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Cours Or & Argent

Une chatte n’y trouverait plus ses petits

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Publié le 09 juillet 2011
1422 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Partie pour durer, la confusion s’est hier encore intensifiée en Europe, au départ de Rome, Berlin et Francfort. Aucune solution n’est toujours en vue à propos de la participation des institutions financières au second plan de sauvetage de la Grèce. Au contraire, la BCE a du agir dans l’urgence afin d’éviter que le Portugal soit précipité dans l’abîme, risquant d’entraîner l’Espagne. On connaît le scénario.


Le Conseil des gouverneurs de la BCE a fait pour le Portugal ce qu’il se refuse à accepter pour la Grèce : il est passé par dessus l’avis des agences de notation en suspendant le seuil minimum de notation des obligations souveraines permettant de les accepter comme collatéral. Ce faisant, il a sauvé le système bancaire portugais ainsi que tous les grands émetteurs de dette, publics et privés, du pays.


Afin de couper court à l’idée que cette décision préfigurerait celle qu’il devra prendre dans le même sens vis-à-vis de la dette grecque (ce qui vaudrait acceptation de la restructuration actuellement repoussée), Jean-Claude Trichet s’est voulu inflexible : « Notre position n’a pas changé. Pas d’événement de crédit, de défaut ou de défaut partiel. Point » a-t-il martelé dans le détail, pour parer à toutes les subtilités. Il s’est refusé à commenter plus avant le sujet, arguant qu’il est du ressort des Etats de trouver la solution. Ayant toutefois en magasin, sans en faire état à ce stade, la possibilité d’effectuer des prêts d’urgence aux banques grecques (on l’a vu en Irlande, selon un montage scabreux qui en déléguait le pouvoir à la Bank of Ireland).


C’est à la recherche de ces subtilités introuvables que, pour la seconde fois consécutive en deux jours, non plus à Paris mais à Rome, les grands financiers tous genres confondus se sont réunis. Représentants des mégabanques (et de l’Institute of International Finance, qui joue un rôle pivot), de la Commission de Bruxelles, de la BCE, du Trésor Italien et du gouvernement grec – la liste exacte n’est pas connue – constituent désormais un étrange dispositif informel, à géométrie variable suivant les jours, qui mélange les torchons et les serviettes ! Symbolisant de manière crue une réalité du pouvoir financier généralement masquée. Les temps imposant d’aller à l’essentiel, quitte à se découvrir.


On ne sait plus très bien ce que les participants à ces réunions cherchent, sauf à accentuer un désordre bien avancé. Les hypothèses se multiplient, leur étude ne donnant jamais satisfaction, la participation des institutions financières relevant d’une nouvelle quadrature du cercle et les meilleurs esprits de la finance ne parvenant pas à la résoudre.


Voilà qui semble donne raison à ceux qui commencent à publiquement reconnaître qu’un défaut grec est inévitable et, après tout, peut-être pas si redoutable. Ou à Wolfgang Schaüble, ministre allemand des finances, qui a considéré hier depuis Berlin que, puisque aucune forme de restructuration – même les plus sophistiquées – n’avait l’heur de plaire à la BCE et de faire accord entre mégabanques, autant procéder à un échange de titres, tout simplement. Ce qui reviendrait à étaler la dette de la durée des nouvelles obligations émises, ou de diminuer à maturité identique, leur taux.


La multitude des acteurs de cette plaisanterie va-t-elle sortir de l’imbroglio actuel pour parvenir à un compromis ? Ce sera l’un des deux feuilletons de l’été, avec celui de la dette américaine.


Il est beaucoup question, aux Etats-Unis, que le gouvernement américain puisse jouer une seconde fois les prolongations, si un accord au Congrès n’’intervient pas avant la date fatidique du 2 août à propos des mesures d’économie à prendre et du plafond de la dette à relever. L’alinéa 4 du 14éme amendement de la Constitution pourrait le permettre, est-il évoqué dans la presse, évitant un défaut de paiement agité comme un chiffon rouge dans le cours de la bataille politique qui fait rage (ce qui n’enlève rien à la réalité de ses dangereuses conséquences). Son application permettrait de recourir à de nouveaux expédients et gagner à nouveau du temps, peut-être même plusieurs mois, soit en différant certaines dépenses pour en privilégier d’autres, soit même en vendant de l’or en dernière extrémité…


Les conséquences d’une telle échappatoire sur le marché obligataire, déjà soumis à d’importantes demandes et de fortes tensions, dans le contexte qui s’annonce très dur des prochaines élections présidentielles, ne sont pas prévisibles.


Aux Etats-Unis et en Europe, les autorités sont entrées dans la dernière ligne droite. Le temps qu’elles peuvent encore espérer gagner leur est compté, le prix qu’il va falloir le payer est ignoré. Que les agences agissent ou non en bons conseils des marchés n’empêche pas moins ceux-ci de réagir, faisant à nouveau grimper les taux d’un groupe de plus en plus important de pays, associant à la Grèce, au Portugal et à l’Irlande, l’Espagne et l’Italie. Une évolution qui a fort peu de chance de s’inverser et sonne le glas de tous les espoirs de contenir la crise de la dette par les moyens actuellement envisagés. Car si les taux varient, il est à remarquer qu’ils se tendent bien plus qu’ils ne se détendent ensuite, pour finalement ne faire que monter.


Nous connaîtrons aujourd’hui les acrobaties que le FMI va effectuer, afin de selon toute vraisemblance débloquer le versement de la tranche déjà accordée de leur prêt, et par ricochet la part des Européens. Car le défaut grec n’attendrait pas, sinon. Mais dans quelles circonstances et comment la BCE va-t-elle devoir se résoudre à manger son chapeau, car il ne semble pas se dégager d’autre issue ? Le suspens va s’intensifier, toutes les autres solutions allant continuer d’être en priorité explorées. Mais ce qui sera déterminant et incontournable, ce sera le simple déroulement de la logique imparable de la crise de la dette : elle est trop grosse pour être digérée, ce que le marché obligataire anticipe.


La BCE estime avoir fait sa part et donné en engrangeant sous forme d’achats ou de prises en pension une masse importante de titres de la dette, à la valeur incertaine, et veut désormais que les Etats, c’est dire les contribuables, assument la suite. Elle ne veut pas de défaut, car elle craint que les tensions qui en résulteraient sur le marché obligataire n’atteignent non seulement les Etats, mais aussi les banques et les grandes entreprises. Car si les émetteurs sont divers, le marché est unique. Les gouvernements, quant à eux, cherchent à minorer le montant de ce qu’ils vont de nouveau avoir à débourser ou à garantir.


Les banques, les agences, la BCE… la liste des méchants qui se disputent entre eux s’allonge, les gouvernements qui voudraient éviter d’y figurer en première ligne acculés à avaliser cette perspective tout en cherchant à la rendre politiquement et socialement pour eux soutenable. Ce qui est en cause, c’est de soulager la pression grâce à une soupape, sous la forme de l’affichage d’un partage de la charge financière avec les banques, telle une opération de relations publiques. Dans l’immédiat, les contradictions s’expriment en se renforçant. A l’arrivée, les apparences seront décisives, les habillages feront foi.


Certaines compagnies transnationales cherchent à se faire une image flatteuse, en développant sous leur marque ce qu’elles présentent comme la création de la valeur partagée, celle-ci n’étant plus entièrement réservée aux actionnaires (et aux gestionnaires). Dans des domaines vitaux les plus variés, de nouveaux produits sont commercialisés à l’intention des plus démunis des pays pauvres, fonctionnels mais adaptés à leur faible pouvoir d’achat, sans autre prétention que d’atteindre l’équilibre économique sur ces marchés assez particuliers.


Les banques européennes sont appelées à appliquer cette même stratégie de marketing défensive. Soit en diminuant sous d’amicales pressions gouvernementales certaines commissions facturée à leur clientèle de dépôts, soit en participant à des montages pour le moment introuvables, leur permettant d’apparaître sous leur meilleur jour tout en étant dans les faits garanties contre les pertes. Voilà l’un des enjeux des conciliabules en cours. Aux Etats-Unis, on a observé comment la problématique des frais bancaires abusifs a suscité et continue de le faire, autour de la question de l’agence gouvernementale de protection des consommateurs et de la nomination à sa tête d’Elizabeth Warren, une des plus virulentes levées de boucliers…




Billet rédigé par François Leclerc




Paul Jorion








(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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....au second plan de sauvetage de la Grèce...
Quelle malhonnêteté intellectuelle alors que l'on devrait uniquement dire : Le renflouement des banques et des hedge Funds qui ont prêté à la Grèce, puisque c'est la destination des fonds débloqués avec la garantie des gouvernements et.... du contribuable.
M. Jorion est en pleine confusion mentale ou cherche à propager de la désinformation, encore appelé propagande.
http://www.zerohedge.com/article/us-taxpayers-just-paid-780-million-fund-latest-greece-bailout-tranche
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....au second plan de sauvetage de la Grèce... Quelle malhonnêteté intellectuelle alors que l'on devrait uniquement dire : Le renflouement des banques et des hedge Funds qui ont prêté à la Grèce, puisque c'est la destination des fonds débloqués avec la g  Lire la suite
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