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Cours Or & Argent

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Publié le 04 octobre 2012
584 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Le taux directeur de la Fed est quasiment à zéro depuis trois ans et demi, et Ben Bernanke, le président de la Fed, a promis de le maintenir ainsi « pendant un temps considérable », même « après le renforcement de la reprise ». C’est une manière comme une autre de reconnaître que la crise actuelle est destinée à se poursuivre pendant longtemps.


« La politique monétaire n’est pas une panacée », a-t-il une nouvelle fois réaffirmé, signifiant que si la banque centrale avait la capacité de temporiser la crise, elle n’avait pas les moyens de la régler. Tout au plus pouvait-elle prendre en charge, en les achetant, les titres hypothécaires sinistrés et leurs dérivés, afin d’en soulager les établissements financiers tout en espérant des jours meilleurs ; ainsi que contribuer à la baisse des taux sur la dette américaine pour en favoriser le roulement à moindre coût, et à faire baisser le dollar pour aider l’exportation.


C’est beaucoup et peu à la fois. Car, toujours selon Ben Bernanke, l’enjeu est de « mettre le budget de l’État fédéral sur une trajectoire viable » (doux euphémisme), et accessoirement de prendre des mesures de soutien à la croissance de l’économie, deux objectifs qu’il faut combiner bien que contradictoires… Dans l’immédiat, il faut désamorcer la bombe à retardement que représente le « mur budgétaire », cet accord bi-partisan qui aboutirait dès la fin de l’année, si rien n’est fait, à précipiter le pays dans une récession dont il n’est pas éloigné, est-il craint.


Parlant du Congrès et des élus, Ben Bernanke a exprimé le souhait qu’ils « trouvent un moyen de ramener le budget fédéral sur une trajectoire viable, mais pas si rapidement que cela puisse mettre un terme à court terme à la croissance économique ». Quant au « mur budgétaire », le Congrès et l’administration devront bientôt « résoudre la question ». Comment ? Mais en reculant l’échéance et en déplafonnant à nouveau la dette publique pardi ! Car il ne faudrait pas que le Trésor « manque à ses obligations vis-à-vis de ses créanciers », en raison des « conséquences négatives » pour le pays.


Au vu de cette feuille de route, ne faut-il pas convenir que la banque centrale se charge du plus facile et qu’il incombe au gouvernement américain de réaliser une tâche nettement moins confortable ?


Bill Gross, le dirigeant de Pimco – le fonds le plus important sur le marché obligataire – a lui aussi une nouvelle fois apporté son éclairage. Le gouvernement américain est selon lui dépendant aux méthamphétamines (une drogue de synthèse) ; sans vergogne, il place ainsi les États-Unis dans la même catégorie de pays que la Grèce, l’Espagne ou le Japon…


Il a calculé que pour remettre les finances américaines sur le droit chemin, il serait nécessaire d’accroître les recettes fédérales, ou de diminuer ses dépenses, de 11 % du PIB pendant 5 à 10 ans, soit 1,6 millier de milliards de dollars par an. Par comparaison, le « mur budgétaire », dont les conséquences en fin d’année sont si redoutées, représente seulement 200 milliards de dollars ! Il ajoute que plus l’on tarde, plus le montant à trouver sera élevé, et conclu son article dans le Financial Times ainsi : « quand trop de dettes infectent le cœur du capitalisme, vous ne pouvez que faire défaut ou lancer l’inflation, et cette dernière politique est de loin la plus facile à mener, mais pas nécessairement la plus intelligente ». Cela a le mérite d’être clair.

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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