Rien ne va plus en Allemagne ou presque!
Il y a deux grands volets, à savoir le modèle mercantiliste allemand et l’austérité de ces 12 dernières années qui ont façonné le visage de l’Allemagne telle que nous pouvons la voir.
Du côté face, un pays avec des excédents commerciaux record en Europe et dans le monde.
Côté pile, des millions de pauvres et de citoyens contraints de se serrer la ceinture et tout cela est en réalité fort logique.
Le modèle mercantiliste allemand nécessite une obligation de compétitivité
Le but de mes réflexions n’est pas de dénigrer la puissance industrielle allemande ou les efforts de compétitivité mais d’alimenter la réflexion en essayant de démontrer que dans le modèle économique allemand, la compétitivité est une obligation et que cette obligation ne peut que conduire à la paupérisation de la population. Plus l’Allemagne est riche et plus les gens sont pauvres!
Cela peut sembler paradoxal mais je pense que non.
Un modèle mercantiliste est un modèle économique basé sur le fait d’exporter plus que l’on importe, de vendre plus que l’on achète ce qui produit des excédents et ces excédents vous permettent d’accumuler du capital monétaire et donc de la richesse!
C’est vrai en théorie, et pour tout vous dire, je suis profondément mercantiliste dans l’âme, surtout que le courant historique des mercantilistes (le canal historique pour parler comme en Corse) considère qu’il n’est de monnaie que les métaux précieux et que la seule façon d’assurer la prospérité et l’indépendance d’une nation c’est d’y faire rentrer plus d’or qu’il n’en sort!!
A travers les âges économiques l’idée de mercantilisme a beaucoup évolué.
Aujourd’hui le mercantilisme germanique s’est accompagné d’une mondialisation sans que cette dernière soit assortie d’un protectionnisme suffisant (ce qui pose la question de savoir s’il peut y avoir du mercantilisme sans protectionnisme). Colbert était LE mercantiliste français par excellence ayant mis en œuvre un protectionnisme dit « sélectif » mais c’est un autre sujet.
Revenons aux Allemands.
Leur excédent commercial s’explique pour moitié soit 50% (oui, oui vous avez bien lu) par leurs exportations de bagnoles et autres véhicules à 4 roues. C’est un véritable succès industriel et en trente ans l’Allemagne est devenue LE leader de la production de voitures haut de gamme. Mais l’Allemagne est devenue aussi terriblement dépendante du secteur automobile et derrière son succès actuel se cache une terrible fragilité à savoir que nos économies vont devoir se « décarbonner » et que la voiture telle qu’elle est conçue aujourd’hui n’en a plus pour très longtemps. Il va falloir que l’économie allemande s’adapte et à l’avenir les excédents commerciaux devraient baisser.
Derrière ce succès de l’industrie automobile se cache aussi l’histoire du dumping social européen des pays de l’Est, et l’Allemagne a considérablement délocalisé non pas en Chine mais dans les pays de l’Est qui lui ont servi de pays pourvoyeurs de main d’œuvre à bas coûts mais hautement qualifiée, bien formée, et surtout à proximité immédiate.
C’est parce que l’Allemagne a pu délocaliser tous ses postes avec un peu moins de valeur ajoutée à l’Est qu’elle a pu maintenir la compétitivité de son industrie automobile dans un monde ouvert et mondialisé. Sans protectionnisme, maintenir la productivité était une obligation. Les Allemands sont donc monter en gamme pour faire les prix ce qu’ils ont parfaitement réussi et baisser les coûts de production en délocalisant à l’Est.
Au passage vous vous retrouvez avec… plus de 12 millions de pauvres au bout de 15 ans d’une telle stratégie.
Allemagne : 12,5 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, un record
Voici ce que dit cet article des Echos.
« Vu de France, ce chiffre pourrait sembler paradoxal. Et pourtant. Outre-Rhin 12,5 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en 2013, un record depuis la réunification du pays en 1990, selon l’étude publiée hier par Paritätischer Wohlfahrtsverband (PW), une fédération qui regroupe quelque 10.000 associations actives dans le domaine de l’aide sociale et de la santé. Cette année là, la pauvreté a bondi de 15 % à 15,5 % par rapport à 2012, année où les chiffres avaient déjà surpris » .
« Depuis 2006, on observe clairement une dangereuse tendance d’augmentation à la pauvreté (…) La pauvreté en Allemagne n’a jamais été aussi élevée et la fragmentation régionale n’a jamais été aussi sévère qu’aujourd’hui », a déclaré au site Euractiv Allemagne Ulrich Schneider, le directeur général de Paritätischer Gesamtverband (PG). Une pierre dans le jardin du gouvernement qui assure que l’écart entre riches et pauvres diminue. Une affirmation « tout simplement fausse » pour le responsable de PG (Dans le graphique ci-dessous la courbe rouge indique la progression du nombre de pauvres dans la population. Les piles grises, la richesse du pays en milliards d’euros).
Comme en France, les mères célibataires sont particulièrement exposées , plus de 40% d’entre elles basculent dans la pauvreté, indique le rapport.
« La pauvreté est un problème bien de chez nous », a poursuivi Ulrich Schneider pour qui l’Allemagne « a clairement un problème croissant de distribution de la richesse » . Et, alors que l’industrie allemande ne cesse de battre des records à l’exportation, cela risque de perdurer. Selon PW, le nouveau salaire minimum entré en vigueur début 2015 (8,50 € brut de l’heure), ne permet en effet pas de changer la donne ».
Aucun paradoxe ni problème de calcul de la pauvreté!
La réalité en Allemagne comme dans tous les autres pays occidentaux en général et européens en particulier le problème est identique.
La concurrence mondiale de tous contre chacun entraîne une course généralisée aux moins-disants. Moins de social, moins de salaires, moins de coûts. Toujours moins. Ce toujours moins nécessite à une course folle aux délocalisations pour trouver sans cesse moins cher et le monde est encore très vaste, et quand le petit gamin du Bangladesh coûte trop cher, les entreprises trouvent de la main d’oeuvre à 25 dollars par mois en Ethiopie. 25 dollars par mois!!
C’est inévitable lorsque vous mettez en concurrence sans introduire des protections douanières des pays aussi différents que l’Allemagne d’un côté ou la France et le Bangladesh ou le Pakistan de l’autre, où l’on enferme les ouvriers dans les usines!!
L’injustice des profits faits au détriment de chacun et qui ne profitent qu’à certains!
La seule différence entre l’Allemagne et la France et les autres pays, c’est que l’Allemagne au moins accumule des excédents qui ne sont en réalité que les profits de ses quelques grandes entreprises. Ces profits sont faits au détriment de chacun et ne profitent qu’à certains.
Là réside l’injustice.
L’injustice n’est pas qu’il y ait des riches et des pauvres.
L’injustice c’est que les profits de certains se font au détriment du plus grand nombre. On parle ici des multinationales et de la mondialisation qui forme ce que j’appelle le totalitarisme marchand. Il touche l’Allemagne comme ma France. Il n’y a aucun miracle allemand.
Les classes moyennes se font donc laminer en France comme en Allemagne.
Les petites villes se font laminer par le retrait des services publics et la baisse des dépenses.
C’est ce phénomène qui a mené les Anglais à voter pour le Brexit.
C’est ce phénomène qui mené Trump à la Maison-Blanche aux Etats-Unis.
La mondialisation sans protection est un piège à cons dans lequel nos élites politiques par corruption massive nous ont fait tomber.
L’Union Européenne a organisé depuis 30 ans l’impuissance de chacune de ses nations.
L’Europe n’est pas plus la paix que la prospérité, elle n’est plus qu’une immense farce qui nous rend chaque jour, Allemands comme Français, Italiens comme Grecs, plus pauvres que l’année d’avant.
En un mot, l’Union Européenne est une arnaque.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
Pour m’écrire [email protected]
Pour écrire à ma femme [email protected]
Vous pouvez également vous abonner à ma lettre mensuelle « STRATÉGIES » qui vous permettra d’aller plus loin et dans laquelle je partage avec vous les solutions concrètes à mettre en œuvre pour vous préparer au monde d’après. Ces solutions sont articulées autour de l’approche PEL – patrimoine, emploi, localisation. L’idée c’est de partager avec vous les moyens et les méthodes pour mettre en place votre résilience personnelle et familiale.
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)