Marc
Faber, mécontent de la politique économique américaine,
confirme sa confiance envers l’or
lors de la conférence des professionnels du marché des
métaux précieux.
L’événement
le plus important pour les professionnels de l’industrie des
métaux précieux s’est tenu à Hong Kong, Ex colonie
Britannique, les 12 et 13 Novembre dernier. Cet evenement
a permis d’offrir des informations authentiques et précises pour
la compréhension du marché asiatique grâce aux
représentants de sociétés telles que la Kotak Mahindra en Inde ou les
banques chinoises telles que la ICBC ou même
la Banque populaire de Chine.
« Quand la Banque
populaire [de Chine] parle, cela vaut le coup de l’écouter.
Surtout quand elle parle d’or », commentait Tom Kendall
du Credit Suisse dans son
résumé de la conférence.
Mais la vedette de la
journée, du moins le conférencier le plus populaire à la
fin de ce rassemblement de plus de 700 délégués le 13
novembre, et celui qui valait également le coup d’être
entendu, était l’expatrié suisse et résident de longue
date en Asie, Marc Faber.
Marc Faber, bien connu dans le monde de la finance
est un investisseur suisse, éditeur de la newsletter Gloom Boom & Doom
Report mais aussi un conseiller en investissement et un gestionnaire de
fonds. « Doctor Doom »,
comme certains le surnomment, est un investisseur dit contrarien,
qui réside actuellement en Thaïlande.
Si vous connaissez ses travaux, vous pouvez
deviner le thème de sa présentation : ce que la ruine et
la sinistrose (doom and gloom)
veulent dire pour le boom de l’or. En commençant bien sûr
avec des conséquences fortuites d’une intervention constante du
gouvernement.
« Les interventions continuent par les
gouvernements avec des mesures fiscales et monétaires, au lieu de
lisser le cycle économique, ont en fait conduit à une plus
grande instabilité. Les solutions de court-terme des nouveaux keynésiens ont eu un
impact très négatif, surtout aux Etats-Unis. »
Faber a clairement une dent contre le
président actuel de la Réserve fédérale
américaine (Fed), Ben Bernanke. Mais « beaucoup de membres
de la Fed ont donné à M. Bernanke des airs de faucon [hawk, terme
américain qui emprunte aux caractéristique de l’animal,
plus agressif. Quand l’inflation menace, la Fed pourrait proposer
l’augmentation les taux d’intérêt] »,
affirmait Faber. Cela n’a pas d’importance qui a les clefs de la
Maison Blanche. Car grâce aux budgets pour l’aide sociale et pour
l’armement, « les dépenses sont incontrôlables,
les impôts sont bas, et la plupart des dépenses sont
obligatoires ».
La politique de la Fed est inévitable,
continuait l’investisseur suisse, et tandis que nous n’avons pas
encore le taux d’intérêt négatifs demandés
par le membre de la Fed Janet Yellen, nous avons
des taux d’intérêt négatifs en termes réels.
Les Etats-Unis et l’occident avaient des taux
d’intérêt sub-inflation dans les
années 1970 aussi, et nous avons alors eu aussi un boom des prix des
commodités. Mais les contrôles des changes font maintenant
défaut dans les pays développés. « Un point
important », remarquait Marc Faber.
« Ben Bernake
peut laisser tomber autant de dollars qu’ils le veulent dans cette
salle », déclarait Faber lors de la conférence tenue
au Grand Hyatt Hotel
à Wan Chai sur l’île de Hong Kong. « Mais ce
qu’il ne sait pas c’est ce que nous ferons avec ceux-ci. Son
largage par hélicoptère ne conduira pas à une
augmentation uniforme de tous les prix. Parfois ce sera les
commodités, parfois les métaux précieux, les objets de
collection, les salaires ou les actifs financiers. [Le plus important], les
portes de cette salle ne sont pas verrouillées. Et donc l’argent
sort et a un impact ailleurs. Pas dans cette salle. »
Cet ailleurs a bien sûr été
l’Asie émergente, et principalement la Chine. Mais chez nous,
ces taux d’intérêt négatifs forcent les gens
à spéculer, pour faire quelque chose avec leur argent, explicitait
Faber. Ces taux artificiellement bas, sont bien en-dessous de la moyenne sur
200 ans.
Cela endommage les épargnes domestiques
américaines et donc l’investissement en capital.
« Vous ne devenez pas riche en consommant. Vous avez besoin
d’une formation de capital », continuait Faber. A l’inverse
d’un investissement dans une usine pour gagner un profit et repayer les
emprunts, « le crédit à la consommation est
totalement différent. Vous le dépensez une fois, et vous avez
simplement une avance sur les dépenses dans le futur ».
Figure 1 : Investissement domestique net
(comme pourcentage du PIB nominal)
Jusqu’ici, le discours est
caractéristique de ceux qui croient au doom and gloom ou ruine et sinistrose de
l’économie. Tout en remarquant que la dette totale des
Etats-Unis est à 379% du PIB, Faber ajoutait en dirigeant son pointeur
laser rouge au plafond : « si nous avions inclus les passifs
non capitalisés alors la courbe sur ce graphique aurait bondi au
cinquième étage de cette hôtel ! »
Après que le secteur privé ait « répondu de
façon rationnelle » à la croissance
frénétique du crédit de 20% en 2006 par
l’effondrement du crédit de 2007-2009, le gouvernement
américain est intervenu pour prendre le contrôle, et
« le crédit du gouvernement est le crédit le plus
improductif de tous ».
En bref, l’argent facile et les plans de
sauvetage qui nous ont mené ici (depuis la rescousse de Goldman Sachs
par la Fed pendant la crise Tequila Crisis dans la
dette mexicaine au début des années 1980, jusqu’à
la faillite de LTCM à la fin des années 1990 et ensuite le boom
et le crash de Tech Stock) ont eu de sérieuses conséquences.
« Les bulles sont un désastre d’un point de vue
social ». En observant les graphiques du déplacement
générationnel des richesses, la seule personne qui pourrait
être en désaccord serait un membre votant de la Fed.
« Seulement à la Fed ils ne
mangent pas et ne conduisent pas ! », s’est exclamait
Faber quand il s’est tourné vers les objectifs d’inflation
de la banque centrale, produits par « le Ministère de la
vérité, le Bureau des études pour l’emploi.
C’est une imposture totale. » Mais même alors que les
mesures continuellement erronées des Etats-Unis conduisent les
puissances émergentes à éviter les US (*), il arrivera un ralentissement de
la demande des commodités et la stabilisation des prix dans le temps.
Faber confiait
qu’il préférerait détenir une position
créditrice sur les métaux précieux plutôt que sur
les commodités industrielles. Ce qui était bien sûr ce
que la plupart des participants à la conférence de la LBMA
voulaient entendre. Ce qui a été moins bien accueilli
était sa recommandation de ne pas détenir de l’or aux
Etats-Unis ou même en Suisse. Car « si l’or est
détenu par une majorité, alors lors d’une crise le
gouvernement le prendra ». Mais même Faber confiait que 25% des ses réserves personnelles d’or
était encore dans son pays d’origine, la Suisse, plutôt
qu’en Asie où il réside depuis presque trente ans.
Une fois que l’effondrement
déflationniste se produit finalement (la question impossible est de
savoir quand, disait Faber), il y aura de grandes opportunités sur les
actifs réels et productifs. Mais avant cela, et en ce qui concerne les
cours de l’or à venir, « l’or est loin
d’être proche d’une phase de bulle », a-t-il
conclu. Et quant est-il chaque fois qu’il
pense à vendre son or pour prendre des bénéfices ?
« Je garde dans mes toilette une photo
de M. Bernanke. Et chaque fois que je pense à vendre mon or, je la
regarde et je [me ravise] !»
(*)
« Dans ce nouvel ordre mondial, les exportations de la Chine vers
les pays produisant des commodités, tels que l’Australie et le
Brésil, sont plus importantes que ses exportations vers les
US », expliquait Faber. « Les exportations de
Corée du Sud vers les pays exportant des commodités sont plus
importantes que les exportations vers les Etats-Unis et l’Europe combinées ! »
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