En 1977, la caste politique découvrait un nouveau gâteau à se partager en fondant un « plan banlieue » qui allait progressivement devenir « politique de la ville », avec ministère et émoluments attachés. Et comme toute créature politique, son budget et ses dérives n’auront cessé d’augmenter les années passant.
Quarante années plus tard, on est assez loin des buts fixés par un Raymond Barre décidé à « enrayer la dégradation physique et sociale ». Cette politique s’est institutionnalisée de tous les côtés et un peu n’importe comment, de zones urbaines émotives sensibles en zones de redynamisation voire de franchise urbaine, depuis les collectivités territoriales de toutes tailles en passant par de multiples agences jusqu’au niveau national où se sont succédé plans et ministres avec belle cadence et bel appétit d’argent public, d’ailleurs régulièrement pointés du doigt par la Cour des Comptes. Car ce sont des centaines de millions d’euros, tous les ans, qui partent dans ces projets, associations, agences, institutions diverses et variées.
Or le résultat est pour le moins décevant : malgré ces milliards d’euros brûlés, on constate la multiplication d’affaires de corruptions dans la construction sociale, dans le BTP, dans les déclarations de constructibilité, des HLM inoccupés par milliers, alors qu’il manquerait toujours plus de logements, et une hausse des inégalités.
On a vu se multiplier les cités de non droit, dans lesquelles se développe un commerce alternatif, voire carrément stupéfiant, qui, s’il « emploie » une masse grandissante d’individus, rapporte trop peu à l’État et entraîne parfois des tensions locales au niveau du « vivrensemble ».
Et malgré une politique de la ville permanente et tous azimuts, on voit se multiplier les jungles et autres bidonvilles, ainsi que les terrains squattés par la famille toujours nombreuse de Jean du Voyage.
Bref, cette politique de la ville est un échec. Pourquoi ? Mais parce qu’on a été trop timoré, parce qu’on a fait dans la demi-mesure, qu’on n’en a pas fait assez, pardi !
Alors, bien évidemment, si on peut très bien envisager de corriger les tendances ici et là, s’il semble impératif de continuer les grandes (et magnifiques) œuvres régulatrices qui permettent à chaque député et chaque ministre de laisser une trace dans l’histoire sous la forme d’une loi rutilante et bien pensée, il n’en reste pas moins que, pour s’assurer enfin d’un succès éclatant, la République doit passer à la vitesse supérieure.
C’est pourquoi je pense maintenant indispensable de donner une nouvelle dimension à la politique de la ville.
Ainsi, pour lutter contre la corruption dans le BTP, dans l’immobilier et les logements sociaux, le plus simple est d’enfin nationaliser l’ensemble du secteur. La mesure est d’ampleur, je le conçois, mais regardons ensemble les avantages évidents qu’on peut en retirer.
Déjà, la répartition des biens immobiliers sera faite au gré de lois finement ciselées, et non plus en fonction d’un arbitraire de richesse que la République abhorre. Dès lors, finis les problèmes de mal logés : tout le monde aura un logement, puisque c’est l’État qui s’en occupera, pardi ! Fini le problème des appartements inoccupés puisque tout ce qui est à vous appartient désormais à l’État qui se chargera de remplir là où c’est vide, et de vider là où c’est plein, d’interdire de louer tout en sanctionnant de ne l’avoir pas fait ! Fastoche, non ?
Finis aussi les problèmes d’expulsion : elle deviendra enfin impossible, puisque l’État accepte tout le monde ! Mieux encore : imposons que les uns accueillent les autres, sans plus aucune limite, ne laissant ainsi personne sur le bord de la route ou dans un champ au milieu de caravanes. Magie de la collectivisation, tout un pan du code de la propriété et de l’immobilier va disparaître. Et ça, mes petits amis, c’est de la vrai simplification !
Contre ce fléau de la drogue qu’on trouve partout dans les cités de non droit, à des prix prohibitifs et souvent criminogènes, le plus simple consiste là encore à transformer le passif d’un État déliquescent en actif d’un État fort et généreux de l’argent des autres : faisons organiser par les forces de l’ordre, les élus et les habitants de ces cités tout l’actuel trafic pour le transformer en un respectable commerce.
On pourra ainsi assurer un contrôle qualité d’un bout à l’autre de la chaîne, du producteur jusqu’au revendeur, et — comme pour l’immobilier — un contrôle des prix par l’État, mettant un terme à la marchandise trop chère et de mauvaise qualité. Je passe rapidement sur le salaire minimum pour les petits revendeurs ou la nécessaire syndicalisation des producteurs, des revendeurs ou des préparateurs, ouvrant les portes d’une couverture sociale pour les travailleurs du splif. Alléluia !
Accessoirement, à mesure que ces marchés se fonctionnariseront et se syndicaliseront, on pourra s’attendre à une baisse constante de la qualité et du service client, des pénuries (marque indéniable d’une bonne collectivisation) et une ringardisation des produits, voire un marché noir. De la même façon, l’immobilier une fois entièrement nationalisé provoquera une disparition progressive de tout logement salubre, bon marché, adapté aux besoins, voire… un marché noir.
… Comment ça, c’est ce qu’on observe déjà actuellement ?
Serait-ce à dire que la France souffre en réalité d’une quasi-nationalisation de la ville, de son immobilier, de ses logements, de sa propriété privée ? Pourrait-on en déduire, consterné, que les maux observés sont la résultante et non la cause de ces politiques de la ville toutes plus coûteuses les unes que les autres ?
Allons. Ce n’est pas possible, puisque le gouvernement compte en remettre une double dose !
—-
Ce billet a servi de chronique pour Les Enquêtes du Contribuable.
J'accepte les Bitcoins !
1AAxvJAZLMn24qEJCbrAzfanswzCKMrMjA
Vous aussi, aidez à mettre Draghi et Yellen dehors, terrorisez l’État et les banques centrales en utilisant Bitcoin, en le promouvant et pourquoi pas, en faisant un don avec !