Dernière ligne droite avant
l’élection présidentielle. Les candidats,
déclarés ou non, rivalisent de propositions censées nous
sortir de la crise.
Mais aucun n’ose aller à l’encontre
des idées étatistes. Petit décryptage hebdomadaire de la
langue de bois et de la mauvaise foi habituelle de nos politiciens.
• Alors
que la France découvre, effarée,
que l’hiver sous ses latitudes est une saison froide, les esprits en
campagne s’échauffent. Comme souvent, une petite phrase - en
l’occurrence prononcée par Claude Guéant - a
provoqué de
grandes indignations. Ne revenons pas sur les mots du ministre de
l’Intérieur. Pointons plutôt ce qui est réellement
choquant : la capacité des politiciens de tout bord à
faire de cette phrase un événement, alors qu’elle aurait
dû rapidement sombrer dans l’oubli.
L’équipe
de campagne de Nicolas Sarkozy a donc réussir un coup à
plusieurs bandes : occuper
l’espace médiatique, se rappeler aux bons souvenirs des
possibles électeurs égarés sur la droite de l’UMP
et inciter
les autres candidats à prendre position, braquant ainsi la
campagne vers d’autres sujets que l’économie et
l’emploi...
• Le
faux dérapage de Claude Guéant intervient exactement au moment
où un
sondage IFOP, publié par le JDD,
donne Nicolas Sarkozy à égalité au premier tour avec
François Hollande, en cas d’absence de candidature frontiste.
Interroger l’opinion sur cette éventualité est
légitime, puisque Marine Le Pen ne cesse de dire qu’elle peine
à obtenir les signatures nécessaires pour se présenter.
Pourtant, IFOP
et le JDD se trouvent aujourd’hui accusés de mettre en
scène cette situation au profit de Nicolas Sarkozy.
La
polémique est ridicule. En février 2007, BVA avait
essuyé des critiques similaires pour avoir publié une
enquête d’opinion donnant François Bayrou vainqueur face
à Royal ou Sarkozy au second tour, alors qu’il accusait onze et
dix-huit points de retard dans les sondages sur le premier tour. A l’époque,
l’institut était accusé de manipuler le public et de
faire monter artificiellement la cote du candidat centriste. Evidemment,
cette controverse prête aujourd’hui à sourire.
Petit rappel
à mes confrères journalistes, aux politologues et aux candidats :
les sondages ne reflètent l’opinion que d’un moment. Ce
n’est ni une course qualificative, ni une consultation officielle des
électeurs.
D’ailleurs,
que nous apprend l’enquête
de Vivavoice, publiée lundi dans Libération, avançant que
52% des Français ne veulent pas de François Hollande comme
président et que 31% des Français souhaitent que François
Bayrou soit élu ? Simplement que nous sommes à
moins de 80 jours du premier tour et que rien n’est joué.
• Si
l’UMP chasse sur les terres du Front National, François Bayrou,
lui, s’aventure en territoire socialiste. Le candidat centriste a
présenté en fin de semaine dernière ses trente
propositions pour l’éducation. Plus que des propositions,
une véritable déclaration d’amour !
François Bayrou sait parler aux enseignants. Et pour cause : il
est lui-même un ancien professeur agrégé de lettres
modernes et a occupé le ministère de l’Éducation
nationale de 1993 à 1997. Bref, il est des leurs.
Il avait su attiré
à lui en 2006 une partie de ces électeurs traditionnellement de
gauche, mécontents de la sévérité de
Ségolène Royal à leur égard. Pourtant, le vote des profs ne lui est pas
acquis. Le candidat socialiste, François Hollande, a d’ailleurs
mis les moyens pour le récupérer en promettant la
création de 60 000 postes dans l'éducation. Bayrou a au
moins le mérite de savoir que l’État ne peut plus se
permettre de telles dépenses. Du coup, il propose « de
lâcher les basques aux enseignants. » Malin. Et beaucoup moins dangereux que de rouvrir le débat de la
libéralisation de l’enseignement…
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