Jetons un
œil à l’austérité en Grèce, dont le
gouvernement, plus que n’importe quel autre, subit des pressions
très importantes dans le but de résoudre ses problèmes
financiers.
En janvier-mai
2012, le gouvernement central disposait de revenus de 18.173 milliards
d’euros (budget d’investissement public net). Sur la même
période, il dépensait 29.243 milliards d’euros.
Sur la
même période en 2011, le gouvernement disposait de revenus de
18.358 milliards d’euros. Il en dépensait 27.747.
En 2010,
à nouveau sur la même période, le gouvernement disposait
de 19.757 milliards d’euros de revenus, et dépensait 25.815
milliards. C’était avant que la TVA n’augmente de 2% en juillet.
A la
même période en 2009, le gouvernement dépensier,
n’ayant alors pas encore été réformé,
disposait de 18.240 milliards d’euros de recettes fiscales, et
dépensait 28.850 milliards d’euros.
Pour
l’année 2011, le gouvernement disposait de revenus de 49.993
milliards d’euros, et dépensait 70.135 milliards.
Pour
l’année 2010, le gouvernement disposait de 50.857 milliards
d’euros de revenus, et dépensait 66.932 milliards.
Pour
l’année 2009, le gouvernement disposait de 48.491 milliards
d’euros de revenus, et dépensait 71.815 milliards.
Cela fait
certes beaucoup de nombres à digérer en une seule fois, mais
ils n’en valent pas moins le coup d’œil. Quelles conclusions
pouvons-nous en tirer ?
Une premier point, flagrant, est que les
dépenses gouvernementales ne baissent pas. Les dépenses du
gouvernement Grec ont été plus importantes entre janvier et mai
2012 que sur la même période en 2011, 2010, et même 2009.
Qu’en
est-il des recettes fiscales ? Les taux d’imposition n’ont
cessé d’augmenter, mais cela a-t-il permis au gouvernement
d’augmenter ses revenus disponibles ? Ses revenus de janvier-mai
2012 sont moins élevés que ce qu’ils
n’étaient en 2009 et 2010, avant que d’importantes
politiques d’augmentation de taxes soient mises en place.
Aussi loin que
peuvent le prouver les nombres présentés ci-dessus, il
n’y a pour l’instant aucune ‘austérité’
à proprement parler en Grèce. Certains services ont
certainement vu leurs subventions diminuer, bien que cela soit certainement
plus lié aux relations
publiques qu’à autre chose. Les gouvernements aiment
éliminer des
services importants mais aux coûts financiers moindres afin de
donner l’impression qu’ils entreprennent des changements
importants.
Nous sommes
supposés croire que les contractions économiques en
Grèce sont dues à un important déclin des
dépenses gouvernementales. Le pays entra dans sa cinquième
année de récession, après avoir enregistré une
chute de 6,9% de son PIB en 2011. Une nouvelle contraction de 6,7% est
prévue pour 2012. Le PIB nominal du pays est passé de 232,9
milliards d’euros en 2008 à 215,1 milliards d’euros en
2011.
Mais les
dépenses gouvernementales n’ont, en réalité, pas
diminué. Par quoi a donc bien pu être entraînée
cette contraction économique ? En partie par l’incertitude
économique, mais également du fait de l’augmentation
des taxes sur un secteur privé déjà largement
surendetté.
Apparemment,
6000 entreprises Grecques se seraient déjà délocalisées
en Bulgarie. Peut-être est-ce parce que le gouvernement a
déclaré qu’il réduirait ses dépenses, mais
n’a jusqu’alors rien fait en ce sens ? Peut-être
est-ce dû aux augmentations régulières de taxes et au
climat de chaos et de confiscation incessante de richesses en
Grèce ?
La population
Grecque (10,8 millions d’habitants) est un peu moins importante que
celle de l’Ohio (11,4 millions). 6000 entreprises de moins, pour une
économie d’une si petite taille, ce n’est pas rien.
Pourquoi délocaliser en Bulgarie ? Elle est un membre de
l’Union Européenne, et dispose donc d’avantages de libre-échange.
Le lev Bulgare est lié à l’euro grâce à un
système de caisse d’émission. En plus de cela, à
Athènes, les rumeurs veulent que la Grèce finisse bientôt
par quitter l’euro et introduire une nouvelle monnaie fiduciaire
vouée à la dévaluation et à l’effondrement.
Cela dit, la
Bulgarie a un système de taxes fixes, avec
10% d’impôts sur les revenus, et 10% d’impôts sur les
revenus des entreprises. La TVA y est de 20%, ce qui représente une
taxe assez élevée, mais toujours inférieure à la
TVA Grecque de 23%.
J’ai
déjà suggéré plusieurs fois que la Grèce suive
l’exemple de la Bulgarie en introduisant un système de taxes
fixes. Lorsque la Bulgarie prit cette décision, ses recettes fiscales
augmentèrent de 5,24% en un an. C’est une hausse de revenus plus
importante que celle obtenue par la Grèce après ses six
premières tentatives d’augmentation des taxes dans le cadre de
l’établissement de ‘mesures
d’austérité’. Certaines de ces 6000 entreprises
désormais délocalisées en Bulgarie pourraient même
décider de rentrer au bercail.
Le
gouvernement Grec devrait ensuite réduire ses dépenses pour de
bon, afin de les aligner à ses recettes fiscales. C’est ce que
l’on pourrait appeler ‘un équilibre entre
austérité et croissance’, et représente la
même stratégie que celle utilisée par Ronald Reagan et
Margaret Thatcher dans les années 1980. Ces mêmes politiques
fonctionneraient encore aujourd’hui, si la Grèce décidait
de les appliquer.
Nathan Lewis
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