Il y a un peu plus d’un mois, j’expliquais
pourquoi il serait dans le plus grand intérêt de Ben Bernanke, directeur de la Réserve
fédérale, de lancer une nouvelle vague de quantitative easing (QE) avant les élections
présidentielles. Pour résumer, disons que cela lui permettrait
de sauver son emploi. Je n’étais pas absolument certain
qu’il en ferait ainsi – seuls quelques employés du FOMC
auraient pu l’affirmer pour sûr – mais un tel
scénario me semblait probable. Il n’en est pas moins que peu de
temps après, Bernanke a non seulement
annoncé une nouvelle politique de stimulus mais il a également
promis d’imprimer 40 milliards de dollars par mois jusqu’à
ce que la situation soit rétablie. Comme j’ai pu le dire dans
mon précédent article, ce programme est la clé de la
plateforme électorale Obama-Bernanke. Ils feront tout leur possible pour que leur ticket
puisse subsister indéfiniment.
Malheureusement, bien que ces deux hommes soient
très puissants, ils ne sont pas au-dessus des lois économiques.
Bien qu’aux Etats-Unis, beaucoup surnomment déjà leur
programme ‘QEternity’ et ‘QE-infinity’, leur nouvelle politique de quantitative easing prendra fin bien avant la nuit des temps. Nous
assistons actuellement à une importante bulle de la dette souveraine
aux Etats-Unis et la situation est désormais telle que plus personne
au gouvernement ne croit qu’elle pourra un jour prendre fin – ce
qui est un excellent contre-indicateur.
Plutôt que de perdurer indéfiniment, ce
troisième programme de quantitative easing
ne fait que nous rapprocher du moment où tout le monde fuira le dollar
et les obligations Américaines. Cette fuite entraînera une forte
hausse des taux d’intérêt du marché ainsi
qu’une inflation brutale des prix à la consommation aux
Etats-Unis. Si vous pensez que l’essence à 4 dollars le gallon
est une mauvaise chose, attendez de voir ce que ce sera lorsque son prix
augmentera de 25 centimes par semaine.
C’est à ce moment-là que Bernanke se verra forcé de prendre une
décision : continuer d’imprimer et mener le dollar vers une
hyperinflation de plus en plus incontrôlable, ou réduire la
masse monétaire et entraîner la banqueroute du gouvernement et
du système bancaire.
J’ai longtemps écrit à propos de la possibilité
de confronter la Fed mais jusqu’à présent,
l’impression monétaire a été une option trop
aisée. La crise en zone Euro ayant détourné les regards
du fait que le monde abandonne peu à peu le dollar en tant que devise
de référence, la Fed a pu doubler la masse monétaire
sans pour autant que les consommateurs Américains ne voient les prix
des produits doubler sur les étalages des supermarchés. Je
n’essaie pas de dire qu’il n’y a pas eu d’inflation
– regardez le marché immobilier, le prix du gaz, ou encore le
marché des actions –, simplement qu’elle n’a pas
encore atteint une proportion de crise. Lorsque les prix commenceront
à grimper assez rapidement pour que le citoyen lambda réalise
qu’il s’est fait avoir, des émeutes éclateront
partout dans les rues.
La bonne nouvelle pour les investisseurs sur les
métaux précieux est que ces deux scénarios
s’avèreront haussiers pour l’or et l’argent.
Si la Fed continuait sur sa lancée et nous
plongeait dans l’hyperinflation, il ne faudrait pas longtemps aux
métaux précieux pour être à nouveau perçus
comme des formes de monnaies capables d’acheter la même
quantité de biens semaine après semaine et mois après
mois.
Si la Fed choisissait de réduire la masse
monétaire, les prix pourraient se stabiliser, mais le gouvernement et
le système bancaire finiraient certainement par sombrer dans la
banqueroute. Cela signifie qu’aucun plan de sauvetage ne sera mis en
place, qu’aucune assurance ne sera payée par le Federal Deposit Insurance Corporation et que les banques fermeront leurs
portes, faute de réserves de monnaie disponibles. C’est ce
qu’il s’est passé en Islande en 2008, alors que la dette
des banques du pays s’élevait à plus de dix fois son PIB.
Le gouvernement n’était pas en mesure d’offrir un plan de
sauvetage et tout l’édifice bancaire s’est
effondré. Bien que les 320.000 citoyens Islandais n’aient pas
entraîné d’effondrement significatif des marchés au
cours de cette transition, il y a de fortes chances qu’il n’en
aille pas de même pour les 320 millions d’habitants que comptent
les Etats-Unis.
Comme nous avons pu le voir en Argentine dans les
années 1990 et en Hongrie dans les années 1940, lorsque le
système bancaire se retrouve paralysé, les actifs durables se
négocient avec une prime. Les pièces d’or et
d’argent peuvent poser un désavantage à une époque
où règnent les cartes de crédit et Paypal,
mais que se passera-t-il lorsque ces systèmes ne seront plus
disponibles ? Aujourd’hui, les régulations et marges
bénéficiaires forcent déjà les banques à
inclure des taxes sur toute transaction faite par carte bancaire. Inutile
d’ajouter que toutes les transactions digitales sont traçables
par les services fiscaux.
Si tout le monde se mettait à transporter des
liasses de billets partout où il allait, il ne ferait pas grande
différence de transporter des pièces. Une pièce
d’argent de la taille d’une pièce de dix centimes vaut 3,5
dollars. Deux d’entre elles pourraient vous payer un déjeuner au
restaurant.
Bien que je sois persuadé qu'une réduction
de la masse monétaire et un défaut national placeraient les
Etats-Unis sur le chemin du rétablissement économique, la
période de transition ne sera pas une partie de plaisir. Rationnement
de nourriture, saisies de domiciles et crime rampant en seront des
conséquences évidentes. En de telles circonstances, l’or
et l’argent seront les seules choses sur lesquelles les gens pourront
compter. Non seulement ils conserveront leur valeur, cette dernière
finira même par augmenter dans le même temps que des millions de
personnes envahiront le marché des métaux précieux et
que l’endettement de l’économie Américaine sera
réduit. Pour dire les choses simplement, il ne faudra peut-être
qu’une seule pièce d’argent de la taille d’une
pièce de dix centimes pour déjeuner au restaurant.
Peut-être sera-t-elle-même suffisante pour aller déjeuner
avec un ami.
Bernanke
et ses partisans de Wall Street voient la monnaie peu chère comme leur
horizon – mais cet horizon n’est autre qu’un mur de briques
peinturluré. Il n’y aura pas de ‘QE-infinity’,
il n’y aura qu’une vague de quantitative easing
qui durera jusqu’à ce que la Fed aperçoive le mur de
briques et mette le pied sur le frein ou décide de rentrer dedans de
plein fouet. Dans tous les cas, le seul moyen qui s’offre à vous
pour quitter le wagon avant qu’il soit trop tard est d’investir
sur les métaux précieux.
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