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Le
taux directeur de la Fed est quasiment à zéro depuis trois ans
et demi, et Ben Bernanke, le président de la
Fed, a promis de le maintenir ainsi « pendant un temps
considérable », même « après le renforcement
de la reprise ». C’est une manière comme une autre de
reconnaître que la crise actuelle est destinée à se
poursuivre pendant longtemps.
«
La politique monétaire n’est pas une panacée »,
a-t-il une nouvelle fois réaffirmé, signifiant que si la banque
centrale avait la capacité de temporiser la crise, elle n’avait
pas les moyens de la régler. Tout au plus pouvait-elle prendre en
charge, en les achetant, les titres hypothécaires sinistrés et
leurs dérivés, afin d’en soulager les
établissements financiers tout en espérant des jours meilleurs
; ainsi que contribuer à la baisse des taux sur la dette
américaine pour en favoriser le roulement à moindre coût,
et à faire baisser le dollar pour aider l’exportation.
C’est
beaucoup et peu à la fois. Car, toujours selon Ben Bernanke,
l’enjeu est de « mettre le budget de l’État
fédéral sur une trajectoire viable » (doux
euphémisme), et accessoirement de prendre des mesures de soutien
à la croissance de l’économie, deux objectifs qu’il
faut combiner bien que contradictoires… Dans l’immédiat,
il faut désamorcer la bombe à retardement que représente
le « mur budgétaire », cet accord bi-partisan
qui aboutirait dès la fin de l’année, si rien n’est
fait, à précipiter le pays dans une récession dont il
n’est pas éloigné, est-il craint.
Parlant
du Congrès et des élus, Ben Bernanke
a exprimé le souhait qu’ils « trouvent un moyen de ramener
le budget fédéral sur une trajectoire viable, mais pas si
rapidement que cela puisse mettre un terme à court terme à la
croissance économique ». Quant au « mur budgétaire
», le Congrès et l’administration devront bientôt
« résoudre la question ». Comment ? Mais en reculant
l’échéance et en déplafonnant à nouveau la
dette publique pardi ! Car il ne faudrait pas que le Trésor «
manque à ses obligations vis-à-vis de ses créanciers
», en raison des « conséquences négatives »
pour le pays.
Au
vu de cette feuille de route, ne faut-il pas convenir que la banque centrale
se charge du plus facile et qu’il incombe au gouvernement
américain de réaliser une tâche nettement moins
confortable ?
Bill
Gross, le dirigeant de Pimco – le fonds le
plus important sur le marché obligataire – a
lui aussi une nouvelle fois apporté son éclairage. Le
gouvernement américain est selon lui dépendant aux méthamphétamines (une drogue de
synthèse) ; sans vergogne, il place ainsi les États-Unis dans
la même catégorie de pays que la Grèce, l’Espagne
ou le Japon…
Il
a calculé que pour remettre les finances américaines sur le
droit chemin, il serait nécessaire d’accroître les
recettes fédérales, ou de diminuer ses dépenses, de 11 %
du PIB pendant 5 à 10 ans, soit 1,6 millier de milliards de dollars
par an. Par comparaison, le « mur budgétaire », dont les
conséquences en fin d’année sont si redoutées,
représente seulement 200 milliards de dollars ! Il ajoute que plus
l’on tarde, plus le montant à trouver sera élevé,
et conclu son article dans le Financial Times ainsi : « quand trop de
dettes infectent le cœur du capitalisme, vous ne pouvez que faire
défaut ou lancer l’inflation, et cette dernière politique
est de loin la plus facile à mener, mais pas nécessairement la
plus intelligente ». Cela a le mérite d’être clair.
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