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Un
psychanalyste Martien regardant le Superbowl
à la télévision américaine aurait très
certainement été choqué par l’agressivité
émanant de ce spectacle, à commencer par les coups de trompette
triomphants empruntés directement aux productions Hollywoodiennes des
années 1950 faisant écho aux fières marches
cadencées dignes de la Rome Antique, et par le générique
d’ouverture désormais cliché aux insignes argentées
sensées préserver l’égo sensible d’une
nation anxieuse. L’Amérique arbore l’esprit de son temps,
placardé à même son front en sueur.
Tout le monde
sait que le passage de messages publicitaires entre les actions du jeu n’est
autre qu’un test de Rorschach national, ce qui a fait passer les
Etats-Unis une fois de plus cette année pour une nation de
psychopathes– à commencer par la publicité pour la
Chevrolet Silverado :
une ville Américaine dévastée, des bâtiment
détruits, des rues emplies de débris, un nuage de cendre couvrant
le tout de son manteau gris, et bien entendu, aucune âme qui vive
à l’horizon… Sur la première page d’un
journal, ‘2012 : Apocalypse Maya’ est inscrit en lettres
capitales… Voilà de quoi rassurer ! Attendez ! Quelque
chose semble bouger sous les décombres… Quelques secondes plus
tard, un Américain viril aux allures d’ouvrier fait son
apparition, au volant d’un pickup gigantesque, suivi d’autres
hommes et de leurs pickups, semblant insensibles à la vision
apocalyptique qui les entoure.
Voilà
un scénario bien curieux… Comment ces hommes vont-ils bien
pouvoir se procurer leur prochain plein d’essence dans ce paysage
dévasté ? Il ne fait aucun doute que les camions-citernes ne seront pas là pour livrer le
prochain ravitaillement. Les Américains ne sont-ils pas supposés
penser au-delà de l’immédiat ? Leur intelligence
n’est-elle pas plus développée que celle de
lémuriens et de vaches Holstein ?
Le Superbowl n’est autre qu’une fenêtre
ouverte sur la virilité Américaine, et la vision qu’il
offre est pathétique. Il présente des hommes si faibles et peu
sûrs d’eux qu’ils se sentent obligés de compenser
par la fantaisie du pouvoir illimité de destruction. Après la
diffusion de la publicité aux allures de fin du monde de la Chevrolet Silverado, d’autres ont suivi, faisant la promotion
de divers films et jeux vidéo. Leurs thèmes étaient
redondants, énonçant les problèmes premiers de
l’existence comme 1) provenant de l’étranger,
d’au-delà des frontières des Etats-Unis, voire de notre
monde, 2) prenant la forme d’aliens aux
mystérieuses armes technologiques destructrices, et 3) ne laissant
derrière eux que quelques survivants dans un paysage
désolé.
Ces assauts
venus des frontières de notre galaxie sont toujours
caractérisés par une supériorité de l’intelligence
Américaine, et finissent toujours par voir les dernières
technologies venir à bout de l’envahisseur. Les aliens sont écrasés par des Macbooks, des pilotes de l’US Air Force, et le
secours de Dieu tout puissant, qui bien entendu, est du côté des
Etats-Unis. Depuis ces royaumes grandioses, nous sommes transportés de
temps à autres vers des combats de catch dans le stade Lucas Oil d’Indianapolis, dont les gestuelles et les
jargons pseudo-militaires confèrent une illusion de contrôle et
de compétences.
Vue
d’ici, l’audience des Etats-Unis a plutôt des airs
d’obèses diabétiques à l’accoutrement
clownesque affalés sur des canapés dans leurs maisons saisies
pour défaut de paiement, se gavant de soufflés au fromage et au
lard entre deux cigarettes et canettes de bière. De nombreuses choses
les tracassent, et ils n’ont aucune idée de la manière
dont ils pourraient venir à bout de leurs problèmes familiaux,
financiers et médicaux. Les réels dangers auxquels ils sont
confrontés, tels que la fraude bancaire, les politiques
monétaires, le pic pétrolier, le changement climatique, et la
crise économique, sont bien trop compliqués pour que ces
obèses diabétiques puissent y comprendre quoi que ce soit, et
ne sont que vulgairement énoncés par les médias
corrompus.
Nous avons
également pu voir l’extravagance grotesque de Madonna,
délivrant un étrange message aux femmes des Etats-Unis.
Prétendant pouvoir rester indomptable et jeune à jamais, la
vieille cavalière s’est adonné à une
variété de passements de jambes avec sa garde
Prétorienne de danseurs de claquettes, trébuchant à plusieurs
reprises sur la scène qui semble avoir été conçue
pour envoyer les artistes valdinguer dans les airs.
Messages aux femmes des Etats-Unis : agissez en poufiasses aussi
longtemps que vous le pouvez, la culture Américaine n’a rien
d’autre à vous offrir. Je ne peux m’empêcher de
penser aux chanteuses Américaines de l’époque - à
Ella Fitzgerald, à Billie Holiday, à Carole King -, qui
savaient chanter leurs problèmes et leurs émotions avec une
thématique bien plus étendue, et qui ne se seraient jamais laissé
aller à un tel déballage de narcissisme. Avez-vous
remarqué que chaque danseur accompagnant Madonna portait son
monogramme sur son pagne ? L’Amérique a besoin de Salut,
mais je ne pense pas qu’elle le trouvera en acclamant de nom de
Madonna.
Entretemps,
dans ce qu’il reste du monde réel, il est certaines choses dont
nous devrions nous soucier. La première est l’ultimatum
donné par les Seigneurs de l’Euroland à la Grèce
de prendre des mesures d’urgence ou de quitter l’Euro. La
dernière fois qu’un tel ultimatum lui avait été
lancé, elle avait jusqu’à aujourd’hui 11 heures,
heure de Berlin, pour agir… et rien ne s’est produit.
La
deuxième chose dont nous devrions nous soucier, c’est de
l’accord sur les robo-signatures avec les
banques too-big-to-fail, destiné à les protéger de
poursuites judiciaires futures en l’échange d’une amende
dérisoire. Cette violation de la loi n’est autre qu’un
projet commun perfide imaginé par la Maison Blanche et 30 avocats
généraux. Vous en saurez plus à ce sujet en vous rendant
sur le blog d’Yves Smith,
Naked Capitalism.
On est en
train de vous voler votre pays. Soyez prêts à le
récupérer en occupant vos esprits et vos corps à des
activités saines. Ne vous attendez pas à ce que des robots
géants volent à votre secours et s’en chargent pour vous.
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