A Paris,
8 juillet 2013.
Dans un livre posthume (1997) - The
Logic of Action 1 -, Murray Rothbard évoquait, pp. 316-17, les trois
grandes questions à quoi, selon lui, était confrontée alors la théorie de la
monnaie:
- comment faire échapper la monnaie du contrôle du gouvernement;
- la banque libre et l'obligation de 100% de réserves,
- la définition de l'offre de monnaie.
1. Les règles de droit.
Au coeur de ces questions se trouvent plus ou moins cachées les règles de
droit (propriété, responsabilité et échanges économiques).
En particulier, semble enracinée dans l'oubli de beaucoup l'interdiction de
convertibilité des substituts de monnaie bancaires en monnaie or décidée par
les législateurs nationaux depuis la décennie 1930.
Il faut savoir que l'idée du courant de pensée fruit de ce choix était de
séparer les règles de droit de l'économie politique pour donner à cette
dernière un caractère scientifique.
2. Droit ou mathématique.
Comme je l'ai écrit dans mes deux derniers billets, à savoir Le droit de la
garantie en pièces et la
contrefaçon de ce qu'on dénomme aujourd'hui la "monnaie", à la
base de cette situation se trouve le choix de certains économistes, depuis la
début du XXè siècle, tant en France qu'à l'étranger, non seulement de mettre
de côté de leur discipline les règles de droit, mais encore d'y faire
intervenir, à la place, une mathématique, à commencer par exemple par une
"comptabilité bancaire" montée de toutes pièces.
Et ils sont parvenus à leurs fins: telle ou telle mathématique parade, les
règles de droit sont, elles, dans un cul de basse fosse.
Avec la démarche, et selon eux, rien ne pourra donc plus changer
fondamentalement.
3. Droit et échanges économiques.
Pour ces raisons, ce qu'on dénomme "monnaie" aujourd'hui est sans
commune mesure avec ce qui existait il y a un siècle.
Ce qui existait alors résultait, d'une part, des règles de droit, certes
modifiées de façon plus ou moins importante par des législateurs nationaux,
et, d'autre part, des échanges économiques de chacun.
Mais une certaine liberté monétaire continuait à exister bon an mal an.
Et la comptabilité générale résultait directement de ces règles et des
échanges.
Par la suite, la réglementation de l'interdiction de la convertibilité des
substituts de monnaie bancaires en monnaie or a été imposée et a tout
détruit.
Elle a d'autant plus détruit qu'elle n'a pas donné lieu à une modification
des règles bancaires réglementées.
Auparavant, la question était une grande question du même ordre que l'était,
par exemple en France, à la même époque, la question de l'obligation en
certaines matières d'assurance.
S'y est donc ajoutée l'illusion comptable.
Et le mal de la compréhension de la monnaie est devenu profond.
4. Fonctions et comptabilité réglementée de la monnaie.
Ainsi les mêmes continuent aujourd'hui à parler des fonctions de la monnaie
pour définir cette dernière, comme certains le faisaient au XIXè siècle,
comme si l'interdiction n'existait pas et ne l'avait pas profondément
dénaturée.
Et à aucun moment, ils ne font intervenir la "politique monétaire"
comme si celle-ci n'était pas du même ordre, comme si celle-ci n'était pas
une fonction de plus.
Il est aussi question de la comptabilité de la monnaie définie sans relation
avec les règles de droit, en tant qu'arithmétique bancaire dépourvue de ces
dernières, mais réglementée on ne sait trop comment.
Exemplaire est l'arrivée en comptabilité bancaire réglementée de la notion de
"hors bilan" et des rubriques y afférant!
Et les difficultés s'accumulent.
5. L'impasse doctrinale.
Les coups d'Etat perpétrés au XXè siècle par les législateurs en relation
avec l'interdiction de la convertibilité des substituts de monnaie bancaires
en monnaie or n'avaient aucune base doctrinale, sinon l'instauration désirée
d'un socialisme - de diverse nature selon les cas - articulé au moins à ce
qui est dénommé "politique monétaire".
Le livre de Irving Fisher (1927) intitulé The
Money Illusion puis celui préfacé par Francis Delaisi (1929 dans le texte
en français) sont exemplaires sur ce point.
6. L'union bancaire européenne.
A un moment où les gouvernements des Etats des pays de la zone euro cherchent
à instaurer une union
bancaire dans leur zone, leur cas se précise: l'absence de base
doctrinale dans le passé n'a pas aidé, loin de là, telle ou telle
comptabilité bancaire réglementée à s'affirmer.
Celle-ci se fait cruellement sentir et témoigne des affres où se trouvent
leurs dirigeants qui se sont écartés délibérément des règles de droit.
7. La solution.
La solution est pourtant simple: il faut retrouver les règles de droit qui
ont été perdues à cause d'idéologies destructrices.