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Cours Or & Argent

Qu’arriverait-il à l’Allemagne si la Russie coupait le gaz ?

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Publié le 24 novembre 2014
939 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
( 4 votes, 4,5/5 ) , 2 commentaires
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Rubrique : Editoriaux

L’une des menaces, ou peut-être LA menace, qui se présente à l’Union européenne suite au fiasco des sanctions, est la possibilité que la Russie ferme les réseaux d’approvisionnement de gaz et mette fin aux livraisons vers les pays européens. De quoi exacerber la crise et forcer une solution à la situation.

L’économie de la Russie en souffrirait grandement. Que pourraient bien faire les Russes de tout le gaz qui est envoyé chaque jour vers l’Europe, et plus particulièrement vers son plus gros acheteur, l’Allemagne ? L’inhaler ? Il n’y a pour l’instant aucune infrastructure en place pour permettre l’exportation de ce gaz en de grandes quantités vers d’autres consommateurs. Les revenus en devises étrangères et les recettes publiques du pays diminueraient.

Mais pour l’Europe, le problème serait bien moindre, comme l’a expliqué Günther Oettinger, Commissaire européen pour l’énergie, suite à la publication de son test de stress jeudi dernier par la Commission, qui a été ostensiblement destiné à déterminer ce qui se passerait si la Russie cessait de livrer du gaz à l’Europe cet hiver.

« Nous disposons pour la toute première fois d’un tableau complet des risques et des possibles solutions », a-t-il dit. Il est clair que certains pays, notamment l’Estonie et la Bulgarie, rencontreraient des problèmes, mais « si nous travaillons ensemble, faisons preuve de solidarité et mettons en place les conseils apportés par ce rapport, aucun foyer ne restera au froid dans l’Union européenne cet hiver ».

Il semblerait qu’à la manière des tests de stress imposés aux banques, ce test de stress ait un objectif précis : apaiser les gens et leur faire croire que tout est sous contrôle et qu’ils n’ont pas à s’inquiéter.

En réalité, même pour l’Allemagne – qui est loin d’être aussi indépendante du gaz russe que la Pologne, la Finlande, l’Estonie ou la Bulgarie – le scénario s’annonce catastrophique. C’est ce qui a été dit dans un rapport du Ministère allemand pour l’énergie, publié par le Spiegel. Le rapport, que même le Parlement n’avait pas lu avant sa publication, a été inclus à l’analyse que le Ministère de l’économie a envoyé à la Commission européenne à la fin du mois d’août – et au vice-président de la Commission européenne responsable de l’énergie, Günther Oettinger. Ce dernier était, au moins depuis cette date, au courant des faits. Il n’en est pas moins que dans le cadre du test de stress de la Commission, il ait continué de prononcer les mêmes paroles de réconfort.

L’analyse s’est penchée sur ce qui arriverait à l’Allemagne si la Russie cessait de lui envoyer du pétrole pendant six mois, tout au long de l’hiver. Les réserves de gaz du pays seraient réduites de 23 milliards de mètres cubes, alors que l’Allemagne utilise en un hiver 51,2 milliards de mètres cubes de gaz. C’est une baisse de 45% !

Seule une petite fraction de cette baisse pourrait être compensée par d’autres sources :

  • 2 milliards de mètres cubes pourraient provenir d’importations additionnelles de gaz naturel liquéfié
  • 0,75 milliard de mètres cubes pourraient être tirées d’importations depuis la Norvège
  • 3 milliards de mètres cubes pourraient être épargnées en changeant l’alimentation de centrales électriques, grâce par exemple au pétrole, et en ne livrant pas aux clients avec lesquels des contrats résiliables ont été signés

Voilà qui représenterait moins de 6 mètres cubes, pour compenser une baisse de 23 milliards de mètres cubes. Après une courte période, même si les infrastructures de stockage étaient virtuellement pleines à 96%, le gouvernement devrait déclarer une urgence énergétique, ce qui lui donnerait le droit de déterminer qui obtient du gaz, et qui n’en obtient pas.

Le gaz pourrait alors être distribué par séquences basées sur la hiérarchie de quatre groupes, qui selon le rapport sont organisés comme suit :

  1. Clients protégés (ménages, mais aussi centrales électriques au gaz qui fournissent du chauffage à des clients)
  2. Centrales électriques au gaz jugées indispensables pour la distribution d’énergie
  3. Industrie
  4. Autres centrales au gaz

Le groupe 1 consomme 26 milliards de mètres cubes de gaz. Le groupe 2 en consomme 2,4 milliards. Cela représente un total combiné de 28,4 milliards de mètres cubes, plus encore que les réserves de gaz disponibles. Le reste des consommateurs – l’industrie et les autres centrales électriques au gaz – n’obtiendraient rien. En théorie.

Mais la situation se complique. Il ne s’agit là que de la redistribution théorique. En réalité, « il est techniquement difficile de séparer des clients protégés des clients non-protégés ». Les ménages qui devraient recevoir du gaz pourraient donc se retrouver sans rien, et voir leur gaz utilisé ailleurs.

L’industrie perdrait une grande partie de son électricité, puisque les centrales jugées non-indispensables devraient fermer. Oubliez le chauffage de ces centrales, oubliez l’allumage de lumières ou le chargement de robots. La production plongerait. Les licenciements se multiplieraient. Les réseaux de distribution s’effondreraient. Une coupure de gaz aurait de très importants coûts économiques. Même les plus chanceux devraient faire face à une forte hausse du prix du gaz.

En prenant une telle décision, aussi autodestructrice qu’elle puisse être, la Russie pourrait affaiblir la puissance industrielle allemande, ce qui aurait des conséquences tout autour du monde puisque le pays ne pourrait plus satisfaire ses demandes d’exportation, et que les importations prendraient fin. Les coûts seraient simplement trop élevés. C’est pourquoi le rapport a été gardé secret. C’est pourquoi le Parlement allemand ne l’a pas lu. Et c’est pourquoi les Eurocrates ont tout fait pour mollifier la population.

La Russie dispose toujours de 396 milliards de dollars de réserves étrangères, bien qu’elles continuent de se réduire. Mais elle souffre apparemment d’un grand nombre de problèmes. Lisez ceci  à ce sujet.

 A


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"Voilà qui représenterait moins de 6 mètres cubes" : 6 milliards ;)
Je doute fort que la Russie ne le fasse... surtout qu'elle s'exposera à des pénalités de rupture de contrat.

Par contre si elle vend son gaz à la Chine et au Japon, elle pourrait rediriger ses exportations, sans investir dans une augmentation de production. Mais il lui faut d'abord mettre en place les infrastructures nécessaires, cela prend du temps.

D'ici là, les USA seront prêts à exporter leur gaz de schiste...

La Russie joue la montre, espérant que d'autres pays profitent de la relative faiblesse des USA, on pense à l'Iran.
Pareil pour l'EIIL : il ne progresse plus, mais dans d'autres pays (genre Pakistan), de plus en plus de groupes armés lui font allégeance. Cela peut remotiver les jihadistes, voire les inciter à devenir encore plus destructeurs.

Faut dire que les USA sont mal en point... le Sénat vient de bloquer le projet de super-pipeline Keystone XL, forçant les républicains à attendre le mois de janvier pour remettre la question sur la table, en comptant sur leur nouvelle majorité.
Entre temps ils ont eu droit à un nouveau "polar vortex" (terme médiatique, il s'agit plutôt d'une bulle d'air froid poussé hors de la région Arctique par un réchauffement anormal de l'atmosphère - qui d'après h16 n'existe pas).
Ici en Belgique en tout cas il a fait chaud, 15° hier, et le thermomètre exposé au soleil est monté jusqu'à 31°...

L'UE aussi est mal en point, on va voir comment Juncker s'en sortira cette semaine.
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