Le montant de
la dette a atteint, dans de nombreuses économies, des proportions si
élevées que son remboursement par l'utilisation des seules réserves
monétaires actuelles en est rendu impossible. Cela signifie qu'un
défaut massif sur cette dette est inévitable, la seule inconnue
étant ici la nature et le timing de cette future faillite. Deux possibilités se
présentent : soit le défaut de paiement, soit la
création d'une quantité suffisante de monnaie afin de rendre
possible un remboursement de la dette grâce à l'utilisation
d'unités de devises substantiellement dépréciées.
Cette dernière possibilité est souvent décrite comme un
moyen de se débarasser de la dette par
l'inflation'.
Cette
idée qu’il sera possible de régler la question de la
dette par l’inflation est devenue populaire, en partie grâce
à la manière dont la Réserve Fédérale des
Etats-Unis a jusqu'à présent réagi aux crises
financières et à la crise économique. Nous
désirons cependant mettre en avant l'impossibilité de la
réduction de la charge de dettes à laquelle fait face
l'ensemble de l'économie par la seule utilisation de l'inflation
monétaire, à moins d'entreprendre un changement radical quant
à la manière d'agir des banques centrales. En effet, si l'on
considère la façon dont fonctionne actuellement le
système monétaire, nous constatons que la quasi-totalité
de la monnaie est empruntée en échange d’une
création monétaire (toute nouvelle monnaie est
immédiatement accompagnée d'une nouvelle dette). En d'autres
termes, à moins que le mode opératoire des banques centrales ne
se voit modifié, cette idée de se 'débarrasser de la
dette par l'inflation' ne sera pas en mesure de voir le jour; auquel cas la
croissance exponentielle de la réserve monétaire et
l'accélération conséquente du taux de
dépréciation de la devise entraîneront une augmentation
plus rapide de la quantité totale de dette.
Pour
résumer, nous pouvons dire qu’une augmentation de
l’inflation implique une augmentation de la dette.
Selon nous, la
plupart des commentateurs tendant à prédire ou proposer une
augmentation de l’inflation par les des banques centrales et/ou les
gouvernements pour régler la question de la dette n'ont soit aucune
compréhension du processus de création monétaire, soit
aucune réflexion détaillée quant aux mécanismes
du processus d'inflation.
Tant qu'une
nouvelle quantité de monnaie est empruntée contre
création monétaire, la dette économique globale ne peut
être réglée par l'inflation. Cependant, sous le
système monétaire actuel, cela ne restreint aucunement la
possibilité de croissance des quantités de réserve
monétaire. C'est-à-dire que, pour reprendre les termes de
Greenspan, un gouvernement dont la banque centrale est captive ne peut
être en mesure de devenir insolvable, puisqu’elle pourra toujours
respecter ses obligations dans sa propre devise. Un gouvernement peut en
réalité contracter une quantité infinie de nouvelles
dettes à la seule condition que sa banque centrale soit également prête
à les contracter.
L'une des
conséquences à cela serait la possibilité pour la banque
centrale et le gouvernement d'apporter une expansion rapide à leur
réserve monétaire tout en réduisant l'endettement
collectif du secteur privé, en s'assurant que l'endettement du
gouvernement croisse aussi rapidement que l'endettement privé ne
s'amenuise. Le fardeau général de la dette se verrait donc
étendu, mais le secteur privé ne serait plus responsable que
d'une proportion minime.
Si la Fed se
trouvait limitée par ses procédures opératoires
normales*, il serait impossible pour les Etats-Unis de se débarrasser
de leur dette générale par l'inflation, mais une
dévaluation substantielle du dollar par l'accroissement de la dette du
gouvernement resterait plus qu'imaginable. Cela signifie que, si tout le
reste se maintenait, une inflation monétaire associée à
une augmentation massive de l'endettement du gouvernement seraient
en mesure de procurer un bénéfice certain au secteur
privé, réduisant la valeur REELLE de sa dette. Cependant, les
conséquences sur l’économie marchande seraient
désastreuses.
En effet, bien
que les débiteurs du secteur privé bénéficieraient
d’un remboursement de leurs dettes dans une monnaie
dépréciée,
ce coût supplémentaire et l'incertitude causée par
la dépréciation rapide de la devise, la distorsion relative des
prix et l'expansion du gouvernement dévasteraient l'économie de
marché. Dans un tel environnement, les gens possédant une épargne
réelle significative à investir se verraient enclins à
transférer leur épargne hors du pays ou encore à
protéger leur richesse en accumulant des matières
premières, de l’or et de l’argent, et
détourneraient leur épargne des secteurs créateurs
d’emploi. C'est pourquoi le rapport historique est rendu impeccable par
une majorité du public bénéficiant de cette
dépréciation de leur devise par l'inflation.
Steve Saville
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