Selon le
Financial Times, une étude menée récemment par la
Commission Européenne sur les obligations jointes a conclu que de
l’or aurait pu être utilisé comme nantissement dans le cadre
de l’établissement de ces obligations. Afin de renforcer la
garantie des Euro-obligations, les gouvernements sont autorisés
à faire usage de nantissements grâce, par exemple, à
leurs réserves d’or ‘dont les quantités
excèdent généralement de très loin leurs
besoins’.
La semaine
dernière, le Conseil Mondial de l’Or rapportait que les banques
centrales ont continué d’accumuler de l’or tout au long du
troisième trimestre de cette année et indiquait que ‘les
activités des banques centrales continuent de confirmer nos
prévisions d’achat pour le Q3. Leurs achats nets ont
augmenté au cours de ces trois derniers mois pour atteindre 148,4
tonnes… Cette tendance devrait se poursuivre jusqu’à la
fin de l’année’.
Le caractère judicieux de
l’utilisation d’or comme nantissement et les raisons qui se
cachent réellement derrière l’accumulation d’or des
banques centrales sont deux questions qui méritent d’être
discutées séparément. Le fait est que les banques
centrales semblent concentrer de plus en plus leur attention sur l’or.
Et si même les banques centrales reconnaissent la valeur réelle
de l’or, pourquoi n’existe-t-il pas plus d’investisseurs
particuliers ?
Les
réserves d’or de la BCE
Les banques
centrales de la zone Euro possèdent 10.792 tonnes de métal
jaune. Selon le FT, cela représenterait 6,5% des quantités
d’or extraites jusqu’à aujourd’hui. Cet or a une
valeur approximative de 590 milliards de dollars, ce qui n’est rien en
comparaison à la dette pesant sur la zone Euro, mais qui est toutefois
une somme considérable. Selon le rapport du Conseil Mondial de
l’Or, les ventes d’or des banques Européennes se sont
fortement dissipées ‘à mesure que les turbulences
économiques et financières leur ont fait preuve de la stabilité
que peut apporter l’or à leurs réserves de devises’.
Les investissements des banques
centrales sur le marché de l’or indiquent clairement un
mouvement de long terme. Au cours de Q3, alors que leur accumulation
d’or continuait d’augmenter, le prix de l’or atteignait un
record historique à plus de 1900 dollars, ce qui indique clairement
qu’elles ont non seulement une vision haussière du marché
de l’or, mais qu’elles sont également plus attachée
à la valeur de l’or qu’à son prix.
Même les technocrates se trouvant
au sommet de la machine qui nous a plongés tous autant que nous sommes
dans ce précipice financier, reconnaissent le rôle de protection
de valeur de l’or.
En 2009, le
directeur des opérations de marché de la BCE déclarait
que ‘dans une crise généralisée qui nous a conduit
à la répudiation de dettes étrangères et à
l’isolation internationale de certaines nations, l’or demeure le
moyen de paiement ultime, c’est pourquoi les banques centrales
continuent de l’accumuler’.
De la crise
naît une ruée vers l’or
C’est là exactement ce
dont nous pouvons témoigner aujourd’hui. Nous sommes
plongés dans une crise généralisée, et les
données publiées de toutes parts nous montrent que les banques
centrales réagissent en renflouant leurs réserves d’or.
Le meilleur exemple qui soit est le rapatriement depuis la banque
d’Angleterre de 150 à 200 tonnes d’or par le
président du Venezuela Hugo Chavez. Il ne se passera pas bien
longtemps avant que les pays du monde n’intègrent à
nouveau l’or à leurs opérations commerciales.
Après que certaines personnes
aient suggéré que l’or de l’Allemagne soit
utilisé dans le cadre de la distribution de plans de sauvetage en
Europe, le ministre Allemand de l’Economie Philip Roesler
a déclaré que l’or de l’Allemagne demeurerait
intouchable. Pour lui, le métal jaune est bien trop précieux
pour jouer un rôle dans la crise fiduciaire et ne devrait être
utilisé que dans le cadre de l’établissement d’un
nouveau système monétaire.
Le directeur
des opérations de marché de la BCE a ajouté que
‘quatre raisons se cachent derrière l’accumulation
d’or des banques centrales. La sécurité
économique, la capacité à faire face à des
imprévus, la question de confiance et le risque lié à la
diversification’.
Ces quatre critères doivent
être pris en compte non seulement par les banques centrales mais
également par les investisseurs, les épargnants et toute
personne qui tienne un minimum à son capital.
La
sécurité économique
L’or a été choisi
comme devise à travers les temps en raison de ses qualités
uniques et de sa réputation méritée de réserve de
valeur en temps de crise. Tout au long de l’Histoire, les civilisations
ont accumulé de l’or pour faire face à la crise.
L’un des exemples les plus souvent cités est celui des Juifs qui
ont fui l’Allemagne avec des barres d’or avec la certitude
qu’elles leur permettraient de protéger leur capital, où
qu’ils aillent.
L’un des meilleurs exemples du
rôle de l’or en tant que protection contre les turbulences
économiques est la consistance de son pouvoir d’achat à
travers les âges. Par exemple, selon les recherches de James Turk, le prix du pétrole en grammes d’or
n’a pas augmenté depuis 1945, contrairement à son prix en
dollars qui a augmenté au-delà de toute attente.
La capacité
de l’or à faire face aux imprévus
Le FMI
décrit la présence d’or sur ses bilans comme fondamentale
et dit vouloir continuer de posséder des quantités
substantielles d’or parmi ses actifs, non seulement pour des raisons de
prudence, mais également pour pouvoir faire face aux imprévus.
Après que le directeur de la BCE
ait fait mention d’imprévus, il a cité comme exemple le
cas de l’inflation, un indicateur économique duquel tout le
monde se soucie. Cette semaine, Casey Research
indiquait que ‘la prochaine étape de cette crise de la dette
sera une accentuation de la perte de confiance envers les devises
fiduciaires. Une telle crise des devises se mesure traditionnellement par une
hausse de l’inflation qui engendre une hausse des taux
d’intérêts qui à leur tour ne font rien pour
améliorer la situation.
L’inflation catastrophique dans
laquelle sont plongées les devises en zone Euro et en Grande-Bretagne
va bien au-delà des prévisions des banques centrales et ce,
malgré la manipulation de l’inflation qui permet
d’amoindrir son taux réel. L’inflation est une
confiscation de capital causée par une augmentation de la base
monétaire.
Le système actuel permet aux
banques, et pas seulement aux banques centrales, de créer de la
monnaie et de nourrir l’inflation. Nixon a fermé le guichet de l’or
en 1971, c’est pourquoi il ne faut pas s’étonner si une
voiture qui coûtait 3542 dollars en 1971 vaut 30.000 dollars
aujourd’hui. Ajoutez à cela les vagues de quantitative easing et plans de sauvetages, et il devient
évident que les banques centrales et hommes politiques ont perdu le
contrôle de l’inflation.
Acheter de l’or physique est un
bon moyen de protéger votre capital. Ses réserves disponibles
sont inélastiques, et personne ne peut en influencer la valeur
à la baisse en en créant plus, contrairement à notre
système papier. L’or, comme nous l’avons vu plus haut, est
une ressource finie, et l’inflation de ses réserves disponibles
n’est influencée que par les nouvelles découvertes minières
qui, par nature, sont limitées.
Une question de
confiance
Si les banques centrales
achètent davantage pour diversifier et sécuriser leur capital,
cela signifie que même ceux qui participent au paradigme
monétaire actuel ont des doutes quant à sa stabilité.
Tout au long de l’Histoire, les individus s’en sont toujours
retournés à l’or en temps de crise. Les crises ne sont
autres que le début de l’effondrement d’un système
monétaire fiduciaire.
Jamais un système fiduciaire
n’est parvenu à subsister plus de 40 ans. Notre système
actuel est le seul de son genre à avoir tenu debout si longtemps, bien
qu’il ait vu le prix de l’or augmenter de 500% sur 10 ans. Si
cela ne signifie pas que les gens perdent confiance en la devise fiduciaire
et se tournent vers l’or, en alimentant la demande, alors je ne sais
pas de quoi il s’agit.
La raison pour laquelle nous avons,
jusqu’à présent, accepté d’utiliser des
morceaux de papier comme monnaie n’est autre que la confiance que nous
leur portions autrefois. En revanche, ayant assisté aux
incohérences causées par l’effondrement de Northern Rock et l’implosion de la crise des subprimes aux Etats-Unis, nombreux sont ceux qui se
demandent désormais si les banques seront un jour capable de leur
retourner leur monnaie. Aujourd’hui, tous ceux qui possèdent des
comptes en banque en Angleterre sont protégés à hauteur
de 85.000 livres. Mais combien de temps un tel système pourra-t-il
encore être supporté ? Qui peut bien garantir le
gouvernement Britannique ?
Et personne ne semble se demander
d’où proviendrait tout cet argent... Combien de temps cela
pourra-t-il durer ? Notre gouvernement n’est pas loin
derrière celui de l’Irlande, une nation qui elle aussi avait
promis sa protection à ses contribuables et à ses banques. Le
gouvernement peut-il protéger toute notre épargne ? Je ne
pense pas.
Le problème
de la diversification du risque
C'est sans surprise que cet argument
apparaît bien souvent comme le plus persuasif de tous. Seuls
très peu de personnes comprennent que leur banque est en banqueroute.
Seuls très peu de personnes épargnent sur l’or, qui ne
représente qu’1% du total des actifs financiers.
Aujourd’hui, les banques centrales sont plongées dans une
situation difficile et même, elles apprécient de se diversifier
en-dehors du système fiduciaire.
Malheureusement, de nombreux
investisseurs n’ont pas encore commencé à allouer leur
capital à la manière des banques centrales. Des études
ont prouvé que les portefeuilles d’investissement qui ne
contiennent pas d’or souffrent de bien plus de volatilité que
ceux qui en disposent.
Comme beaucoup de gens le savent, le
système monétaire qui tient en otage notre capital est
basé sur une unité de compte instable. Cette instabilité
apparaît pour une multitude de raisons allant de la création de
crédit à la réserve fractionnaire en passant par les
instruments financiers et la capacité des banques centrales à
manipuler la masse monétaire. Au beau milieu de tout cela, l’or
a su prouver de son utilité en tant que réserve de valeur sur
le long terme.
Voilà donc ce qu’il se
passe : les banques centrales se tournent vers l’or - et ce pour
quatre raisons, qui nous mènent toutes à la même
conclusion. L’or est une monnaie historiquement saine, stable et qui
conserve sa valeur dans le temps. Il semblerait que les banques centrales
commencent à perdre confiance dans le papier imprimé par leur
gouvernement et dans le futur qui se présente devant nous. Il serait
bon que nous aussi reconsidérions la sécurité de notre
capital.
Comme le suggère Jim Sinclair,
chaque investisseur devrait être sa propre banque centrale.
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