Mes chères contrariées, mes chers contrariens,
Je l'avoue bien volontiers, je suis un peu taquin... Mais que
voulez-vous, c'est à ça que l'on reconnaît les contrariens !
Je me souviens – enfin pas vraiment car en 1981, finalement, je
n'étais qu'un gamin, mais en tout cas cela fait partie des bonnes
blagues gardées en mémoire – qu'il est toujours utile de
pouvoir ressortir lors d'un dîner en ville. Donc en 1981, avec
l'arrivée de la gauche au pouvoir, il a fallu montrer
déjà à l'époque que le changement, c'était
maintenant.
Le ministère du Temps libre était un ministère
français qui fit partie en 1981 des innovations du premier
gouvernement de Pierre Mauroy, entérinant en cela la volonté du
président de la République nouvellement élu,
François Mitterrand.
Et franchement, de vous à moi, un ministère du Temps
libre occupant à temps plein plein de gens
pour occuper ceux qui n'ont rien à faire, j'ai toujours trouvé
l'approche très drôle et effectivement pour le moins
créative.
André Henry sera ce ministre du Temps libre. Ce nouveau
ministère prend directement la responsabilité des
administrations du tourisme, de la jeunesse et des sports auquel fut adjointe
une nouvelle direction « du loisir social, de l’éducation
populaire et des activités de pleine nature ».
Là, quand on aborde le concept de la direction du loisir
social, de l'éducation populaire et des activités en pleine
nature, cela fleure bon le castrisme cubain et la nostalgie d'une
époque révolue. Mais franchement, avec le recul et notre regard
de maintenant, quelle rigolade mes amis !
Bon, je vous entends rire et rire encore de cette bonne vieille blague
des années 80, mais attendez un peu que l'on parle des derniers
chiffres du chômage. Ils sont dramatiques.
On peut les amoindrir, les atténuer, mais en gros c'est une
catastrophe annoncée. Ce qui est très intéressant comme
toujours, ce n'est pas le chiffre que l'on vous donne en boucle, mais le
détail.
On apprend que les radiés pour cause de défaut
d'actualisation représentent 45 % du nombre de chômeurs en
« moins », et cette catégorie augmente de
presque 7 %.
On apprend que l'emploi en CDD s'effondre.
On apprend que l'emploi en intérim s'effondre.
On apprend que les licenciements économiques sont presque
anecdotiques dans la mesure où tous les plans sociaux annoncés
actuellement n'ont pas encore été concrétisés par
les vagues de suppressions d'emplois attendues.
Prenons l'exemple de PSA. À Aulnay, l'usine va fermer et la
direction du groupe Peugeot souhaite supprimer 8 500 postes. Ce sera
peut-être moins, mais en attendant, tous ces ouvriers ont encore un
travail... et cela se voit très bien dans le détail des
statistiques.
On apprend enfin, et c'est bien sûr le plus grave, que toutes
catégories confondues, le taux de chômage en France
s'élève désormais à 16,4 %, loin, très
loin hélas, des 10 ou 11 % que l'on évoque habituellement.
Vous trouverez dans les pages suivantes les copies des tableaux de ces
statistiques de sources officielles puisqu'il s'agit des documents du
ministère du Travail.
Alors au rythme où vont les choses, il est évident que
la récession en 2013 sera beaucoup plus forte que le concept marketing
fort mignon de croissance zéro. C'est un tsunami économique qui
s'annonce et pour l'emploi, la crise, c'est maintenant.
Peut-être que l'on devrait donc envisager de modifier les
attributions de notre ministre du Redressement productif et dont
l'activité essentielle est de gérer, d'apporter plus un soutien
psychologique à nos concitoyens touchés par des plans sociaux
qu'une aide réelle au développement économique de nos
entreprises – ce qui est logique, Montebourg ne peut pas remplir à
lui seul les carnets de commandes de nos sociétés en
difficulté.
Il pourrait donc être assez adapté de mettre notre cher
Arnaud (Montebourg) au ministère du Temps libre, parce que par les
temps qui courent, du temps libre, il y en a plein.
Et puis de vous à moi, ça tombe bien, il a
déjà la tenue pour aller à la plage, Laurence Parisot le trouve tellement beau en marinière...
Charles SANNAT
Directeur des Etudes Economiques Aucoffre.com
Où l'on peut voir région par région que pour les
trois principales catégories (car il manque encore les catégories
D et E qui représentent environ 600 000 personnes
supplémentaires), le taux de chômage réel est de 16,4 %
en France.
Agence de Presse Xinhua.
Analyse
& décryptage
Agence de Presse Xinhua.
Analyse
& décryptage
Où l'on voit que par rapport au chiffre de chômeurs
supplémentaires annoncé, plus de 200 000 personnes ont
été radiées pour simple défaut d'actualisation et
pas forcément parce qu'elles ont retrouvé un travail.
On voit également une augmentation de 26 % des fins de CDD qui
ne sont pas reconduits envoyant directement au chômage les personnes
concernées.
A noter que les licenciements économiques, avec 11 000
destructions de postes entraînant une inscription à Pôle
emploi, sont encore très faibles par rapport aux vagues qui
s'annoncent.
Enfin, au total, c'est 667 000 personnes qui sont venues s'inscrire au
chômage au mois de septembre contre seulement 556 000
sorties pour beaucoup douteuses.
Nous parlons en réalité de plus de 100 000
chômeurs sur un mois. C'est énorme. Il n'y aura pas de
croissance zéro. Il ne faut pas rêver.
Sur ce tableau, vous pouvez visualiser la chute de 7 % sur un mois
(qui est donc en train de s'amplifier) et d'une baisse de 15 % sur un an du
nombre d'offres d'emplois durables.
La création d'emplois est tout simplement en train de
s'arrêter dans notre pays.
Plus grave encore, les emplois précaires eux aussi sont en
chute libre. Ils ne compensent donc plus la perte d'emplois durables. Ce
n'est pas une recherche de flexibilité de la part des entreprises.
C'est une récession majeure qui se profile dans ces chiffres.
5 millions 400 000 chômeurs... Voilà la triste
réalité de notre marché de l'emploi.
Cela ne prend pas en compte les personnes travaillant mais gagnant
moins de 750 € par mois (les temps partiels subis), soit environ 5
à 6 autres millions de personnes.
Cela ne prend pas en compte nos 2 millions de
bénéficiaires du RSA.
Soit environ 15 millions de personnes en état de situation
très précaire par rapport à une population active totale
d'environ 24 millions de personnes.
L'état économique de notre pays est dramatiquement
inquiétant.
Il faut en être conscient.
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