Depuis
2009, les banques centrales signataires de l’Accord des Banques
Centrales sur l’Or ont cessé de vendre leur or. J’ai
déjà expliqué plusieurs fois que les ventes d’or
des banques centrales Européennes d’avant 2009 avaient pour
objectif de soutenir la naissance et l’établissement de
l’euro. En 2009, dix ans après sa naissance, son établissement
est achevé.
La
même année, les banques centrales des pays en
développement sont apparues en tant qu’acheteuses sur le
marché de l’or. Depuis lors, leurs achats ont soutenu le prix du
métal jaune. Dans cet article, nous observerons ces
évènements ainsi que d’autres développements
monétaires sur le marché de l’or qui nous aideront
à déterminer ce qu’il se passera au cours des mois et
années à venir.
Quelles banques centrales
achètent de l’or et pourquoi ?
Comme
nous avons déjà pu le voir, ce sont les réserves
d’or des banques centrales des nations en développement qui
augmentent le plus rapidement. Leur objectif premier est de diversifier leurs
réserves de devises hors du dollar et des autres devises majeures en
achetant de l’or.
Ces
banques centrales, ce sont celles d’Asie, du Proche-Orient et d’Amérique
du Sud :
Russie – Bangladesh
– Philippines – Arabie Saoudite – Thaïlande –
Biélorussie – Venezuela – Inde – Sri Lanka –
Ile Maurice – Mexique – Bolivie – Colombie – Corée
du Sud – Turquie – Kazakhstan – Tadjikistan – Serbie
– Ukraine – Mongolie – Malta – Grèce –
Argentine.
La
raison première pour laquelle ces banques achètent de
l’or et que les signataires de l’Accord des Banques Centrales ont
cessé de vendre le leur est que toutes les banques centrales
considèrent l’or comme étant un important actif de
réserve et, comme l’a déclaré le directeur de la
Bundesbank, ‘l’or est une protection contre les fluctuations du
dollar’. Ca a le mérite d’être clair, mais
n’existe-t-il pas d’autres raisons d’acheter de l’or
que de vouloir se protéger du dollar ?
Depuis
1979, alors que le prix de l’or était de 300 dollars
l’once, et jusqu’en 2005, le prix de l’or est
demeuré assez stable. Aujourd’hui, son prix est de 1660 dollars
l’once, soit cinq fois et demie plus élevé. Et le dollar
n’est pas cinq fois et demie plus faible que les autres devises.
L’or a vu son prix grimper par rapport à toutes les devises dont
l’euro. Entre 2005 et aujourd’hui, le prix de l’or en euro
est passé de 300 à 1321 euros.
L’or
est un atout indispensable aux réserves nationales, comme le tableau
ci-dessous le prouve. Le monde émergent est conscient de la valeur de
l’or, tout comme le sont les banques centrales des nations
développées, et fait tout en son possible pour en accumuler
avant que le système monétaire globale ne s’effondre
complètement et que des conséquences catastrophiques n’en
ressortent.
Pourquoi les banques centrales des
Etats-Unis, de l’Allemagne, de la France et de l’Italie
détiennent-elles plus de 70% de leurs réserves sous forme
d’or ?
Puisqu’elles
se sont proclamées être des vendeuses d’or depuis 1999
jusqu’à 2009, les banques centrales Européennes
signataires de l’Accord ont donné l’impression avant 1999
que leurs réserves d’or valaient bien plus que le marché
de l’or. Ceci, combiné à la production
accélérée d’or par les sociétés
minières, a influencé le prix de l’or à la baisse
et poussé le monde en développement à dépendre de
plus en plus du dollar et de l’euro. Mais en réalité, les
banques centrales n’essayaient pas de se débarrasser de leur or.
Certaines voulaient vendre 20% de leurs réserves au plus, alors que
d’autres, comme la banque centrale Allemande, n’ont rien vendu du
tout. D’autres, comme celles de la Suisse et du Royaume-Uni, ont
naïvement vendu la moitié de leurs réserves.
En 2009,
tous les signataires de l’Accord des Banques Centrales sur l’Or
ont cessé de vendre leur or, à l’exception de petites
quantités de métal destinées à frapper des
pièces. Voici quelle part de leurs réserves l’or
représente aujourd’hui :
Or
|
Tonnes
|
%
des réserves
|
USA
|
8,133.5
|
75.1%
|
BCE
|
502.1
|
32.0%
|
Allemagne
|
3,395.5
|
71.9%
|
Italie
|
2,451.8
|
71.3%
|
France
|
2,435.4
|
71.6%
|
Suisse
|
1,040.1
|
14.2%
|
Pays-Bas
|
612.5
|
60.2%
|
Portugal
|
382.5
|
89.9%
|
Espagne
|
281.6
|
27.6%
|
Autriche
|
280.0
|
55.6%
|
Belgique
|
227.5
|
39.1%
|
Grèce
|
111.8
|
82.3%
|
Irlande
|
6.0
|
18.3%
|
Pour un actif de réserve
archaïque, il faut dire que l’or s’en tire plutôt
bien. Il faut dire que les gouvernements des nations
développées savaient que si leur expérience avec la
monnaie papier vieille de plus de 40 ans tournait mal, l’or pourrait
leur venir en aide… Et il l’a fait !
Les
gestionnaires monétaires pourraient s’étonner de la
manière dont je décris les devises papier (comme une
expérience), mais depuis que Nixon a mis fin à la
convertibilité du dollar en or en 1971, la monnaie que nous avons
utilisée n’a été rien de plus que l’objet
d’une expérience. Aujourd’hui, les gestionnaires
monétaires du monde – au vu de la manière dont les
gouvernements du monde développé ont abusé leur devise
et la dette de leur nation – peuvent apprécier la perte de
confiance envers leur monnaie aussi bien au sein du monde
développé que du monde en développement. Comment
pourraient-ils éviter le désastre qu’entraînerait
une perte de confiance totale envers leurs devises ? Qu’est-ce qui
pourrait protéger les banques commerciales – notamment celles
dont les portefeuilles d’actifs sont liés au gouvernement
– de l’effondrement ?
Ayant
observé la crise se transformer en une crise de la dette en Europe,
les banques centrales et commerciales du monde réalisent que
malgré leur profond mépris pour l’or et pour sa gestion,
il leur sera indispensable à un rétablissement de la confiance
du public, ce que les devises sont aujourd’hui incapable
d’achever. L’or facilite également les prêts et la
liquidité, des atouts qui vont bien plus loin que son prix.
Les
bénéfices structurels de l’or sont désormais
évidents et il est clair que l’exclure du système
monétaire ne fait rien de plus qu’handicaper le système
financier. Le traité de Bâle III devrait être mis en place
dès le mois de janvier 2013.
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