Surprise ces derniers jours : l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont le but semble de se mêler de plus en plus de politique, a clairement pris position contre l’actuelle stratégie « zéro-covid » actuellement déployée en Chine, rejoignant en cela les critiques déjà nombreuses de l’opinion internationale vis-à-vis de la politique interne de la Chine.
Eh oui : même pour une organisation qui a nettement tendance à préférer la centralisation et les mesures fortes (voire dictatoriales), ce qui est actuellement mis en place par les autorités chinoises va apparemment trop loin, comme l’explique Tedros Ghebreyesus, l’actuel patron de l’OMS, pourtant pas trop réputé être anti-Chinois ou même anti-communiste.
Et au contraire de la surprise provoquée par cette annonce, c’est sans aucune surprise que la réponse de la Chine ne s’est pas faite attendre et qu’elle a été claire : en substance, le gouvernement de Xi Jinping a répondu à peu près « mêlez-vous de ce qui vous regarde, on fait ce qu’on veut ».
Peut-être les dirigeants chinois s’en tiennent-ils aux magnifiques études qui sortent subitement pour prouver, modèle mathématique (encore un !) à la rescousse, qu’un véritable raz-de-marée de morts et de contaminés les attend s’ils ne prennent pas des mesures drastiques, et ce, alors même que le bilan de ces mêmes mesures dans d’autres pays où elles ont été menées ont amplement prouvé leur échec.
Néanmoins, on ne peut que se demander quels sont les buts poursuivis par une telle politique.
Ainsi, peut-être la Chine sait des choses que le reste du monde ne sait pas sur ce coronavirus en particulier ou sur la pandémie en général ? Après deux ans d’études, des milliers de papiers scientifiques et d’hypothèses testées en direct, on pourra cependant douter de la solidité de cette interrogation et on peut aussi douter que l’Omicron (ou l’un de ses variants) serait subitement beaucoup plus dangereux, en désaccord avec tout ce qu’on sait sur ces virus et sur ce qu’on a observé jusqu’à présent…
Peut-être y a-t-il des dissensions graves entre différentes factions du Parti communiste chinois (PCC), ou pire entre le PCC et Xi Jinping, qui amènent les uns à mettre en place des politiques qui finiront par mettre les autres en difficulté ? L’hypothèse n’est pas si hardie : après tout, ces confinements drastiques ont bel et bien pour effet d’exacerber les tensions sociales. Mais alors que la poigne de Xi sur le pouvoir n’a jamais semblée aussi forte, là encore, on doit s’interroger sur la solidité de cette hypothèse.
Cependant, on peut trouver d’autres hypothèses plus raisonnables et plus solides à cette politique du « zéro-covid » en Chine.
La première consisterait à cacher le krach de la bulle immobilière dans l’Empire du Milieu, secteur qui représente selon plusieurs estimations jusqu’à 29% du PIB chinois, et dont l’effondrement pourrait durer des années. Or, un arrêt voire une décroissance dans ce secteur provoque des effets si massifs qu’il devient vraiment difficile pour le gouvernement chinois de tripoter suffisamment les chiffres officiels afin d’afficher une croissance malgré tout. L’arrêt complet au travers des confinements est donc une solution pratique de détournement d’attention.
Sur le plan économique, l’opération de camouflage fonctionne à plein régime avec maintenant des effets néfastes bien visibles : les confinements agressifs et malavisés ont complètement désorganisé les chaînes logistiques. En outre, les problèmes structurels liés à l’intervention croissante du gouvernement chinois dans sa monnaie et les industries privées, ainsi que son économie fortement endettée vont entraîner une baisse marquée de la croissance et de l’emploi chinois, ce qui pourrait provoquer des troubles sociaux de plus en plus graves…
La seconde raison plausible est qu’en empêchant aussi drastiquement son secteur marchand de fonctionner correctement, la Chine trouve une excuse pour mettre l’Occident sous pression au moment où elle cherche aussi à s’en séparer le plus possible, au moins sur le plan économique, comme en atteste le récent arrêt brutal de toute relation commerciale entre le principal producteur de gaz et de pétrole chinois avec le Canada, le Royaume-Uni et les États-Unis. De la même façon, certains confinements ciblés visent clairement à gêner voire paralyser les productions de grosses entreprises technologiques américaines (comme c’est le cas pour Apple).
On pourrait même imaginer en troisième raison, sans faire de gros efforts, que le gouvernement chinois utilise l’excuse pandémique pour préparer discrètement son économie à une guerre ouverte et aux sanctions qui l’accompagneraient, s’il lui prenait l’envie – par exemple et complètement au hasard, n’est-ce pas – d’aller se disputer avec les Indiens dans le Cachemire ou récupérer Taïwan manu militari : les bateaux de commerce chinois sont massivement rentrés au pays (et pour cause), les populations ne peuvent plus s’égayer dans le tourisme, les flux de capitaux chinois vers l’étranger s’assèchent, les chaînes de productions peuvent être redirigées et l’économie placée en mode autarcique avec assez peu de contestations et peu de réactions du reste du monde…
Pratique.
Mais indépendamment des raisons qu’on peut trouver, les résultats de cette politique sont, eux, sans appel : tant sur le plan économique que sanitaire, cette stratégie est une véritable catastrophe et montre à tous que le « zéro covid », c’est « zéro chance de succès » : il est amplement prouvé que les confinements n’ont servi à rien et les actuels confinements chinois ne serviront pas plus.
De surcroît, tout ceci montre encore mieux que ces confinements n’ont jamais été qu’une atteinte intolérable aux libertés, et seuls quelques faux libéraux mais vrais clowns de plateau télé ont poussé avec véhémence cette ignominie liberticide, acte veule probablement motivé par on-ne-sait quelle récompense promise.
La Chine démontre par l’exemple en grandeur réelle l’absurdité du jusqu’auboutisme sanitaire.