La Fed se réunira cette semaine
pour discuter de ses politiques monétaires. Il n’y a quasiment aucune chance que
cette réunion débouche sur une nouvelle hausse des taux des fonds fédéraux,
mais il est toutefois possible que la prochaine hausse des taux officiels
soit annoncée au mois de mars. Peu importe quand elle sera adoptée et la
manière dont en parlera la presse, la prochaine hausse des taux par la Fed,
comme les deux précédentes, n’impliquera pas un resserrement des politiques
et des conditions monétaires aux Etats-Unis.
L’explication en deux parties de
la raison pour laquelle une hausse des taux des fonds fédéraux n’implique pas
de resserrement des politiques monétaires a été discutée à de nombreuses
reprises dans les commentaires de TSI publiés ces dernières années, et a été
abordée en mars 2015 dans l’article Tightening without tightening. La première partie de
cette explication veut qu’avec un système bancaire américain inondé d’excès
de réserves, il n’existe plus de marché des prêts actif au jour le jour pour
les taux des fonds fédéraux. Les banques n’ont plus à emprunter de fonds
fédéraux, parce qu’elles en ont déjà bien plus qu’elles n’en ont besoin. En d’autres
termes, lorsque la Fed fait grimper les taux des fonds fédéraux, elle fait
grimper un taux d’intérêt que personne n’utilise.
La seconde partie de l’explication,
qui est aussi la plus importante, est que les hausses des taux de la Fed sont
établies en faisant grimper les taux d’intérêt payés par la Fed sur les
réserves bancaires. C’est-à-dire que les hausses des taux sont établies non
pas au travers de l’imposition d’un taux d’intérêt plus élevé aux banques, mais
du versement aux banques de taux d’intérêt plus élevés. Pour dire les choses
autrement, bien qu’autrefois, les hausses des taux aient été mises en place
en retirant des réserves du système bancaire, la Fed les établit aujourd’hui
en injectant des réserves – sous la forme de versements d’intérêts – dans le
système bancaire.
Ce qui est largement perçu comme
un resserrement monétaire est désormais une action fédérale qui a l’effet de
relâcher les conditions monétaires.
Dans 1984, Orwell utilise
les slogans « La guerre c’est la paix », « La liberté, c’est l’esclavage »,
et « La guerre, c’est la paix ». Grâce à la Fed, nous pouvons
désormais y ajouter « Relâcher, c’est resserrer ».