On ne cesse
d'aller de déconvenues en déconvenues dans le dossier Dexia. On
connaissait déjà l'existence d'une "bad
bank" d'un montant de près de 100
milliards d'euros, lourde de pertes potentielles, et qui ne pourra être
totalement liquidée avant... 2099.
Mais ce chiffre
déjà impressionnant s'avère largement
dépassé. Le conseil d'administration de la banque vient de
publier un document enjoignant les actionnaires (les Etats français,
belge et luxembourgeois) à souscrire l'augmentation de capital de 5,5
milliards d'euros le 21 décembre prochain (L'Express.be).
Sans cet apport d'argent frais, est-il expliqué, la banque ferait
défaut sur la totalité de sa dette, soit 386,5 milliards
d'euros, ainsi que sur son portefeuille de produits dérivés
s'élevant à 605 milliards d'euros, soit un trou de presque 1000
milliards d'euros ! "Un tel défaut menacerait la
stabilité? de l’ensemble du système financier
européen" précise le rapport. On veut bien les croire, ces
chiffres dépassent ceux de la Grèce !
Ce risque
est-il au moins pris en compte par les instances de régulation ?
Même pas, au contraire, puisque le Conseil de stabilité
financière, mandaté par le G20, vient de sortir Dexia de la
liste des banques systémiques ! On nage en plein délire. Mais
oui bien sûr, les produits dérivés sont
comptabilisés en hors bilan, donc non pris en compte par les normes
prudentielles, et la banque est garantie par des Etats, donc tout va bien.
Voilà
qui en dit long sur l'état des banques européennes et
américaines, dont le plus grand nombre affiche certes des
résultats positifs, mais dont on sait qu'elles sont assises sur des
barils de poudre. Combien de banques sont en réalité
très proches de la situation de Dexia, ou le serait rapidement en cas
de nouvelle crise financière ?
C’est
uniquement parce qu’elle est prise à la gorge que Dexia rend
public le montant de ses engagements en produits dérivés. Les
autres banques possèdent bien évidemment des engagements
comparables, mais on le saura la veille de leur faillite. Et il ne faut pas
compter sur les instances de régulation pour nous éclairer.
Les cas Dexia
n'est peut être pas isolé, il exprime
juste une situation plus grave que la moyenne. Combien de banques espagnoles
(qui viennent de recevoir 37 milliards d'euros de l'Europe) ou grecques sont
en réalité en aussi mauvaise posture ? Que sait-on vraiment des
engagements et du niveau de risque des grandes banques européennes ?
Les grandes banques américaines (comme JP Morgan ou Goldman Sachs)
possèdent des montants notionnels gigantesques en produits
dérivés. Et si Dexia n'était en fait qu'un
précurseur ?
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