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Cours Or & Argent

Très chère banque…

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Publié le 07 juillet 2009
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Rubrique : Editoriaux





Ce texte est un « article presslib’ » (*)



Un pan entier du PPIP (Public-Private Investment Program), le plan Geithner de rachat des actifs toxiques aux banques, a été remis à plus tard indéfiniment, selon cette magnifique formule évitant de reconnaître qu’il a été jeté à la poubelle. Ce qui reste de ce plan a été retaillé, peut-être provisoirement dans l’attente de voir ses résultats, ne mobilisant plus que 20 milliards de dollars au lieu des 50 initialement annoncé en mars dernier. Dès la semaine prochaine, dix gestionnaires vont recevoir chacun 1,1 milliards de dollars afin de financer l’achat de valeurs adossées à des prêts immobiliers. 10 milliards de dollars vont être consacrés par ailleurs à des « government-backed loans », garantissant les prêteurs contre les défauts de remboursement, afin de favoriser les refinancements des prêts.

Cette décision qui tardait a été justifiée au nom du « retour de la confiance », qui s’est exprimé par la réaction positive des investisseurs aux récents appels de fonds, aboutissant à lever une centaine de milliards de dollars en faveur de 19 banques. Une opération magistralement orchestrée dont les résultats des stress tests ont été le démarrage.

« Cela ne me choquerait pas, a déclaré à l’agence Bloomberg Douglas Elliott de Brookings Institution, un « think tank » de Washington, si ce programme en restait là ». Ajoutant, pour classer le dossier : « Cela sera bien de voir toutes ces valeurs évacuées des bilans des banques, bien que je ne pense plus que leur présence y soit critique ».

Le gouvernement allemand semble ne pas faire preuve de la même mansuétude à l’égard de ses propres banques. Peer Steinbrück, le ministre social-démocrate des finances a expliqué dans le journal du dimanche Bild am Sonntag que les banques empruntent actuellement beaucoup d’argent à la Bundesbank, au taux de 1% et « investissent cet argent en devises, en titres à revenu fixe, et en actions plutôt que de le prêter sous forme de crédit ». Si la crise du crédit dont pâtissent les entreprises devait se poursuivre, le gouvernement et la Bundesbank devraient « trouver des solutions » qu’il n’a pas voulu préciser. Le président du groupe des chrétiens-démocrates (CDU) au parlement, Volker Kauder, n’a pas été en reste dans Welt am Sonntag, qualifiant d’ « inacceptable » le fait que les banques utilisent l’argent public « principalement pour elles-mêmes ».

Le Bundestag avait adopté hier la loi autorisant les banques à créer des bad banks, afin de relancer le crédit. Dans un premier temps, 230 milliards d’euros d’actifs toxiques pourront y être parqués pour une durée maximum de vingt ans, en attendant des jours meilleurs.

Enfin, pour poursuivre ce panorama bancaire, on continue de s’interroger sur ce que les banques européennes font des injections de liquidité gigantesques dont elles bénéficient grâce aux largesses de la BCE.

Les banques ont en réalité une priorité absolue : la reconstitution de leur marge. Bénéficiant, à l’inverse des entreprises, de taux très bas, elles se rémunèrent facilement en investissant dans la dette publique. Dans les emprunts d’Etat allemands, les T-bonds à 10 ans ou encore les OAT, les obligations de l’Etat français. Dans ce secteur, les taux varient entre 3 et presque 4%, la marge est toute trouvée lorsque l’on emprunte à 1%.

Un autre aspect du mécanisme n’est pas difficile à démonter, les Etats empruntent aux banques privées à un taux plus élevé que celui que les banques centrales consentent à ces dernières. La BCE, ne pouvant pas statutairement acheter des obligations d’Etat, comme le fait entre autre la Fed, utilise un moyen détourné aboutissant au même résultat, mais au détriment des budgets publics.

Les autorités feignent de considérer comme une crise de liquidités ce qui est une crise de solvabilité, afin de financer discrètement un système bancaire en détresse. Invoquant patiemment le lent retour de la confiance pour justifier un crédit toujours aussi difficile d’accès et cher. Se singularisant, les Allemands multiplient les initiatives en propre, commençant à trouver le temps long et l’addition trop salée. Ils ont ainsi dernièrement adopté de premières mesures de contrôle renforcé de leurs banques.

Le regretté Francis Blanche écrivait à la perception des impôts en commençant ces lettres par « cher Trésor », allons-nous devoir écrire « chère banque » à nos gestionnaires de compte ?


*Billet rédigé par François Leclerc


               

Paul Jorion

pauljorion.com


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(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.


Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).



Les vues présentées par Paul Jorion sont les siennes et peuvent évoluer sans qu’il soit nécessaire de faire une mise à jour.   Les articles présentés ne constituent en rien une invitation à réaliser un quelconque investissement.  . Tous droits réservés.




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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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