Nous
entendons souvent parler des ‘Keynésiens’. Mais quelle en
est la signification ?
Aujourd’hui,
se déclarer Keynésien n’est plus d’actualité.
C’est un peu comme adhérer au New Deal. C’est la raison
pour laquelle les académiciens Keynésiens se rebaptisent et
s’inventent des noms sonnant parfois bien loin des accents
Keynésiens, tel ‘néo-classiques’. Ces nouvelles
appellations, ainsi que les différences minimes qu’ils
représentent en termes de doctrine, ont uniquement un
intérêt pour les autres Keynésiens, de la même
manière qu’un non-chrétien ne
peut déceler la différence en un Méthodiste et un
Episcopalien.
Les
caractéristiques du Keynésianisme sont faciles à identifier.
En réponse à une récession, les Keynésiens
prônent une augmentation des dépenses gouvernementales –
et peu leur importe ce à quoi ces dépenses sont
destinées – ainsi qu’ une
politique dite de ‘l’argent facile’. Ce ne sont que les
justifications qu’ils en donnent qui changent. Ils parlaient auparavant
‘d’effet multiplicateur’. Aujourd’hui, ils utilisent
les termes ‘objectif de PIB nominal’. Ce ne sont là que
différentes façons d’appeler les politiques de
dépenses gouvernementales et d’argent facile.
Les
Keynésiens n’ont généralement aucune
théorie en dehors de celles-ci. Absolument aucune. Il est vrai
qu’on peut parfois les entendre déblatérer des discours
peu enthousiastes concernant l’éducation ou l’innovation,
et qu’en les pressant un peu, on parvienne à en tirer quelques
plaidoiries maman-poule. Mais ce ne sont là que des paroles en
l’air. Ils ne font généralement que très peu de
recherches, et ne présentent que rarement des théories dignes
de ce nom.
Je
me suis récemment engagé dans une conversation avec un
professeur d’histoire économique, selon lequel l’essor du
Keynésianisme n’est pas uniquement le reflet des
difficultés économiques des années 1930, mais
également de la professionnalisation de l’économie. Au
XIXe siècle, l’économie était considérée
comme étant une branche de la philosophie, un passe-temps pour
gentilshommes.
Dès
que les économistes décidèrent de vivre de leurs
activités, ils eurent besoin de clients. Et le gouvernement fut bien
entendu leur cible première. Cette nouvelle classe
d’économistes annonça aux politiciens qu’ils
pouvaient dépenser l’argent des contribuables comme ils
l’entendaient, quitte à le gâcher, et que l’ensemble
de leurs problèmes financiers pourraient être
réglés sans aucune difficulté par la manipulation
monétaire, et ce avant l’arrivée des prochaines
élections. Leur argument fut vendeur, et il se trouve qu’il l’est
encore aujourd’hui.
Le
Keynésianisme n’est autre qu’une mise à jour
d’une idée ancienne appelée mercantilisme, couplée
à des calculs mathématiques hors de propos. Leur théorie
n’a jamais réellement évolué.
‘Si
cette addition monétaire permet d’employer plus de personnes, et
que ces personnes nouvellement employées travaillent davantage, la
production en sera augmentée, et la manufacture évoluera. Si la
consommation de la nation continue dans cette voie, alors les exportations
augmenteront, dans le même temps que les bilans seront
améliorés…’
Cela
vous semble familier ? Ce sont les mots qu’avait écrits
John Law, en 1705.
En
voici une autre:
‘L’augmentation
de la quantité de monnaie chez les gens de toutes sortes,
émanant de cette circulation, attire tant de marchandises parmi eux
(et engage ainsi les hommes à construire maisons, bateaux, et à
améliorer leur terre) que leurs possessions dépassent
rapidement la valeur de ces stocks multipliés de monnaie dans la
proportion indiquée’.
C’est
ce qu’écrivait William Potter en 1650.
Le problème du Keynésianisme est que ses théories
sont fondamentalement destructrices. Elles peuvent permettre à une
apparente amélioration sur le court terme, bien que cela se produise
moins souvent que les Keynésiens ne le disent. Lorsque leurs
théories sont appliquées sur le long terme, elles ne
mènent jamais qu’à la catastrophe.
Les
dépenses du gouvernement ne sont pas nécessairement une
mauvaise chose. Le gouvernement fournit des biens et services utiles. Il
n’en demeure pas moins que le gâchis ne soit pas une solution. Il
ne permet pas la création de richesse. Pire encore : le
gâchis consomme du capital, cette portion de la productivité du
pays supposée être destinée à
l’amélioration de la productivité future. La destruction
de capital détériore la croissance économique et la
prospérité et, avec le temps, mène au sous-emploiement et au chômage.
Comme
Adam Smith l’avait déterminé il y a maintenant plusieurs
siècles, les dépenses déficitaires d’un
gouvernement finissent par le forcer à faire défaut.
C’est ce qui se produit actuellement en Europe. Lorsqu’ils sont
confrontés au défaut, les gouvernements entreprennent des
politiques toutes plus destructrices les unes que les autres pour
l’économie, en augmentant fortement les taxes, confisquant les
propriétés, imposant de nouveaux contrôles
commerciaux… Plusieurs dizaines d’années sont
nécessaires à un pays pour surmonter une telle combinaison
d’erreurs.
Toutes
ces théories de l’argent facile finissent par entraîner un
affaiblissement de la devise, qui entraîne à son tour un
appauvrissement. ‘Vous ne pouvez dévaluer et viser la
prospérité’, comme on dit. Comment un groupe de personnes
peut-il devenir riche en bricolant une unité de compte ? Peu
importe les améliorations qui peuvent en découler sur le court
terme, elles finissent toujours par être contrebalancées par les
conséquences sur le long terme. Le pays les plus prospères ont
toujours été ceux ayant des devises stables.
Aujourd’hui,
le Keynésianisme est plus absurde que jamais. Les dettes des
gouvernements du monde atteignent des plafonds, et l’idée de
dépenser son chemin hors de la crise est désormais
erronée. Les Keynésiens n’ont plus qu’une carte
à jouer, celle de l’argent facile, et ils l’utilisent
aujourd’hui à un rythme encore jamais vu auparavant.
C’est
pourquoi ils s’opposent tant à un système basé sur
l’étalon or. Ce n’est pas parce que l’étalon
or n’est pas viable. Les Etats-Unis l’ont utilisé
pendant 182 ans, de 1789 à 1971, et devinrent grâce à lui
le pays le plus prospère de l’Histoire.
L’étalon
or rend les manipulations Keynésiennes de l’argent faciles
impossibles. Il empêche les Keynésiens de travailler. Sous un
système basé sur l’étalon or, ils n’auraient
plus rien à offrir.
Nous
aurons très certainement à observer les Keynésiens
courir à leur perte avec leurs théories d’argent facile
et de dépenses gouvernementales, avant que leur courant de
pensée ne soit vivement rejeté parmi la population et la
sphère politique.
Nous
aurons alors une chance de pouvoir retourner à des principes
d’économie classique. Au contraire des théories
Keynésiennes, qui sont des théories destructrices, les
principes de l’économie classique améliorent la
santé d’une économie.
La
première chose à faire est d’instaurer une unité
de compte stable – en d’autres termes, une monnaie saine.
Ensuite, il est nécessaire d’employer un système de
taxation efficace, qui puisse permettre une augmentation des revenus sans
entraîner de dommages économiques. En troisième lieu,
l’activité du gouvernement doit être limitée
à l’offre de services jugés par les citoyens comme
étant nécessaires et importants. Un quatrième point est
celui de la prépondérance de la Loi plutôt que de la
criminalité et du favoritisme.
Lorsque
vous comprenez le Keynésianisme, vous êtes en mesure de vous
apercevoir qu’il n’est autre qu’une escroquerie manquant de
profondeur. Aucun pays n’est jamais parvenu à quoi que ce soit
par le biais du gâchis et de la dépréciation de devise.
Viendra
un jour où l’étalon or apparaîtra comme
étant naturel et inévitable. Une fois que votre objectif
deviendra la création d’une monnaie stable, les politiques de Bernanke ne seront plus pour vous que des abracadabras
monétaires, et la solution à vos problèmes deviendra
évidente.
Nathan Lewis
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