Début
de l’article
3° Les
solutions concrètes
Mettre en place
un cahier des charges, une charte : Il fixe les prestations minimales
à fournir. (…) On peut se baser sur ce que fait la Sécu
actuelle. Il faut faire vite car elle fait de moins en moins. On pourra en
profiter pour redéfinir les missions de la « nouvelle
Sécu ». Cette mission sera remplie par des assurances
privées et ouvertes à la concurrence. On proposera un panier de
soins, de prestations, socle de la protection sociale. Personne ne pourra
proposer moins, mais on pourra proposer plus.
Tout
Français pourra s’il le souhaite y prétendre. Cela veut
dire qu’il n’y aura pas de filtre à l’entrée.
Plusieurs contrats seront proposés, aucun ne proposera moins que ce
que fait la Sécu aujourd’hui. Chaque Français choisira
celui qui lui convient le mieux.
Ainsi chacun aura la certitude d’être au moins aussi bien
soigné qu’aujourd’hui. (…)
Mettre
en place un système d’aide garde-fou, pour les personnes
démunies de tout : « L’aide sociale » qui
est assistance à son prochain redevient indépendante de la
« Sécurité Sociale » qui est
prévoyance et assurance.
L’aide
sociale consiste à venir en aide à son prochain quand
celui-ci, démuni quelle qu’en soit le raison, ne peut subvenir
à ses besoins. En ce qui concerne notre propos, il s’agit des
besoins concernant sa santé, prévention, traitement, culture de
soin, estime de soi. La santé ne se limite pas au matériel.
L’accès à la santé n’est pas limité
au médical. (…) Il est légitime que ces dépenses
puissent être prises en charge par un système de
solidarité nationale si la prévoyance personnelle n’est
pas suffisante. Légitime ne signifie pas obligatoirement public et
nationalisé. Il restera dans l’optique rigoureuse du filet de
sécurité pour les plus démunis. (…) Il existe de
multiples solutions pour une « solidarité
nationale » (Mutualisation, Prévoyance familiale, assurance
dépendance, fondations etc.). Un élément est important à souligner
c’est le chèque santé. Il consiste en une aide à
la personne démunie de tout, pour lui permettre de
bénéficier de la meilleure couverture. Elle choisit de
l’affecter au prestataire de son choix, la concurrence entre
prestataires joue à plein. Cette personne reste responsable de sa vie,
sa liberté est entière, elle conserve toute sa dignité. Ce chèque pourra être
attribué par l’État, mais pas seulement, dans le cadre du
filet de sécurité, il en définira pour ce qui le
concerne, les critères d’application. (…) Il existera un
filet de sécurité communautaire pour ceux, rares, qui restent
dans la misère. (…) Logiquement bien peu de personnes auront
besoin de ce filet de sécurité, mais il faut qu’il
existe. (…) Une
très faible partie des ressources fiscales de l’État sera
suffisante pour cette protection sociale ciblée. (…)
Privatiser
la couverture sociale. Un système de mutualisation du risque
peut intervenir et lisser les primes entre les bien-portants et les personnes
malades. Un jour les uns seront vraisemblablement les autres. Dans une
mutualisation les primes ne sont pas proposées en fonction du profil
du risque.
Dans
un système d’assurances la personne
intéressée souscrit des primes pour couvrir certains risques,
et le jour où elle en est victime, la compagnie d’assurance
rembourse les frais conformément au contrat prévu. Ce qui
interdit tout changement unilatéral contrairement à notre
Sécu qui du jour au lendemain peut décider, seule, de ne pas ou
moins rembourser les assujettis. (…)La Sécu deviendra une
assurance. Elle sera en concurrence avec les assurances classiques et les
mutuelles. La nouvelle « Sécu-assurance » devra
faire enfin les efforts de rationalisation qui s’imposent. (…) La
mise en concurrence ne peut être que bénéfique à
l’assuré. Pour avoir des clients, il faudra que les prestations
soient élevées, les primes les plus basses possibles, et les
services effectivement rendus avec célérité. Ces
assurances prendront en charge, au minimum, ce qui est aujourd’hui du
ressort de la Sécu et des complémentaires. (…)
Mettre
en place un compte épargne santé : Grâce à
lui la personne peut choisir en toute tranquillité de ne pas
être remboursée au premier euro, mais de prendre elle-même
en charge certains soins. Chacun arbitre entre les soins qu’il confie
à ses contrats d’assurances, et ceux qu’il gère
avec son compte épargne. (…) Enfin ce système compte
épargne-assurance permet une solidarité active entre les
générations, et les gens. N’importe qui peut
volontairement financer pour autrui. Le système
équilibré ne reporte pas sur les générations
futures le financement des soins des générations actuelles. Il
n’y a ni dette ni déficit à faire supporter par les
enfants et petits-enfants, ce qui est de la spoliation universelle et
éternelle mais sûrement pas de la solidarité
intergénérationnelle. (…)
Libérer
les acteurs de la santé : (…) Dans notre pays les prix de la santé ne sont pas libres.
Le principal argument en faveur des prix administrés est qu’il
garantirait l’accès aux soins pour tous, qu'il éviterait
la médecine à deux vitesses. Non seulement ce n’est pas
le cas, mais c’est le contraire qui se produit (exclusion,
déserts médicaux, privilèges, réseaux et passe
droits etc.) (…) Dès aujourd’hui les patients sont
capables d’apprécier la différence du service rendu.
(…) La liberté d’organisation et la liberté des
prix apportent des moyens, des offres et des possibilités nouvelles.
Libérer les prix met fin aux déserts médicaux,
géographiques, professionnels, matériels ou d’horaires.
(…)Le prix libre incite les professionnels à
s’améliorer, et les patients à être vigilants. Il
est donc un repère sur la qualité des soins.
3° Restituer le salaire complet et
la responsabilité personnelle
« J'entends
par propriété
le droit qu'a le travailleur sur la valeur qu'il a créée par
son travail ». La première
propriété à restituer aux Français, c’est
l’intégralité de leurs revenus. Pour un salarié,
cela s’appelle le salaire complet. Il permet de rendre aux
Français leur autonomie matérielle. Ils auront les moyens
d’agir, en particulier lors des privatisations.
Dans
notre pays, le salaire complet est largement supérieur au salaire net
avec lequel nos compatriotes sont habitués à vivre. Il faut y
ajouter essentiellement les charges dites patronales et les charges dites
salariales. Cette division est une illusion. Dans les faits elles sont
prélevées toutes deux sur le travailleur. Raisonner à
partir du salaire complet ouvre des perspectives inimaginables avec le
système actuel. (…)
Des
prélèvements obligatoires réduits au strict minimum. Cela répond à la
question : des impôts pour quoi faire ? Ils financeront
seulement l’État régalien et le filet de
sécurité par « une
contribution unique, proportionnelle à la propriété
réalisée.» Il
n’y aura plus de niches, d’exemptions, de cas particulier etc.
Tous les autres impôts, charges et taxes indirects n’auront plus
de raison d’être. Les Français paieront les produits et
services à leur véritable valeur. Pour en avoir une idée
il suffit que chacun enlève le montant de la TVA à ses achats
ou, plus facile, divise par trois le prix des carburants. Les Français
sauront alors ce que leur coûte vraiment leur État qu’il
soit central, ou décentralisé.
Quel que soit
le prélèvement considéré, il est toujours au
final, payé par l’individu. Les impôts sur les entreprises
ne sont pas payés par l’entreprise mais bien par le consommateur
des produits et services créés par la dite
entreprise.
« Ce n'est jamais sans
créer pour l'avenir de grands dangers et de grandes difficultés
qu'on soustrait l'individu aux conséquences de ses propres actes. »
La spoliation légale et les règlements abusifs
détruisent la Propriété et par conséquent la
Responsabilité.
Malgré
son échec, les gens se tournent quand même vers
l’État et lui réclament de tenir ses promesses, de
maintenir les « droits acquis ». Il ne le peut. Les
individus doivent ouvrir les yeux, la Sécurité Sociale par
l’État est un leurre. L’État providence est
mort ! C’est un fait. Ils doivent en tirer les
conséquences, réclamer la Liberté économique, et
le strict respect des Droits naturels individuels.
Les
personnes doivent désormais accepter d’assumer la
responsabilité de leur vie. Accepter les conséquences de leurs
actes, les bonnes comme les mauvaises. Même en matière de
santé, chacun, libre de son corps, peut faire des choix, en toute
connaissance de cause, et en accepter les conséquences.
« L'homme ne peut vivre et jouir que par une
assimilation, une appropriation perpétuelle, c'est-à-dire par
une perpétuelle application de ses facultés sur les choses, ou
par le travail. De là la Propriété. »
Chacun doit redécouvrir la Souveraineté individuelle et la
coopération spontanée. La bonne voie c’est la voie de la
Liberté. Les particuliers, en recouvrant la responsabilité de leurs
biens et de leur vie, répareront bel et bien les destructions des
politiciens.
L’immense
majorité des ménages n’est pas endettée et
mène correctement sa barque. La prévoyance individuelle est
naturelle. La prévoyance par l’État n’existe pas.
C’est pour cela que l’épargne persiste et
s’accroît. Même dans un pays où les citoyens ne
disposent que de ressources fortement réduites par la spoliation
légale. Elle persiste malgré le fait que les prélèvements
obligatoires soient mis en place par l’État pour éviter
tout souci de l’avenir, santé, retraite, éducation des
enfants. Paradoxe ? Non méfiance !
C’est
la preuve que les gens sont capables, travailleurs, prévoyants et
économes avec le peu qu’il leur reste. Le contraire des
politiciens qui prétendent gérer leurs affaires !
Patrick de Casanove
Sécu : comment faire mieux, éditions Tatamis,
préface d’Henri Lepage, 2012, 176 pages, 14,25 euros.
·
La
Sécu face au défi des innovations et de l'allongement de la vie
: pourra-t-on encore se soigner demain ? Par Patrick de Casanove, sur le site de l’Institut Turgot.
|