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Un Dow à 20.000, une dette de 20 trillions $, et Trump

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Publié le 20 juin 2017
2114 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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Rubrique : Or et Argent

Au cas où vous auriez passé ces quelques derniers mois dans une grotte, sachez que le Dow Jones a atteint 20.000 points en début de semaine, pour la première fois depuis sa création il y a 132 ans.

Depuis l’élection de Trump, les indicateurs du marché, à l’inclusion du Dow, n’ont cessé de grimper – un phénomène qui a été baptisé « reprise de Trump ». Et le récent record du Dow est quelque chose dont le nouveau Président est heureux de s’attribuer le mérite. Il est allé jusqu’à tweeter « Great! #Dow20K ».

Il a expliqué à ABC News que :

« Nous venons d’atteindre un record, un chiffre qui était encore jamais vu. J’en suis très honoré. Mais il faut maintenant que ça continue à grimper, grimper, et encore grimper… »

Le conseiller de Trump et partisan d’une dévaluation accrue du dollar, Anthony Sacramucci, s’est rendu sur Twitter pour remercier le Président Trump pour avoir apporté les meilleures performances du marché boursier enregistrées après une élection présidentielle depuis 1990.

Très peu ont souligné que ce dernier jalon du Dow est survenu à une époque où les Etats-Unis se noient dans une mer de dette – une dette qui atteindra elle-aussi un record sous ces quelques prochaines semaines, pour atteindre 20 trillions de dollars. Le chiffre deux est présent dans ces deux records, et les deux records affichent beaucoup de zéros. Le deuxième est cependant bien plus important que le premier.

En termes de valeur, un Dow à 20.000 ne signifie pas grand-chose. A vrai dire, en termes de valeur réelle (en termes d’or), le Dow n’est pas beaucoup plus élevé qu’il ne l’était lorsqu’il a pour la première fois franchi la barre des 1.000 en 1972.

Refaire des Etats-Unis une grande nation devrait signifier redonner de la valeur aux Etats-Unis

Le Dow a enregistré des performances impressionnantes depuis le 8 novembre, et gagné environ 9,5%. Les actions de Trump depuis son élection et son investiture (depuis ses tweets jusqu’à ses ordres exécutifs) ont jusqu’à présent généré une réponse positive de la part des marchés.  

Il ne fait aucun doute que depuis son inauguration, le nouveau Président ait travaillé très dur pour s’assurer de tenir les promesses faites pendant sa campagne. Qui se regroupent toutes sous le message principal de sa campagne : « refaire des Etats-Unis une grande nation ». Les activités de marché présentent tous les signes de ce que Keynes aurait appelé l’esprit animal – l’auto-alimentation des marchés qui se développe lorsque le niveau de confiance est élevé.

En conséquence, il semblerait que les marchés américains se portent bien, raison pour laquelle le Dow Jones a atteint un haut historique en termes nominaux. Mais comme nous avons pu l’apprendre d’Obama et de tous les autres avant lui, il n’est absolument pas justifié de décréter qu’un nouveau record de marché signifie quoi que ce soit, particulièrement lorsqu’une telle déclaration est basée sur des informations issues d’un système monétaire imparfait et un dollar dévalué - sans oublier toutes les autres devises du monde qui le sont aussi.

Le Dow enregistre une séquence victorieuse depuis 2009. Tout au long des deux présidences d’Obama, l’index a grimpé de 144%, le S&P 500 de 172% et le Nasdaq Composite de 275%. Et personne ne peut déclarer que ces hausses aient été liées uniquement à l’administration Obama. Certains ont même avancé l’idée que ces hausses ne soient pas le reflet des décisions du 44e Président des Etats-Unis en matière d’économie, mais la conséquence des décisions des banques centrales aux Etats-Unis comme ailleurs – qui ont impliqué des programmes d’assouplissement quantitatif et des expériences monétaires sans précédent avec des taux d’intérêt à zéro pourcent ou négatifs.

Il est pertinent de noter ici que les marchés boursiers du Venezuela, et du Zimbabwe avant lui, ont enregistré d’excellentes performances ces dernières années.

Bien que Trump soit impatient de battre les chiffres du marché boursier enregistrés sous Obama, il était un critique très vocal des « mensonges » sur lesquels son prédécesseur basait ses indicateurs de performance économique. Je me demande si Trump se souviendra de ses propres propos lorsqu’il publiera de nouveaux tweets d’auto-louange quant au succès du Dow Jones.

Le Dow Jones – une mauvaise manière d’évaluer les performances d’un investissement et de l’économie

Pour commencer, le Dow Jones est une étrange manière de mesurer le succès d’une économie. Il existe des centaines de sociétés cotées en bourse aux Etats-Unis, mais le Dow n’en considère que trente. L’inclusion de ces trente sociétés n’est pas clairement expliquée, et leurs performances sont déterminées grâce au diviseur du Dow (actuellement de 0,14602128057775).

Trump célèbre un phénomène qui s’est développé dans le cadre de ce qu’il a lui-même qualifié de « fausse économie », une économie qu’il a hérité d’Obama et dont il continue de profiter – l’économie qui a été gonflée par la Réserve fédérale et par une forte hausse de la dette publique et privée.

Quand vous observez le Dow Jones contre quelque chose qui a su maintenir sa valeur, plutôt que contre un dollar dévalué et une économie américaine artificiellement stimulée, la situation d’ensemble semble bien différente.

Le Dow Jones et l’or

Sir Charles, de chez pricedingold.com, souligne que le Dow, en termes d’or, est aujourd’hui loin d’être aussi élevé que ce qu’il était en 1999, alors qu’il s’affichait à 1.110 grammes d’or après que le Dow a grimpé jusqu’à 11.700 points alors que l’or atteignait un bas historique de 240 dollars par once. Le jour de l’inauguration de Trump, le Dow s’affichait à 530 grammes d’or.

La barre des 20.000 points marque certainement un niveau psychologique majeur pour les négociants et les marchés, comme l’a fait la barre des 1.000 points en 1972… puis celle des 5.000 points en 1995, celle des 10.000 points en 1999 et celle des 15.000 points en 2013. La différence entre les jalons de 1972 et d’aujourd’hui est qu’à l’époque, le Dow était influencé par une vraie économie, par de vrais profits et par une véritable croissance.

Sir Charles poursuit :

« Le passage de la barre des 1.000 points en novembre 1972 a été un moment émotionnel pour les négociants et pour les investisseurs du monde. Il a semblé marquer une nouvelle ère de prospérité, même si en coulisses, l’inflation et la récession se préparaient à entrer en scène. Un Dow de 1.000 points représentait alors 430 grammes d’or. Sur le reste de l’année 1972, il s’est maintenu entre 450 et 500 grammes d’or. »

Il a fallu atteindre 1973 pour que les choses se défassent et que le dollar et le marché boursier commencent à décliner. Le Dow a atteint un bas historique de 37 grammes d’or en 1980. Si une même situation se présentait aujourd’hui avec un Dow à 20.000 points, le prix de l’or devrait passer à 15.384 dollars l’once.

Le plus important marché haussier du Dow a commencé en 1980. Selon Sir Charles, il nous faut désormais nous demander si nous « suivons désormais la trajectoire du début des années 1980, ou si nous allons bientôt traverser de nouvelles années 1974-77. »

Trump, la Fed et l’or

La réponse à cette question réside en la personne de Donald Trump. Comme nous l’avons déjà vu, bien que les récents hauts du Dow ne signifient pas grand-chose en termes réels, le Dow demeure un indicateur important des attentes des négociants envers Trump et ses politiques – du moins sur le court terme.

Trump est un Président qui a été élu en conséquence de ses promesses de redonner vie à une vraie économie et de reconduire son pays vers sa gloire passée. Et cela signifie certainement aussi une devise qui vaille encore quelque chose.

Malgré les commentaires émis par Trump tout au long de sa campagne quant à la force du dollar, il n’a jusqu’à présent rien fait qui indique qu’il ait trouvé une solution au problème du système financier. Il nous parle de dollar fort par rapport aux autres devises, et non en termes réels.

Pour Trump, la solution semble être le protectionnisme, ce qui n’est en fait qu’un moyen de couvrir de papier des fondations fissurées et vulnérables. Les lois économiques et le dilemme de Triffin nous expliquent pourtant que Trump ne pourra pas avoir le beurre et l’argent du beurre – et qu’il existe une incompatibilité entre les politiques domestiques d’un pays (qui opère une devise de réserve globale) et l’ordre monétaire international.

La solution réside peut-être en une réforme monétaire. Une chose que les personnes qu’il a récemment nommées ne pensent pas faisable.

Tout au long de la période de campagne, nous avons beaucoup entendu parler de la valeur du dollar et d’un possible retour à sa gloire passée au travers d’une réforme et d’un étalon or. Depuis l’investiture de Trump, le sujet n’a plus jamais été abordé.

D’un point de vue libertaire, Trump s’est prouvé être très décevant… aussi bien en termes économiques qu’en termes de politiques monétaires qu’en termes de politiques étrangères expansionnistes voire quasiment impérialistes.

Si Trump cherche vraiment une raison de se vanter sur les médias sociaux, et redonner aux Etats-Unis de leur lustre d’antan, il devrait commencer par défendre une monnaie honnête et baser ses politiques sur quelque chose dont la valeur est incontestable : l’or. Jusqu’à présent, il a fait exactement le contraire, et embrassé des politiques fiscales expansionnistes qui devront être financées par un Etat souverain déjà surendetté.

L’édito du New York Sun de cette semaine a très bien résumé la situation :

« Le moment est venu de souligner l’importance d’une réforme monétaire digne de ce nom – un point qui a été avancé dans l’article d’opinion de John Mueller du 24 janvier. Il y explique que le véritable problème commercial de Trump n’est pas un manque de protectionnisme mais l’absence d’un système monétaire approprié. ‘Quand les Américains avaient encore un étalon or ou argent, le budget fédéral enregistrait un surplus annuel d’environ 0,4% du PIB,’ écrit-il. ‘En l’absence d’un étalon or ou argent, le déficit moyen était de 2,7%’.

Mais qui mènera à bien cette réforme pour le Président Trump ? Il aura la chance de pouvoir nominer deux gouverneurs de la réserve fédérale et, d’ici peu de temps, de remplacer son directeur et son vice-directeur. Ces choix auront une grande importance. Steve Munchin, qui a été nominé par Trump au poste de Secrétaire du Trésor, semble indifférent à la cause de la monnaie saine. Le vice-président Pense, en revanche, s’y oppose complètement. Et le Sénateur Cruz a déjà été mentionné comme futur directeur potentiel de la Fed.

Rien de certain ici, mais le Sénateur du Texas a certes été le premier candidat à propulser la question de politiques monétaires au cœur de la campagne. Cette semaine, l’éditeur de l’Interest Rate Observer, James Grant, a fait une suggestion plus rusée : ‘Serait-il tiré par les cheveux d’imaginer Stephen Bannon aux commandes d’une Réserve fédérale trumpienne ?’ Monsieur Bannon pourrait être celui dont nous aurons besoin si M. Trump se trouvait forcé d’adopter une réforme pour soutenir sa présidence radicale. »

Un retour à un étalon or ne semble peut-être pas imminent, mais si la présidence de Trump continue d’être aussi radicale qu’elle l’a été jusqu’à présent, une réforme monétaire pourrait vite devenir plus plausible.

En revanche, la nécessité pourrait forcer la main du Président plus que la prudence. Et compte tenu de l’échelle de la dette des Etats-Unis, une crise du dollar semble aujourd’hui inévitable. Le nouveau Président pourrait se trouver obligé de se tourner vers l’or pour restaurer la confiance du public en son billet vert.

Conclusion – un dollar fort ou une crise du dollar ?

Sir Charles présente très bien la situation actuelle. Pour lui, l’or n’est pas parfait, mais…

… « il a su résister aux épreuves du temps, à la fois en tant que monnaie et de mesure de valeur, des milliers d’années durant – alors même que des centaines d’autres devises ont péri et depuis longtemps disparu. »

Jusqu’à présent, Trump ne semble qu’avoir accéléré les tendances financières, monétaires et géopolitiques qui étaient déjà en place. Ce qui s’est développé presqu’imperceptiblement sous Bush II et Obama devient aujourd’hui plus apparent, et continue de s’intensifier. Les guerres sont quelque chose de très cher, qui sont désormais financées par une rapide dévaluation de devise.

Trump accélèrera-t-il le déclin et la dévaluation du dollar au fil de sa présidence ? Ou refera-t-il d’une dollar une grande devise pour restaurer son lustre d’antan ?

Le début de sa présidence ne laisse supposer rien de bon, et souligne encore une fois l’importance d’un investissement sur l’or pour nous protéger des risques géopolitiques, des bulles sur les actions et obligations et de la dévaluation continuelle des devises fiduciaires.

 

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