À Paris, le mois de décembre fut l’occasion de redécouvrir toute la pertinence des pouvoirs publics en matière de circulation et de gestion de la qualité de l’air. Ce dernier, devenu franchement irrespirable depuis 2001 à l’arrivée des socialoïdes à la Mairie de Paris, n’a cependant été déclaré toxique qu’au cours du mois de décembre 2016 où fut mise en place la circulation alternée.
Magie de celle-ci : seules les voitures ayant une plaque paire (ou impaire, selon le jour) ont le droit de circuler, à l’exception bien sûr de toute une pléthore de cas particuliers dont les journalistes et les politiciens dûment accrédités qui, eux, peuvent continuer à sillonner la capitale en cramant du mazout en toute impunité, l’importance inaltérable de leurs fonctions autorisant ces écarts écologiques. Et grâce à cette mesure énergique frappée au coin du bon sens écoloboboïde, la circulation parisienne a largement diminué de moit 10%. Ouf. Il était temps.
En tout cas, éclaircissons tout de suite la situation : cette pollution n’est en rien entretenue et aggravée par les dernières innovations routières d’Anne Hidalgo qui a jugé nécessaire de fermer les voies sur berge. La piétaille francilienne et leurs bourgmestres criards peuvent bien tempêter dans l’une ou l’autre lettre ouverte, les voies sur berge seront fermées, elle le resteront et la Mairie de Paris ferait bien des prouts sonores dans la direction générale de ces importuns si l’air n’était pas déjà trop chargé d’émanations puantes.
D’autre part, pour que les nuisances prennent fin, il convient d’en arrêter la source : les pauvres. Chacun sait en effet que le pauvre, incapable qu’il est de payer une carte Navigo (ou trop près de ses sous pour comprendre son intérêt écologique à le faire), voyage par ses propres moyens. Par nature, il est sale et négligé, et entre deux glaviots rejetés dans une toux de catarrheux, il parcourt les routes franciliennes dans sa vieille voiture polluante même pas aux normes « Euro 4 ». Tout le monde sait ça, notamment Annie de la mairie.
Ce sont donc ces pauvres qui ont été ostensiblement pris pour cible par la Maire qui a décidé d’imposer la prise en compte de vignettes « antipollution » sur les véhicules passant par Paris. Comme son nom ne l’indique absolument pas, cette vignette ne combat en rien la pollution mais se contente simplement de stigmatiser les voitures les plus anciennes (très majoritairement conduites par les automobilistes n’ayant pas la bonne fortune de renouveler leur voiture tous les trois ans). À l’approche de leur mise en place officielle le 16 janvier prochain, 950.000 Français se sont donc mollement résolus à porter l’étoile jaune du pollueur sur le pare-brise de leur voiture. Sur les 30 millions de véhicules français, la démarche d’auto-dénonciation prendra encore un peu de temps, mais à 4,18 € pièce, l’État se frotte déjà les mains.
En outre, la mairie parisienne n’est pas restée les bras ballants pour aider la populace abattue dans cette nouvelle épreuve puisqu’elle a décidé de rendre les transports en commun gratuits pendant la période de circulation alternée. Bien lui en a pris puisque des millions de nouveaux usagers se sont rués sur l’enthousiasmante possibilité de bénéficier des métros et des RER de la capitale qui sont, je le rappelle, à la fois propres et ponctuels.
Bilan de l’opération ? Joie et bonheur, avec une facture de plus d’un million d’euros supplémentaires par jour, la régie de transports parisien nous a donc concocté un joli déficit pour le mois de décembre que – réjouissez-vous tout de suite – le contribuable francilien pourra prendre en charge : qu’on se le dise, il a les poches profondes et l’esprit partageur, le Francilien.
D’autant plus qu’aux petits dérapages incontrôlés de la RATP en période de pollution, on devra ajouter ceux, au moins aussi incontrôlés mais fondamentalement beaucoup plus rigolos de Autolib’, la société du groupe Bolloré, qui permet à ces Franciliens de se déplacer au moyen de voitures électriques partagées. La voiture électrique, c’est évidemment très choupinesque puisque non polluant (ou plus précisément, polluant autrement, l’électricité n’étant pas encore produite par des hamsters dans une roue), mais cela a un coût : en l’espèce, 179 millions d’ici 2023, soit 25 millions d’euros par an qui seront à la charge… des Franciliens encore une fois. Un peu comme pour les vélos, pondus par Decaux via Vélib, et dont les résultats sont – coïncidence troublante – aussi déficitaires avec 16 millions d’euros sur l’ardoise francilienne.
Voilà donc des expériences de transports alternatifs rigolos de la mairie de Paris qui se soldent par 41 millions d’euros de déficit (pour cette année seulement, petits veinards, on remet au moins ça les prochaines années), alors même que les finances de la ville ne sont pas exactement au beau fixe et que, coquinerie du sort, d’autres petits soucis apparaissent dans la Ville Lumière : les rats pullulent, et pas seulement au conseil municipal, ce qui impose aux « autorités » de fermer progressivement les parcs où les amusants petits gros rongeurs font leur apparition.
Les touristes apprécieront sans doute, tout comme ils apprécieront les efforts déployés dans les transports et ailleurs alors que l’insécurité n’a jamais été aussi forte dans la ville.
Déficits, pollution, insécurité, rats, … En somme, en prétendant lutter contre la pollution, la Mairie de Paris a relevé le défi de l’aggraver dans des proportions notables. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, après avoir intoxiqué le poumon des Franciliens, la voilà qui les ponctionne lourdement au portefeuille pour mettre en place des aménagements qu’ils n’avaient pas demandés, qui créent encore plus de nuisances atmosphériques et financières, et qui – dans une ironie sans limite – réduisent les rentrées fiscales de la Mairie. La pollution s’accroît, la fraude explose, les déficits s’accumulent, et les problèmes d’insalubrité et d’insécurité dans la ville Lumière, bien palpables et bien réels ceux-là, ne sont pas traités, ce qui entraîne une désaffection touristique qui aggrave encore les déficits et les problèmes de gestion de l’ensemble de la ville. En terme de gestion, si on n’était pas à Paris, on se croirait presque à Caracas, au Venezuela…
Quelle extraordinaire réussite ! On dirait vraiment de la bonne grosse politique socialiste !