A chaque
rentrée le même refrain : l'école manque de moyens.
Pas assez de profs, pas assez de classes, pas assez de « personnel
encadrant », pas assez de surveillants, tout simplement pas assez
d'argent.
S’il est
un domaine qui mérite la plus grande attention, c’est bien
sûr l’éducation. Tout doit être fait pour
développer une école d’enfants bien élevés,
créatifs, instruits, indépendants, appliqués,
obéissants, curieux et travailleurs.
Si l’on
en reste là, tout le monde sera d’accord, de
l’extrême gauche à l’extrême droite. Du plus
jacobin au plus libéral.
Jusqu’à
présent, les gouvernements transis devant le mammouth de
l’éducation nationale française n’ont su approcher
la question que sous un angle comptable, pédagogique, et en
réalité le plus souvent incantatoire.
Pourtant,
même s'il serait effectivement salutaire de dégraisser le
ministère, seul un changement complet d’organisation - qui
libérerait enfin les établissements du poids de la centralisation
logistique et pédagogique de l’éducation nationale –
pourrait réellement modifier en profondeur les conditions de
l'éducation dans notre pays.
Ce changement
passe entre autres par la mise en concurrence des établissements,
aujourd'hui bloqués par la « carte scolaire ».
Ce dispositif cumule en effet de nombreux effets négatifs, tant sur le
plan économique que sur celui de la qualité des conditions de
scolarité pour les écoliers, et de travail pour les
enseignants.
Prime
à l’échec.
En
garantissant automatiquement des crédits et des élèves
à tous les établissements publics sur le seul critère
géographique, on peut légitiment craindre que rien ne pousse
ces derniers à obtenir de bons résultats et à
améliorer la qualité du service qu'ils fournissent. Pire,
comment comprendre que les moyens soient aujourd'hui favorablement
attribués en fonction non de la réussite mais de l'échec
des établissements ? Ainsi, plus un lycée voit ses
résultats se dégrader, plus il verra son budget renforcé
par l'éducation nationale.
En instituant
cette concurrence inversée, qui récompense l'échec, nous
organisons la détérioration de notre système
éducatif.
La solution,
pour renverser ce système d'incitation à l'échec,
consiste à laisser aux parents la liberté et la responsabilité
du choix de l'établissement scolaire. La mise en place de ce
système est parfois présentée sous le nom de
« chèque scolarité ». Ce dispositif
consiste à donner aux familles un « bon », leur
permettant de payer la scolarité de leur enfant dans l'établissement
qu'ils auront choisi. Cela reviendrait de facto à mettre ces derniers
en situation de saine concurrence, qui développerait
mécaniquement une dynamique de réussite. En effet, plus les
parents sont impliqués dans le choix de l’établissement
de leurs enfants, plus ils cherchent à améliorer leurs
conditions de scolarité. Pour survivre, les établissements
devraient ainsi proposer une offre éducative performante, innovante,
qui fournirait le meilleur cadre de travail et d'épanouissement aux
enfants.
Ce
débat est malheureusement parasité par un certain nombre
d'arguments fallacieux qu'il convient de désamorcer.
« Et
les enfants dont personne ne voudrait ? »
C'est
justement une des forces du marché : répondre à une
demande. Il y aura toujours des établissements qui, pour capter cette
demande, feront leur particularité de faire réussir les enfants
qui n’ont réussi nulle part, en organisant la pédagogie
et la vie scolaire autour de cet objectif, là ou d’autres
établissements pourraient décider de mettre l'accent sur le
sport, l'informatique, ou les langues vivantes.
« Cela
créerait des écoles pour riches et des écoles pour
pauvre. »
C’est
déjà le cas, simplement aujourd’hui, les gens qui ont peu
et qui, soucieux de l'éducation de leur enfant font le choix de la
réussite, sont pénalisés car ils payent la
scolarité de leurs enfants deux fois.
« Cela
reviendrait à casser le collège unique. »
Notre
système éducatif souffre justement de cette obsession du
collège unique. Comme tout secteur, l'éducation mérite
de bénéficier de l'inventivité de ses acteurs, et de
voir se développer des offres éducatives alternatives,
innovantes, qui répondent à la variété des
territoires et des horizons professionnels. Et là encore, la loi du
marché permettra de conserver les initiatives concluantes, et
d'abandonner les systèmes moins probants.
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