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Cette semaine, tandis que
le secteur financier a commencé à céder sous le poids
d’une dette garantie par de mauvais emprunts immobiliers, la
Réserve Fédérale est arrivée à la
rescousse. C’est en tout cas ce que dit le scénario.
Dans un geste surprise,
la Réserve Fédérale a annoncé son intention
d’échanger 200 milliards de dollars de dettes du Trésor
contre 200 milliards de dollars de titres adossés à des
emprunts immobiliers potentiellement sans valeur. Il est possible que la Fed
ait été incitée à agir ainsi suite à
l’effondrement rapide de Carlyle Capital Group, une
société cotée en Bourse, filiale de Carlyle Group. La
firme hollandaise n’a pas su honorer les appels de marge sur ses titres
adossés à des emprunts immobiliers, qui bénéficiaient
pourtant d’une notation AAA et qui était garantis par Fannie Mae
et Freddie Mac, mais dont la valeur se dépréciait. Vendredi, la
Fed a donc pris l’initiative inhabituelle de fournir des fonds
d’urgence, sans recours, à Bear
Stearns, garantis par la dette sans valeur de Bear
Stearns adossée à des emprunts immobiliers. Apparemment, la Fed
est désormais prête à supporter tout risque lié
à des emprunts immobiliers qu’aucune autre société
privée n’oserait toucher.
Ces mesures
extrêmes prises par la Fed, qui aurait été
considérées comme impensables il y a encore quelques mois, ont
suivi quelques événements médiatiques notables qui ont
peut-être changé sa façon de penser. Lundi, Wall Street a
été ébranlé par un article dans Barron’s qui suggérait que Fannie Mae et
Freddie Mac, les organismes de prêt sponsorisés par le
gouvernement, manquaient de capitaux suffisants pour couvrir leurs pertes
probables sur les 5.000 milliards de dollars d’emprunts immobiliers
qu’ils assurent (ce que je pense depuis des années) et a soulevé
la possibilité soit d’une faillite, soit d’un renflouement
par le gouvernement. Le lendemain, sur CNBC, Paul McCulley,
le directeur de Pimco, le plus gros fonds
obligataire mondial, a appelé publiquement la Fed à utiliser
son bilan et ses planches à billets pour acheter des emprunts immobiliers.
Selon la Fed, son nouveau
plan ne revient pas à acheter des emprunts immobiliers mais simplement
à les accepter comme nantissement pour des prêts de 28 jours.
Cependant, la Fed rendra-t-elle vraiment ces bombes à retardement à
leurs vrais propriétaires au bout de 28 jours, provoquant ainsi ce
même effondrement que son action était à l’origine
supposée repousser ?
Pourquoi la Fed croit qu’elle que ces emprunts immobiliers
auront une valeur de marché le mois prochain, ou même le mois
suivant ?
Nous ne pouvons pas non
plus croire que de tels « prêts » seront restreints
à seulement 200 milliards de dollars. Bear
Stearns et Carlyle ne sont certainement pas les seuls à être
exposés massivement à de mauvaises dettes. Étant
donné l’effet de levier sans précédent que nombre
des plus grosses sociétés financières avaient
l’habitude de mettre en œuvre sur ce marché, il y aura
encore bien d’autres faillites. La Fed est-elle réellement prête
à renflouer toutes les faillites à venir ? Si oui, la Fed,
ou plus précisément les citoyens américains, se
retrouveront non plus avec des milliards de dollars, mais avec des milliers
de milliards de dollars de ces titres sans valeur dans leurs livres de
comptes.
Le problème de ces
emprunts immobiliers (en dehors du fait que les emprunteurs manquent de
moyens ou de désir de les rembourser) est que le nantissement
sous-jacent ne vaut qu’une fraction de la quantité nominale.
Avec les taux récents du recouvrement suite à des saisies
(moins de 50 cents pour un dollar), il n’est pas étonnant que
personne n’en veuille. La bulle de l’immobilier a permis aux
emprunteurs de s’endetter au maximum en utilisant comme nantissement la
valeur exagérée de leur maison. Néanmoins, maintenant
que la bulle a explosé, les emprunts dépassent de loin la
valeur des maisons. C’est une bombe à retardement de plusieurs
milliers de milliards de dollars que personne n’est en mesure de
désamorcer.
Techniquement, les
dollars papiers sont des Notes de la Réserve Fédérale,
ce qui signifie qu’elles représentent des créances sur la
Fed. Lorsque cette dernière met en circulation des billets
fraîchement imprimés, elle le fait en achetant des actifs,
habituellement des bons du Trésor américain, qu’elle met
ensuite au passif de son bilan pour équilibrer cet achat. En
échangeant ses bons du Trésor contre des emprunts immobiliers,
la Fed altère sa feuille de bilan ainsi que la garantie qui couvre ses
Notes.
Une
« Note de la Réserve Féderale »,
créance de un dollar sur la FED
Cependant, garantir du
papier-monnaie avec les emprunts immobiliers n’a rien de nouveau. Les
Français ont essayé à la fin du XVIIIe siècle, et
ça les a menés à l’hyperinflation. Les assignats, émis
pour la première fois en 1790 afin de financer la Révolution
Française, étaient garantis par des emprunts immobiliers sur
des propriétés confisquées au clergé. Bien que le
nantissement sous-jacent volé avait de la
valeur, les révolutionnaires ne virent aucune raison à limiter
le nombre d’assignats qu’ils imprimaient, ce qui entraîna
une dépréciation massive de ces derniers. En l’espace de
trois ans, des contrôles de prix furent décrétés,
et le refus d’accepter des assignats, auparavant passible de six ans de
prison, devint un crime puni de mort. En 1799, les assignats n’avaient
plus aucune valeur.
Si même une menace
de mort n’a pas réussi à relever l’assignat,
quelqu’un croit-il qu’il aurait pu être sauvé si
Robespierre avait formulé avec fermeté une « politique de
l’assignat fort », tels que le président Bush le fait
aujourd’hui avec le dollar ? Plutôt que de
répéter les erreurs de l’histoire, nous devrions en tirer
les leçons. Notre propre expérience ratée du dollar Continental,
ainsi que la Grande dépression, devraient nous prouver que nous
devrions repecter les enseignements de l’école
économique Autrichienne, et non ceux de l’histoire
française.
Peter D. Schiff
Président,
Euro Pacific Capital, Inc.
10 Corbin
Drive, Suite B
Darien,
Ct. 06820
phone
203-662-9700
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Peter Schiff est contributeur à 24hGold.com. Les vues présentées sont les
siennes et peuvent évoluer sans qu’il soit nécessaire de
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