Le Japon vient de franchir une
étape supplémentaire dans sa fuite en avant dans la dette et la monétisation
avec ce que l'on peut nommer un coup de force du nouveau Premier ministre
Shinzo Abe envers sa banque centrale.
La Banque du Japon (BoJ) est
pourtant la banque centrale qui fait tourner la planche à billets depuis le
plus longtemps. Précisément depuis l’éclatement de la bulle boursière et
immobilière du début des années 1990. La Fed, la BCE, la BoE ne s’y sont
vraiment mises que depuis la crise de 2008.
Depuis l’éclatement de cette
bulle, les différents gouvernements japonais enchainent les plans de relance,
creusent le déficit budgétaire, accumulent une dette publique qui est
désormais la plus importante du monde développé (220% du PIB). Et la BoJ
apporte sa contribution en achetant une partie de ces obligations d’Etat
émises pour financer la dette.
Quel est le résultat de cette
politique dispendieuse ? Inexistant, la croissance ne repart pas. Raison
de plus pour continuer et amplifier le mouvement, affirme Shinzo Abe, le
nouveau Premier ministre ! La BoJ, qui en est à sa dizaine de plans "d’assouplissement
quantitatif", renâcle, résiste, d’où le coup de force du nouvel élu. Son
indépendance, garantie par ses statuts, n’y a pas résisté. C'est un coup de
force, consacré par une "déclaration commune" précisant les
objectifs de la BoJ.
Un nouvel ennemi est
désigné : la déflation. Les prix n’ont baissé que de 0,2% sur 2012, mais
ça fera l’affaire. Il faudra atteindre 2% d’inflation en 2013 est-il
fièrement écrit dans la déclaration commune. L’inflation devient un objectif
en soi ! Pour cela, la BoJ gardera son taux directeur à 0% et augmentera
ses achats d’obligations d’Etat, et ce "sans limite temporelle"…
L'ennemi ce n'est pas la
dette, le déficit budgétaire, la diminution drastique de l'excédent
commercial, non, c'est la déflation, largement imaginaire, mais qui sert de
prétexte à monétiser toujours plus. Tragique aveuglement.
Shinzo Abe continue la
politique qui ne marche pas avec un plan de relance de 20.200 milliards de
yen (175 milliards d’euros). Et voici encore plus de déficit budgétaire.
Incapable de se remettre en cause, malgré les alternances politiques, le
Japon s'entête et fonce tête baissée vers le défaut ou l'hyperinflation.