Montée des tensions en Espagne et donc en Europe, montée des inquiétudes.
Comme je vous l’ai toujours dit, l’euro est bien plus fragile que le
dollar, parce que le dollar est la monnaie d’un pays qui a déjà fait son
unité, alors que l’euro est la monnaie d’une Europe bien en peine pour passer
à l’étape supérieure de sa construction à savoir… l’Europe unie et fédérale,
ne formant plus qu’un État.
Nous voyons bien cet état de fait avec le problème catalan
particulièrement prégnant aujourd’hui.
Madrid a convoqué un conseil spécial des ministres qui devrait déclarer
samedi (les marchés seront fermés) la mise sous tutelle de la Catalogne en
application de l’article n°155 de la constitution espagnole qui permet au
gouvernement central de suspendre tout ou partie de l’autonomie d’une région
si celle-ci viole ses obligations légales, ce qui est manifestement le cas
d’une région déclarant son indépendance.
La Vanguardia, qui est un grand quotidien ibérique, écrivait
d’ailleurs toute son inquiétude pour une région ayant une langue et une
culture propre, fière de son autonomie ; pour le quotidien, une telle mesure
pourrait déclencher un « affrontement civil ».
À ce jeu-là, comme à chaque fois, ce sont les plus motivés qui
l’emportent, et les modérés sont rarement entendus, alors qu’évidemment, ils
sont très nombreux à ne pas vouloir, à défaut d’une véritable guerre civile,
des affrontements violents au sein même de la nation espagnole.
Se réveiller lundi prochain, le 23 octobre, avec un nouveau pays
en Europe !
Voilà ce qu’il risque de se passer, et la boîte de Pandore sera ouverte.
L’Europe, qui sape et affaiblit les États-nations pour mieux se construire,
en rêve évidemment, même si elle ne le dira pas trop fort.
L’Europe n’a d’ailleurs pas forcément besoin de nouveaux pays mais d’États
très affaiblis, ce qui n’est pas tout à fait la même chose, d’où cette
volonté de créer des régions très autonomes et de réduire les États
nationaux.
La boîte de Pandore sera ouverte, et les Italiens du Nord ne voudront plus
de l’Italie du Sud, les Allemands de l’Ouest risquent de ne plus vouloir de
ceux de l’Est qui continuent à coûter fort cher, et puis les Écossais
voudront se séparer du reste de la couronne.
Et puis l’Italie menace toujours de faire faillite, au moment où l’Espagne
est fragilisée, sans oublier le risque d’augmentation des taux des banques
centrales, ou encore les problèmes qui pourraient se poser sur l’euro à très
court terme.
Bref, la situation est assez complexe pour nous faire à tous
une « piqûre de rappel » !
On ne se couvre pas le lundi d’un problème survenu le samedi, on se couvre
avant, c’est-à-dire au plus tard le vendredi !
On souscrit son assurance contre le feu, avant l’incendie, et pas après.
C’est exactement pour cette raison que les cours de l’or en soi m’indiffèrent
totalement.
Et c’est cette nécessité que vient nous rappeler cette histoire de salade
ibérique. Nous dansons sur de multiples volcans et le calme apparent, ou la
maîtrise de la situation et de la communication que peuvent avoir les
autorités et qui est réelle, ne doit pas vous faire oublier les véritables
risques.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !