Devinez quoi ? Il n’y en
a pas. L’habitude de la Réserve fédérale de ne jamais réellement dévoiler ses
intentions doit être perçue comme le prétendu premier de la vie économique
aux Etats-Unis – l’idée reçue que des personnes sages puissent réellement
contrôler quoi que ce soit. Les conséquences de cette absence de lignes
directrices sont encore et toujours une mauvaise représentation des coûts,
notamment du coût de la monnaie représentée par les opérations de dette, et
donc de la valeur de tout ce à quoi peut être attribué un prix.
Les interventions de notre
banque centrale n’ont qu’un objectif primaire : compenser la contraction
de capital réel au sein d’une économie qui a remplacé ses activités pertinentes
par des études sur les Kardashian et l’art du tatouage. Les activités
économiques pertinentes génèrent des surplus qui permettent le remboursement
de la dette. L’étude des Kardashian et l’art du tatouage ne font qu’apporter
un enfermement entropique, la mort de la culture et de l’économie. C’est là
que nous en sommes. La dette nous dévore vivants, et l’habitude de la banque
centrale d’amasser de la dette pour dissimuler le fait qu’elle soit incapable
de rembourser sa dette passée commence à perdre de son énergie palliative.
Le plus gros problème des
politiques de la Fed est que la mauvaise représentation des coûts finit par
s’exprimer au travers de n’importe quelle statistique (PIB, chômage,
inflation) utilisée pour justifier d’autres interventions qui produisent des
perversions toujours plus profondes. La Fed distord des prix, ce qui entraîne
une distorsion des statistiques, ce qui pousse la Fed à mettre en place plus
de politiques qui distordent les prix. Une dynamique dangereuse. Puisque les
prix sont l’information de base pour l’économie, nous nous retrouvons dans
une situation où plus rien n’a de sens. L’antidote en est la fraude comptable
– la dissimulation de la distorsion des prix, et prétendre que tout va bien
quand ce n’est pas le cas.
Et l'enfant-modèle de ce
système est le gouvernement américain, dont les opérations sont tant saturées
de fraudes que les inspecteurs de n’importe quelle institution ou agence
pourraient tout aussi bien envoyer des spaghetti trop cuites valser contre le mur pour déterminer la réalité
conditionnelle la plus appropriée pour leurs patrons. Ce prétendu s’étend aux
plus grosses institutions financières, à l’inclusion des banques Too Big To Fail (aux coffres
emplis de détritus), des fonds de pension et des corporations dont les
structures de coûts sont tant affectées par les distorsions de prix
mentionnées plus haut qu’elles doivent avoir recours à des rachats d’actions
pour donner l’impression qu’elles se portent bien.
Ces perversions perdurent
depuis plus de cinq ans, et les gens commencent à se montrer quelque peu
nerveux face à la durée du prétendu « marché haussier ». Le marché
des actions n’a fait que grimper depuis 2009, dans un environnement
économique qui n’est pas plus que peu convaincant. Le mot « bulle »
est utilisé dans les discussions même les plus décontractées. Les évènements
tels que le plongeon du Nasdaq vendredi dernier ne font que nous rappeler à
tous les quatre cavaliers de l’Apocalypse.
S’il est une chose que nous
savons, comme l’a expliqué Herb Stein, c’est que
les choses durent jusqu’à ce qu’elles ne le puissent plus. Des soupirs de
soulagement ont pu être entendus la semaine dernière après qu’il soit devenu
clair que la réponse d’Obama et de Kerry à la crise ukrainienne ne se résume
à rien de plus qu’à un « Oh… non rien ». Je suis personnellement
soulagé que nos dirigeants aient finalement décidé de ne pas se lancer dans
une troisième guerre mondiale, à l’issue de laquelle il aurait pu ne rester
aucun historien sur Terre pour conter notre stupidité monumentale aux annales
cosmiques – sur lesquelles auraient pu méditer nos successeurs. Mais un
certain vide demeure dans cette absence d’initiative. Les vents printaniers
commencent à caresser les tendres vallées du nord de New York. Ils nous
apportent quelque chose. Peut-être une révolution ?