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Moby Trump

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Publié le 13 juin 2017
767 mots - Temps de lecture : 1 - 3 minutes
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Rubrique : Editorial du Jour

Il est entré dans la zone chaude de la Grande mer de la Politique au printemps dernier, pour assommer les baleines communes qui se dressaient devant lui de ses puissantes nageoires caudales. Mais voilà que le Péquod démocrate, ainsi que son équipage de la diversité et de l’inclusion, se sont jurés de le prendre en chasse jusqu’au bout de la Terre, jusqu’à ce qu’il se vide de son sang et se couche, mort, sur son flanc. Moby Trump ! L’avez-vous vu ? Ouvrez l’œil, hommes, et femmes, et autres individus multidimensionnels et non-binaires, illes et els ! Voyez-vous ce Bitcoin cloué sur le mât, au loin ? Il est à vous si vous traînez jusqu’à moi ce cachalot du privilège blanc !

Mais qui joue le rôle d’Achab dans toute cette histoire ? Le New York Times, bien évidemment. Telle est l’étendue de son obsession pieuse pour la malignité cosmique de Moby Trump, qui lui a arraché le bras – affectueusement appelé Hillary – la dernière fois que le Péquod a mis les voiles. Tel est le scénario qui se joue aujourd’hui, avec Jim Comey dans le rôle de Starbuck, le Quaker empli d’honnêteté et de rectitude, au coup de lance pourtant si mortel.  

Telle est l’ampleur de la grande tragédie américaine.

Souvenez-vous cependant que dans le conte original du minable (il n’en a jamais tiré un dollar) Herman Melville, la baleine blanche fait couler le Péquod dans un dernier effort désespéré de vengeance, alors qu’Achab meurt noyé, pris dans ses propres cordes de harpon, comme cloué sur le dos de son immense proie.

C’est tout pour l’orgueil littéraire – remerciements à Bob Dylan pour nous avoir rappelé, dans son récent discours de Nobel pas comme les autres, ce que la baleine blanche devrait signifier pour nous. De notre monde austère et sordide de télé-poubelle et de Kardashians, c’est là l’intrigue sous-jacente. La saga de Moby Trump raconte une tragédie à laquelle la République ne supporte pas de faire face : ou comment nous avons causé notre propre destruction.

La question est de savoir ce qui restera de la vie politique américaine une fois que le grand Trump aura été harponné, dépecé et bouilli jusqu’à ce qu’il ne reste de lui que ses huiles essentielles. Pour moi, ce sera certainement un grand vide maléfique, qui ne sera pas sans rappeler le tourbillon que nous décrit Melville, et qui laissera enfin paraître les membres du Deep State pour les revenants creux qu’ils sont, les fantômes de nos institutions bien-aimées, y compris de l’Etat de droit.

Une destitution est quelque chose qui plane juste au-dessus et juste à côté de la loi, et est établie sur la très vague notion de crime ou délit grave – un terme qui peut signifier tout et n’importe quoi aux yeux de ceux qui sont déterminés à y recourir. Notre Trump adepte des gaffes a exprimé son espoir de voir abandonnée la douteuse enquête du FBI contre le Général Flynn quant à sa conversation avec un ambassadeur de Russie (comment a-t-il pu oser s’entretenir avec un émissaire étranger ?). Voilà qui pourrait faire l’affaire, comme nous l’a laissé entendre Jeffrey Toobin, journaliste de CNN, porte-parole légal de la « Résistance ».

J’avoue que je n’ai jamais perçu M. Trump – ou le Grand Golem à la toison d’or, comme j’aime l’appeler – comme un cheval susceptible de gagner la course. Après les élections, je m’attendais à ce qu’il soit destitué par tous les moyens après seulement quelques mois. Bien que je ne sois pas non plus dans le camp de ses antagonistes, je ne le considère pas comme étant apte à exercer les fonctions qui lui ont été conférées suite à une élection ignominieuse contre une opposante répugnante. Il semble tout simplement n’avoir aucune idée de ce qu’il fait, ce que je trouve particulièrement effrayant à cet instant particulier de l’Histoire, à une heure où – ce qui semble échapper à nous fournisseurs d’actualités, depuis les agences de presse larvaires jusqu’aux grands Poobahs du Congrès et aux seigneurs technocrates – notre nation vacille au bord d’un désastre financier qui fera passer l’effondrement de l’Empire romain pour la faillite d’une petite entreprise.

D’ici à ce que cela se passe, gardez l’œil sur les marées politiques toxiques qui viendront balayer les fondations de notre expérience d’ordre civil désormais vieille de deux siècles. D’ici six mois, plus personne ne fera confiance à quiconque et à quoi que ce soit, et nous pourrions très vite en venir à nous opposer les uns aux autres, dans la confusion résonante du vortex politique dans lequel nous serons joyeusement entrés.   

 

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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé et une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde reviendra à un modèle décentralisé et local.
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Je ne suis pas si pessimiste. De la où je suis il suffit de comprendre le contraire de ce que dit la presse à son sujet. Quand un journaliste annonce un échec ou un faux pas, cela veut dire que le Donald a réussi quelque chose mais, du fait de la désinformation, je ne sais pas quoi.
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Je ne suis pas si pessimiste. De la où je suis il suffit de comprendre le contraire de ce que dit la presse à son sujet. Quand un journaliste annonce un échec ou un faux pas, cela veut dire que le Donald a réussi quelque chose mais, du fait de la désinfo  Lire la suite
Pierre70 - 13/06/2017 à 12:14 GMT
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