Une fois n’est pas coutume,
j’aimerais quitter les longues analyses pour revenir sur quelques faits
saillants de l’actualité récente. Ces quelques
« morceaux choisis » illustrent à merveille tout
ce qui cloche dans la vision « tout-à-l’État »
commune à l’ensemble de nos politiciens.
1) Baisser les charges sur le
travail ? Oui, mais…
Ce n’est un secret pour personne : en
Belgique, comme en France d’ailleurs, le poids des cotisations de
sécurité sociale décourage l’embauche de nouveaux
collaborateurs. Calculé à la louche, le salaire net du
travailleur moyen représente la moitié du coût pour son employeur :
pour procurer un salaire net d’environ 1. 500 EUR à son
travailleur, l’employeur devra débourser un peu moins de 3.000
EUR.
L’annonce faite ce
mercredi 13 juin dans la presse d’une future baisse des cotisations
patronales devrait-elle donc nous réjouir ? Rien n’est
moins sûr : en effet, cette réduction sera d’abord « compensée »
par une hausse de la fiscalité sur l’épargne. Autrement
dit, le gouvernement opère un simple « transfert de
masses ».
Ensuite, cette baisse est insignifiante et
pourrait se révéler contreproductive. Que nous enseigne
l’arithmétique de base ? Baisser les charges rend plus
rapidement rentable chaque travailleur, ce qui incite les employeurs à
en engager de nouveaux. Ces engagements se traduisent à leur tour par
un allégement des charges qui pèsent sur le budget de la
sécurité sociale, puisque cela fait autant de chômeurs en
moins à indemniser. Qui plus est, chaque nouvel engagé apporte
de nouvelles recettes de cotisations sociales. Une baisse suffisamment
importante des charges sociales devrait donc amorcer un cercle vertueux qui
permettra de nouvelles diminutions de charges et des entreprises plus
compétitives.
C’est là que le bât
blesse : les 400 millions annoncés représentent une
paille en comparaison des 40 milliards que
perçoit l’État chaque année. Aucune diminution
nette de la pression fiscale, et aucun amorçage de cercle vertueux
pour mettre fin au chômage structurel. Vraiment, il n’y a pas de
quoi se réjouir.
Vous pourrez me taxer – sans jeu de mot
– d’oiseau de mauvais augure, mais j’y vois en outre une
manœuvre de propagande à long terme. Le gouvernement aura beau
jeu de prendre sa petite mesurette en exemple pour
montrer que « baisser les charges, ça ne marche
pas ». Comme le faisait remarquer un internaute belge ce
matin sur Twitter: « toute cette
histoire, ça revient à donner un peu de pommade contre les
moustiques à un cancéreux en phase terminale, tout en lui
refusant la chimiothérapie qui pourrait le sauver. »
2) Le Tax
Freedom Day en Belgique tombe le 14 juin
Le Tax Freedom Day est une date symbolique. L’idée
est la suivante : si un citoyen devait commencer par affecter tous ses
revenus au paiement de ses obligations fiscales et parafiscales, à
partir de quel moment de l’année pourrait-il commencer à
dépenser lui-même son argent ? Pour la Belgique, en 2012,
cette date tombait le 14 juin. Une détérioration
sensible par rapport à 2011, où le Tax
Freedom Day tombait le 10 juin. En clair, le Belge
cède presque la moitié de ses revenus à l’État.
3) L’OMS déclare le diesel
« cancérigène »
Il existe un « lien
irréfutable » entre les émanations des moteurs
roulant au diesel et le cancer du poumon. On entend déjà tout
le monde taper sur les méchants producteurs de produits pétroliers.
Peut-être faudrait-il se tourner vers les véritables coupables :
les gouvernements qui, depuis des décennies, favorisent
l’usage de ce carburant au détriment de l’essence par une
politique d’incitation fiscale.
4) Nouvelle taxe sur les comptes
d’épargne
Le gouvernement belge a décidé une
fois de plus de taxer les comptes d’épargne. Argument
employé : elle ne finance pas suffisamment
« l’économie réelle ». La taxe est
fixée à 0,05%, et touche une quotité qui dépendra
de la proportion de l’épargne affectée à des
crédits. Dans un sens, cette nouvelle taxe a une signification
piquante : en excluant les obligations d’État comme
financements acceptables, le gouvernement se rend enfin à
l’évidence : l’État ne fait pas partie de
l’économie réelle. Un aveu de sa nature
parasitaire ? À mon avis, il ne faut pas rêver.
Et surtout, cette taxe va une fois de plus
frapper les épargnants, qui n’avaient rien demandé
à personne. Logique : les banques vont devoir répercuter
ces frais supplémentaires sur leurs clients, d’une
manière ou d’une autre. Imaginer que non relève de la
pensée magique. Et donc, ce sont les petits épargnants qui, une
fois de plus, vont trinquer. À épingler absolument dans
l’article, cette phrase de la ministre socialiste Laurette
Onkelinx : « il faut donc
réfléchir à stimuler davantage le financement direct de
l'État par les citoyens. ». Madame la ministre, au
risque de vous surprendre, cela fait belle lurette que le financement direct
de l’État par les citoyens existe. On lui a même
trouvé un nom : l’impôt. Et, vu la date à
laquelle tombe le Tax Freedom
Day cette année, je pense que le gouvernement a déjà pas
mal « stimulé » cette forme de financement.
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