Réduire
les dépenses de l’État peut sembler difficile,
d’autant que lors d’une récession économique, les
dépenses publiques d’un État-providence augmentent
mécaniquement.
Mais
réduire les dépenses publiques est possible. De nombreux
gouvernements l’ont fait et continuent de le
faire.
Au cours
des trente dernières années, neuf pays développés
ont réduit leurs dépenses publiques d’au moins 10 %.
L'Irlande a réduit les dépenses de l’État de 20 %
entre 1978 et 1989 ; la Suède et la Finlande de 13 % entre 1993
et 2000 (la Suède avait précédemment diminué
ses dépenses publiques de 13 % entre 1980 et 1987) ; le Danemark
de 12 % entre 1982 et 1986 ; la Grèce de 12 % entre 1989 et 1995 ;
Israël de 11 % entre 1980 et 1983 ; la Belgique de 11% entre 1983
et 1998 ; le Canada de 10 % entre 1994 et 1997.
Il y a deux
ans, le gouvernement lituanien a, entre autres réformes, réduit
les dépenses publiques de 30 % et diminué les salaires du secteur
public de 20 à 30 %. Tout cela en une seule année.
Mieux,
réduire les dépenses de l’État est même un
atout électoral.
Une
étude empirique du très peu libéral Brookings
Institution signée en 1998 par les économistes Alberto Alesina, Roberto Perotti et
Jose Tavares et disponible en ligne ici
n’a trouvé « aucune preuve que l'assouplissement des
politiques budgétaire impliquait un mandat politique
supplémentaire ». Le trio conclut également que «
la réduction de la masse salariale de l’État n'augmente
pas la probabilité d’une chute du gouvernement ».
C’est ce que montre
aussi une étude intitulée Fiscal
Tightening Need Not Be Electorally Costly, But It Will Test Government Unity.
« Il est
communément admis que la réduction des dépenses de
l’État est à la fois économiquement et
électoralement coûteuse », écrit Ben Broadbent, l’auteur de l’étude.
« Cette opinion n’est pas corroborée par les fait. Nous
avons précédemment passé en revue les effets positifs
d’une réduction des dépenses de l’État sur
la croissance économique dans les économies ouvertes. L’analyse de ses conséquences
électorales montre que la réduction des dépenses
de l’État tend plutôt à augmenter le soutien
électoral envers le gouvernement en place ».
Par
exemple, le document cite trois gouvernements qui ont fortement réduit
les dépenses de l’État dans l’histoire
récente et ont été réélus :
l’Irlande en 1987, le Canada et la Suède en 1994.
Comment le
gouvernement suédois a-t-il fait pour réduire les
dépenses de l’État et être réélu
?
L’étude
10 lessons about budget consolidation
publiée par le laboratoire d’idées européen
Bruegel et disponible en ligne ici souligne deux enseignements majeurs de l’expérience
suédoise :
Il faut
définir des objectifs budgétaires clairs et faciles à
communiquer (par exemple, reprendre le contrôle de la dette publique). Des engagements crédibles seront
récompensés par les marchés de capitaux mondiaux sous la forme de taux d'intérêt plus bas.
Il faut
combiner réduction du déficit
budgétaire et mesures d’austérité en un seul
paquet législatif pour que le tout soit perçu comme un
sacrifice partagé et pas comme des
mesures punitives contre certains groupes spécifiques.
Par exemple, il est politiquement difficile de réduire les retraites.
Mieux vaut réduire les retraites et, dans le même temps,
réduire l’assurance chômage tout en augmentant l'impôt sur le revenu pour les plus riches.
Les
citoyens préoccupés par l'avenir économique du pays
n’acceptent plus que les dépenses de l’État ne
soient pas réduites au moment où les contribuables se serrent
la ceinture.
Il est
temps pour la communauté politique de commencer à agir de
manière responsable en réduisant maintenant le fardeau qui
pèse sur la société. Et qu’ils se rassurent :
cela ne fera que contribuer à leur réélection.
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