on cherche à comprendre de la
façon la plus scientifique possible. Épicure a
popularisé la thèse atomiste, c’est-à-dire selon
laquelle tout l’univers est fait d’atomes agencés de
diverses façons. Selon lui, il n’y a pas de
réalité surnaturelle et les dieux, s’ils existent, ne se préoccupent
pas des hommes. Il explique également que l’univers et la vie
évoluent, d’une façon qui ressemble beaucoup à la
théorie darwinienne. C’est une philosophie extrêmement
moderne, encore tout à fait pertinente aujourd’hui.
Et en plus, l’épicurisme
est d’une certaine façon la première philosophie
libertarienne de l’histoire. La société juste est
fondée sur une entente de n’agresser personne et de collaborer
avec tous pour viser le bonheur. L’État ne joue aucun rôle
dans le monde idéal d’Épicure. Tout revient aux
désirs et à l’action individuels.
L’épicurisme a influence de nombreux auteurs libéraux
classiques, et devrait figurer à mon avis comme l’une des
philosophies les plus importantes dans le développement de la
civilisation occidentale, même si elle est aujourd’hui
considérée comme plutôt marginale.
Quels auteurs vous ont le plus influencé? Auriez-vous des
recommandations de livres pour ceux et celles qui s’intéressent
au libertarianisme?
L’auteur qui
m’a le plus influencé est Ludwig von Mises, selon moi l’un
des penseurs les plus brillants du 20e siècle. Le libertarianisme
comprend divers courants, dont les principaux sont l’École
autrichienne (Mises, mais également Friedrich Hayek, plus connu comme
lauréat du Prix Nobel d’économie en 1974, Murray Rothbard
et plusieurs autres), l’École néo-classique (Milton
Friedman, James Buchanan, George Stigler, Gary Becker), et la philosophie
objectiviste, développée par la romancière Ayn Rand.
Tous ces courants défendent le capitalisme, la liberté
individuelle et un État minimal (ou dans certains cas inexistant),
mais leurs méthodologies, leurs stratégies et leur vision plus
générale de la société diffèrent sur
plusieurs points cruciaux.
Ma
préférence va sans l’ombre d’un doute à
l’École autrichienne, qui fonde toute son approche sur
l’action des individus et qui propose une analyse globale pertinente
pour toutes les sciences humaines, et pas seulement pour
l’économie. Tout étudiant en économie, sociologie,
histoire, science politique, psychologie ou anthropologie devrait, je pense,
lire les 200 premières pages du chef-d’oeuvre imposant de Mises,
L’action
humaine (Human Action).
Martin Masse
Le Quebecois Libre
Martin
Masse est né à Joliette en 1965. Il est diplômé de
l'Université McGill en science politique et en études
est-asiatiques. Il a lancé le cybermagazine libertarien Le Québécois Libre en
février 1998. Il a été directeur des publications
à l’Institut économique de Montréal de 2000
à 2007. Il a traduit en 2003 le best-seller international de Johan
Norberg, Plaidoyer pour la
mondialisation capitaliste, publié au Québec par
l'Institut économique de Montréal avec les Éditions
St-Martin et chez Plon en France.
Les vues présentées par l’auteur
sont les siennes et peuvent évoluer sans qu’il soit
nécessaire de faire une mise à jour. Les articles
présentés ne constituent en rien une invitation à
réaliser un quelconque investissement. L’auteur, 24hGold ainsi que
toutes parties qui leur seraient directement ou indirectement liées
peuvent, ou non, et à tout instant, investir ou vendre dans tous les
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