Dans quelques jours, les
Français choisiront leur président. Mais comment choisir entre
les politiques étatistes de droite ou de gauche ? Petit
décryptage hebdomadaire de la langue de bois et de la mauvaise foi
habituelle de nos politiciens.
• A
quelques jours du premier tour, les médias et les instituts de sondage
semblent estimer que les jeux sont faits. Le nouveau président de la
République française serait François Hollande. Je ne
serai pas aussi affirmatif que certains de mes confrères. Mais puisque
la victoire du candidat socialiste est probable, imaginons-le un instant
à la tête du pays… Probable qu’il ne fera pas grand-chose ! Sa marge de
manœuvre est très limitée, tout simplement parce que la
France n’est plus vraiment en mesure de dicter ses conditions. Le pays
n’a plus connu de budget équilibré depuis 1974. Trente-huit
ans ! Sa dette culmine à 1717,3 milliards d'euros, soit, selon
l’Institut national de la statistique et des études
économiques (Insee), 85,8% de la richesse nationale. Or, si l’on
en croit les études de Carmen Reinhart et
Kenneth Rogoth, quand la dette se rapproche de 100
% du PNB, la croissance économique ralentit sèchement. Si ce
phénomène se confirme ces prochains mois et puisqu’il est
presque impossible que les taux d’intérêt baissent, la
France s’enfoncera encore une fois dans ce qu’on appelle une
« trappe à dette ». Réjouissant !
Et pourtant, les
candidats à l’élection présidentielle ne
paraissent pas s’en soucier. Ils font au moins autant de promesses de
dépenses supplémentaires que de réduction de
dépenses. Mais ce ne sont que des promesses… Quelle que soit
l’appartenance politique du futur chef de l’État, il sera
obligé d’accepter les réalités des marchés
et les attentes des partenaires européens.
La
vérité est simple : la France est gravement
endettée. Donc faible. Elle ne pourra pas jouer son rôle de
moteur au sein de l’Union européenne tant qu’elle refusera
les réformes lui permettant d’assainir sa situation et de
retrouver la
croissance. Empreinte d’un étrange
mélange de colbertisme, de bonapartisme et de collectivisme, la classe
politique française n’évolue pas. Comme si l’État
était isolé du reste du monde. Sans même imaginer un
instant qu’il puisse devenir un handicap pour ses voisins qui, eux,
consentent à d’énormes sacrifices pour se redresser. La
fameuse insolence française ne serait-elle finalement que de
l’inconscience ?
• Les
dernières heures avant le premier tour sont celles de toutes les
tractations. Tous les candidats veulent faire le plein de voix. Les plus gros
veulent que les petits les rejoignent. On a ainsi vu ou entendu
l’entourage de Nicolas Sarkozy faire ouvertement la cour à
François Bayrou alors que le candidat UMP flatte
l’électorat de Marine Le Pen qui, elle-même, cherche
à récupérer Nicolas Dupont-Aignan, toujours à la
recherche de son deuxième électeur… Même histoire
à gauche : les Socialistes cherchent à plaire tout autant
aux centristes qu’aux mélanchonistes,
qui aimeraient bien voir les camarades trotskystes se rallier à eux. Ces
derniers ne cherchent aucun ralliement. Ils n’arrivent
déjà pas à s’entendre entre eux…
Les
ralliements se négocient contre des postes au gouvernement ou des
circonscriptions aux législatives. Bref, c’est la grande
braderie. Tout le monde le sait et personne ne s’en émeut.
Pourtant, cette situation grotesque est révélatrice du manque
de convictions et du cynisme des dirigeants politiques. Comment accorder, par
exemple, sa voix à un Mélenchon, très critique envers
les socialistes, alors qu’il appellera à voter pour le
représentant de son ancien parti en échange d’un
portefeuille de ministre?
• A
propos de Jean-Luc Mélenchon : le candidat communiste du Front de
gauche est attaqué pour
son amitié supposée avec le conseiller de Nicolas Sarkozy,
Henri Guaino. Et alors ? N’a-t-on pas le
droit en France de fréquenter des gens dont on ne partage pas les
engagements politiques ?
•
Nicolas
Dupont-Aignan s'est déclaré persuadé
qu'il y « aura une surprise » le 22 avril. Viserait-il la
performance d’être le premier candidat à obtenir un
zéro absolu ?
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