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Né le 21 décembre 1977, notre nouveau président Emmanuel Macron appartient, à quelques mois près, à la génération Y, c’est-à-dire les personnes nées entre 1978 et 1994. Cette génération a des caractéristiques sociologiques et comportementales qui la différencie des générations X et Z. Parmi celles qui les identifient, on peut noter que s’ils n’ont pas connu la guerre froide entre les États-Unis d’Amérique et la Russie, ils ont, dès leur naissance, été confrontés aux risques du SIDA. Depuis leur tendre enfance, ils « baignent » dans le « monde de l’informatique » et ils ont vécu les débuts de « l’écolo-mania ».
Le nuage de tags qu’illustre un billet du blog de Julien Pouget est assez bien représentatif de cette génération. On y voit que le président, dans ce qu’on connaît actuellement de lui, est bien de la génération Y.
Revenons sur la suite directe de son élection du 14 mai 2017. Le premier tour des élections législatives a eu lieu dimanche dernier. Comme annoncé par nos « grands médias », la « vague Macron » a bien eu lieu. Vous connaissez depuis longtemps ma ligne éditoriale : des faits, uniquement des faits. Voici donc, comme je l’ai fait dans mon billet du 11 juin 2017 relatif à l’élection présidentielle, les chiffres… Tous les chiffres. Même et surtout, ceux dont ni les politiques, on peut le comprendre, ni les journalistes ni les politologues et autres commentateurs – là, c’est de la sous-information, voire « du foutage de g… » – ne nous ont informés ou bien ont développés. Commençons par les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur :
Voici maintenant « les scores » des forces en présence, en prenant, comme je l’ai fait pour les élections présidentielles de mai dernier, non pas les seuls inscrits, mais la population française en capacité de voter. Autrement dit, les majeurs de 18 ans. Cette approche me semble plus complète et objective. En effet, ne doit-on pas se baser sur le corps électoral dans son ensemble ? C’est-à-dire comptabiliser les personnes qui ne se sont pas inscrites sur les listes électorales, ceux qui ne sont pas allées voter, ceux qui ont voté blanc et ceux qui ont voté nul. Ne pas s’inscrire sur les listes électorales me semble être un acte politique, au même titre que de s’abstenir ou de voter blanc ou bien nul.
Ce graphique nous montre que « le premier parti de France » est celui de « l’offre ne me convient pas » qui représente quand même 56,95 % de la population française en âge de voter. Ce n’est peut-être politiquement pas corrrrrect, mais c’est la réalité d’aujourd’hui. Il est vrai, comme le relève Olivier Berruyer, « si les Français ont voté «comme ils le souhaitaient» au 1er tour de la présidentielle, il y a un biais énorme pour les législatives, peu rappelé. Quand vous êtes électeur FN à Paris, vous allez voter au 1er tour de la Présidentielle pour votre candidate – peu importe qu’au final elle ne fasse que 10 % à Paris. Mais pour les législatives, votre vote est inutile, car il n’y a aucune chance qu’un candidat FN l’emporte à Paris : beaucoup d’électeurs FN ne vont donc pas voter, d’où la forte baisse constatée par rapport à la présidentielle. Idem pour les électeurs France Insoumise (pourquoi l’électeur FI a Neuilly va-t-il aller faire la queue ? » Voilà une analyse et un commentaire pleins de bon sens qui n’ont jammmmais été faits par les « commentateurs et politologues officiels ».
Sur la base des résultats de ce premier tour, le parlement ne « représente » QUE 43 % de la population française en âge de voter. Pour peu que le soleil soit présent, il est probable qu’au deuxième tour qui aura lieu demain, l’abstention soit encore plus importante.
Quand l’ensemble des mouvements et partis politiques n’arrivent pas à « intéresser » 57 % des personnes en capacité de voter, il faut, pour le moins, repenser notre démocratie. Quand le mouvement politique qui enregistre le meilleur score n’atteint que 12,15 %, il y a lieu à de sérieux questionnements pour notre monde politique. Même si ces chiffres sont « historiques », la tendance est continue depuis de nombreuses années. C’est peut-être ce constat qu’a fait Emmanuel Macron en créant le mouvement « En marche ! ». Ne s’affirme-t-il pas « centriste et de gauche et de droite » ?
La tâche ne sera assurément pas facile. À commencer par quelques « croche-pieds de ses amis », par exemple celui de Christian Eckert, dans le feuilleton du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, que j’ai expliqué dans mon billet du 20 mai dernier. Parfois, « le risque » vient de son propre camp. J’évoque là la « presque affaire Bayrou ». Mon propos n’est pas ici d’accuser ou de défendre qui que ce soit, mais bien de mettre des faits en perspective, de relever « d’éventuelles incohérences », puis de m’interroger sur leur signification. Nous avons tous notre propre « grille de lecture ». Je laisse à chacun de vous le soin d’en tirer les enseignements qu’il jugera pertinents.
- 25 janvier 2017- François Fillon (ex-futur candidat à la présidence de la République)
- L’enquête préliminaire du parquet national financier (PNF) a été ouverte le matin même de la sortie de l’article du Canard enchaîné et les premières perquisitions effectuées dès le lendemain. Le candidat se maintient dans la « course présidentielle ».
- 20 mars 2017- Bruno Le Roux (ex-éphémère ministre de l’Intérieur)
- Annonce par le PNF de l’ouverture d’une enquête préliminaire le lendemain après-midi de la révélation des faits dans l’émission « Quotidien » de TMC. Le ministre démissionne juste avant cette annonce.
- 24 mai 2017- Richard Ferrand (peut-être futur ex-ministre de la Cohésion des territoires)
- François Bayrou (très probablement futur ex-ministre de la Justice, garde des Sceaux)
- Pourquoi ai-je écrit plus haut « la presque affaire » ? Parce qu’après une longue période de silence médiatique, « la grande presse » semble se déchaîner contre le dirigeant du Modem. Ce qui « n’existait pas » il y a quelques semaines devient soudainement « une affaire » !
- 28 février 2017, le journal Paris Match titre « Quand Corinne Lepage dénonçait des emplois fictifs au Modem ». Il est vrai que c’est la première à avoir dénoncé dans son livre Les mains propres, ces pratiques courantes de l’époque.
- 2 avril 2017, Nicolas Grégoire, ancien collaborateur parlementaire, preuves à l’appui, informe tout notre monde journalistique qu’il a eu deux emplois fictifs au profit du parti de François Bayrou. Pas d’échos, ni audiovisuel ni de « la grande presse » ??
- Seuls Médiapart le 3 avril ainsi que le télégramme de Brest le 8 avril relatent l’information.
- Nicolas Grégoire dit avoir eu des pressions, dont une « visite anonyme » au cours de laquelle « on » aurait effacé son disque dur pour « le faire taire ».
- « Silence radio/TV » jusqu’au 8 juin où France Info titre « Une dizaine d’employés du Modem étaient rémunérés comme assistants parlementaires européens ». L’information est reprise par Le Parisien qui titre « Assistants parlementaires : un témoignage embarrassant pour le Modem ».
- 9 juin, cette information est « enfin reprise » à la Une du Canard enchaîné du 14 juin (ledit Canard enchaîné qui n’avait pas donné suite au signalement de Nicolas Grégoire le 2 avril).
Pour aller plus loin dans les détails de ce « revirement médiatique », je renvoie mes lecteurs à l’excellent billet, comme à son habitude, d’Olivier Berruyer, créateur et animateur du site « Les crises ».
Je reviens à mon analyse des diffffficultés du nouveau président de la République. En effet, François Bayrou n’est rien moins que le ministre de la Justice, qui plus est chargé de présenter un projet de loi « pour la confiance dans notre vie démocratique » !!! On croit rêver. Les grandes lignes du projet qu’il a présenté au conseil des ministres le 14 juin dernier sont les suivantes :
- 10 ans d’inéligibilité en cas d’atteinte à la probité ;
- interdiction d’employer sa famille ;
- remboursement des frais réels prouvés ;
- limitation de la durée des mandats électifs ;
- suppression de la Cour de justice de la République ;
- encadrement des activités de conseil des parlementaires ;
- renforcement du contrôle des sources de financement ;
- une liste plus complète est accessible ici.
Par ailleurs, la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, spécialisée en matière de droit de la presse et de qualification de diffamation, a fixé au 10 janvier 2019 la date du procès de François Bayrou qui est poursuivi pour diffamation. Cela signifie que s’il est encore ministre de la Justice à cette date, il se trouvera face à un procureur (chargé de requérir contre lui) sur lequel il a un pouvoir de nomination !!
Sans même attendre les résultats électoraux de demain 18 juin, j’anticipe le fais qu’Emmanuel Macron va rapidement « démissionner » François Bayrou, vraisemblablement, dans le cadre plus large d’une « opération manipulite » lors d’un remaniement du gouvernement, suite à l’élection des nouveaux députés. Cela aurait deux avantages pour lui :
- se séparer d’un « ami encombrant » dont il n’a politiquement « plus besoin » ayant une majorité absolue à la chambre des députés ;
- montrer qu’il est intraitable en matière de « probité morale », tout en « protégeant » des personnalités « plus utiles ».
Bien évidemment, sur le plan judiciaire, chacune de ces affaires reçoit ou recevra une qualification différente, compte tenu de chaque cas d’espèce. Certaines pourront même déboucher sur un non-lieu, mais sur le plan de la moralité, il s’agit bien de la même chose. Nous sommes en présence de « responsables politiques » qui appliquent à leur profit (d’une manière ou d’une autre) le principe bien connu du « Faites ce que je dis de faire, pas ce que je m’autorise à faire ».
Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour la suite de ce long billet qui abordera : les députés En Marche !, les « options inconciliables » du président Macron et, enfin, les conséquences prévisibles pour nos patrimoines.
Chers lecteurs, portez-vous bien. Je vous aime et vous salue.
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