Des
promesses d’intervention de la BCE faites hier par Mario Draghi, que peut-il être retenu ? En premier lieu
de nouvelles mesures de rigueur exigées de l’Espagne et de
l’Italie, dans le cadre de la poursuite de la même
stratégie néo-libérale. Pour sauver l’Europe,
qui est en train de se disloquer, il n’est toujours question que de déflation
interne, à traduire par baisse des salaires.
En
second, que l’éventuel achat d’obligations à court
terme au FESF/MES sur le second marché – afin de permettre
à cette stratégie de porter ses hypothétiques fruits
tout en permettant à ces fonds d’intervenir largement – ne
fera que gagner du temps et ne réglera rien. L’objectif
immédiat est de permettre aux États qui
bénéficieront de cette disposition, une fois passés sous
les fourches caudines de l’austérité, de « rouler
» leur dette à court terme sans voir grimper le coût
global du service de leur dette. Car ces derniers temps, l’Espagne et
l’Italie ne faisaient que creuser le trou de leur déficit, en
finançant leur dette comme ils pouvaient.
Ce
n’est pas gagné, car le gouvernement allemand doit encore
laisser faire et accepter que ces dispositions entrent en vigueur dès
que Mariano Rajoy et Mario Monti auront rendu les
armes et se seront engagés dans une politique accrue de rigueur
budgétaire. Après tout, c’est bien ce que vient de faire
le Pasok en Grèce, qui n’est plus à cela près, en
acceptant du bout des lèvres les nouvelles baisses de salaires et des
retraites proposées par le premier ministre pour satisfaire la
Troïka.
Qui
a gagné, qui a perdu ? Les analyses ne convergent pas, certaines
mettant en avant ce plan, d’autres énumérant ce que la
BCE a écarté. Le chemin qui a été esquissé
est très étroit, s’il est finalement emprunté,
Mario Draghi ayant essayé de se faufiler
entre les pressions contradictoires qui s’exerçaient sur lui.
Que
faut-il maintenant observer ? Les taux obligataires, comme toujours, mais
aussi les sorties de capitaux des pays en difficulté. Car ce sont eux
qui contribuent à l’éclatement de fait de la zone euro,
prenant la suite des achats par les banques italiennes et espagnoles de la
dette de leur pays et de la décision de la BCE de laisser à la
discrétion des banques centrales nationales le choix des
collatéraux qu’elles acceptent en garantie.
Chacun
à l’arrivée prétend rester maître chez lui
en se préservant des autres, mais en garantissant le pire pour les
plus faibles, tout le monde sera entraîné.
Billet
rédigé par François Leclerc
Son livre, Les
CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de
paraître
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