Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Bon, je suis désolé mais aujourd’hui il ne
s’est pas passé grand-chose dans le monde. Il y a bien
l’indice de confiance du consommateur américain qui
s’effondre mais ce doit être une preuve supplémentaire du
retour de la « crôassance
»…
Donc vraiment j’ai dû me gratter la tête longuement
avant de vous trouver des sujets fondamentalement sans intérêt
mais qui, mis bout à bout, donnent une image assez particulière
de notre société ; en plus je les trouve assez drôle, et
dans ce monde de fou nous avons besoin de rire. Enfin vous peut-être
pas, mais moi c’est sûr.
On a une ministresse dont j’adore le prénom : Fleur… C’est
doux, joli et poétique. Donc Fleur Pellerin veut faire accompagner les
créateurs d’entreprise. J’adore cette idée de faire
accompagner les entrepreneurs par des fonctionnaires…
Fleur
Pellerin souhaite que les créateurs d'entreprises soient mieux
accompagnés
Bon, j’entends ma femme derrière qui me dit que je fais encore
du mauvais esprit sur les fonctionnaires et que c’est facile
(c’est son côté socialiste). Non, c’est vrai, au
fond elle a raison. Je trouve même que pour des gens qui ne risquent
pas grand-chose et qui ont la sécurité de l’emploi,
globalement, quoi qu’ils fassent, ils se comportent plutôt de
façon exemplaire, et pour une fois ce n’est pas ironique.
Après, qu’ils soient trop nombreux c’est un autre sujet
dont chaque fonctionnaire individuellement ne peut être tenu pour
responsable.
Pourquoi j’attaquais bille en tête notre ministresse
là-dessus ? C’est parce que regardez ce qu’elle a
déclaré, c’est maintenant que l’on peut commencer
à rire un peu.
« L'écrasante majorité des entreprises
créées en France le sont sans salariés, et c’est
un sujet de préoccupation qui révèle un accompagnement
insuffisant des entrepreneurs prometteurs. »
Bravo Madame la ministresse. Personne n’est là pour vous
dire qu’un entrepreneur, qu’il soit prometteur ou non
d’ailleurs, n’a pas besoin d’être accompagné
et tenu par la main pour savoir s'il doit recruter ou non un salarié.
En gros, il fait un calcul du style « combien que je gagne moins
combien que tu vas me coûter moins combien l’État va me
piquer en plus sous forme d’impôts égal la tête
à ToTo et je recrute pô
». Voilà l’équation de l’entrepreneur de
base… Mais ce sont des mathématiques. C’est trèèèèès
compliqué.
Il faut dire que Madame la ministresse Pellerin analysait avec brio
les chiffres détaillés de créations d’entreprises
diffusés mardi par l’Insee. Selon notre Institut national de la
statistique, « la majorité des entreprises créées
(95 %) n’ont aucun salarié ». Pour l’Insee, cela est
lié « à la part élevée des nouveaux auto-entrepreneurs
» qui représentent 56 % des créations. Mais «
même hors auto-entrepreneurs, la part des entreprises employeuses reste
faible (12 %) ».
« Pour augmenter la proportion de nouvelles entreprises de
croissance dans la création d’entreprises, notre pays doit
être en mesure de mieux repérer les potentiels et de mieux
accompagner les entrepreneurs de croissance », a-t-elle estimé,
s’engageant à « rompre la solitude de l’entrepreneur
».
Elle est gentille Fleur quand même, elle veut rompre la solitude
du chef d’entreprise. Elle va bientôt nous annoncer le lancement
des entrepreneurs anonymes… Bonjour, je m’appelle Jacques,
j’ai cinquante ans, je suis entrepreneur mais j’essaie
d’arrêter j’en peux plus… Je vais partir en Belgique
!!
Eh oui ma chère Fleur, si je peux me permettre une ou deux
remarques. Le problème du chef d’entreprise n’est pas
d’être seul, il est d’être mal
accompagné… par les agents de l’État qui devraient
juste lui permettre de le laisser entreprendre en paix. Trop de normes, trop
de règles, trop d’impôts, trop de taxes, trop
d’incertitudes fiscales, trop de tout égal moins de
création de richesse et moins d’emplois.
En France, ma chère Fleur, nous avons décidé de
taxer le travail très fortement. Résultat : il y a moins de
travailleurs au travail (ce n’est pas la seule raison mais c’est
l’une des raisons). Alors il faut verser à tous ces inactifs des
aides. On leur donne un RSA pour vivre. Puis une CMU pour se soigner. Puis
des APL pour se loger… Ils nous coûtent cher. C’est le prix
de la solidarité et de l’assistance.
Un candidat à la présidentielle avait proposé une
excellente mesure. Simple. Efficace. Brillante. Pour toute entreprise sans
salarié, pour le 1er salarié acheté, toutes les charges
sont offertes. Un Smic à 1 000 € égal un coût de 1
000 € pour la toute petite entreprise.
Alors Fleur, posons un autre calcul simple. Soit 3 millions le nombre
d’entreprises sans salariés. Soit 20 % le nombre
d’entreprises sans salariés qui veulent recruter mais ne peuvent
pas en raison de la rigidité du droit du travail (une entreprise
d’une personne ne peut pas se permettre un conflit aux
Prud’hommes) et du coût du travail égal potentiellement
600 000 emplois créés en un an par une simple mesure qui ne
coûte rien. Elle ne rapportera rien, mais elle ne coûtera rien.
Pour le 2e salarié, on peut imaginer une remise de 50 % des charges
sociales par exemple.
Mais non, nous préférons les emplois
d’avenir… Sans aucun avenir, juste une voie de garage
supplémentaire comme on en fabrique depuis 30 ans. 30 ans que chaque
ministre nous ressort les mêmes âneries.
Mais rassurez-vous, notre jolie Fleur nous a rappelé
qu’elle vient de signer avec le ministre du Redressement productif
Arnaud Montebourg la "charte nationale du mentorat
entrepreneurial", visant à encadrer et développer cette
pratique qui a déjà fait ses preuves. Évidemment, si les
chefs d’entreprises commencent à se parler entres eux et
à s’entraider, il faut vite encadrer ces pratiques dangereuses
pour la société.
Cela me fait penser à la blague soviétique du temps de
l’URSS. Vous savez pourquoi les policiers soviétiques se
promènent par trois ? Le premier sait lire. Le deuxième sait
écrire. Le troisième surveille ces deux dangereux
intellectuels… Sans commentaire.
D’ailleurs, il faut que je vous dise : en fait
l’État français – et pas que le nôtre –
a un vrai problème. Ils ne veulent jamais
laisser les gens faire… Encore une fois, tout doit être
encadré et, dans les cas extrêmes, bien sûr interdit.
On interdit de tuer (je suis pour), on interdit d’agresser (je
suis pour), et puis on interdit des choses et puis encore d’autres, et un
jour on interdit les feux de cheminée… C’est dangereux de
faire un feu de cheminée, en plus vous achetez du bois ou vous en
récupérez dans la forêt ou dans votre jardin (ce qui est
pire) et vous n’engraissez plus au passage soit l’industrie
nucléaire soit l’industrie pétrolière au choix.
Les feux de
cheminée interdit !!
Eh oui, vous avez bien lu. Interdit les foyers ouverts qui sont dans
le collimateur de la préfecture qui souhaite les interdire dès
2015 en Île-de-France.
Alors bientôt finies les longues soirées au coin du
feu… Maintenant ce sera devant le radiateur électrique… un
peu moins romantique dirait ma femme.
Il faut dire que fumer ça tue et les fumées de
cheminées aussi. C’est très très
dangereux pour les bénéfices d’EDF qui a prévu de
continuer à augmenter ses tarifs pour finir par les doubler… Heu
pardon, c’est très dangereux pour votre santé. Selon la
Préfecture, « les particules nocives liées à la
combustion du bois se logent dans toutes les pièces de
l’habitation et y restent pendant de longs mois » !
Pour continuer à vous faire peur, la Préfecture nous
ressort une étude de l’OMS qui indique que ces particules, des
minuscules grains (inférieurs à 10 microns) en suspension dans
l’air (toutes origines confondues), sont en effet responsables de 42
000 décès chaque année en France !! Vous vous rendez
compte ?
Moi je suis d’accord, il faut interdire les feux de
cheminée. En revanche, continuer à respirer les particules de
diesel, ça, c’est très bon pour la santé… Et
puis faut bien vendre des voitures et continuer à percevoir un maximum
de taxes sur les carburants… mais je m’égare. Monsieur le
Préfet veut juste prendre soin de ma santé… je suis
injuste parfois…
Alors comme le fait remarquer avec malice l’article du Parisien,
« reste qu’à moins d’aller frapper à toutes
les portes pour vérifier qui fait brûler quoi et comment chez
soi, l’arrêté préfectoral d’interdiction
risque d’être difficile à appliquer ».
Et a priori, selon Hélène Gassin,
vice-présidente (écolo) : « Il n’est pas question
de créer une police des feux de cheminée, mais d’alerter
tous ceux qui utilisent ce moyen de chauffage sans connaître son
impact. »
C’est au moins la seule remarque judicieuse sur cette affaire
(déjà qu’on doit se farcir la police de la
pensée), car je peux vous dire que le premier qui rentre chez moi pour
m’expliquer que je n’ai pas le droit de faire un feu dans MA
cheminée pendant une longue soirée d’hiver, en mettant
une pomme à cuire avec du sucre pour le plus grand plaisir de mes
enfants, je l’embroche et j’en fais du rôti… au feu
de bois… Tiens, d’ailleurs, à propos de feu de bois, je
pense qu’il faut interdire les pizzas cuites au feu de bois justement,
et que l’on devrait avoir une véritable réflexion sur la
dangerosité des barbecues…
Bon, terminons avec la ville de Dijon, ce n’est pas que la
moutarde me monte au nez, mais tout de même mes amis !
Dijon vend
la moitié de sa cave à vin pour les plus démunis
C’est un article de L'Expansion qui nous apprend que la
municipalité de Dijon vient de vendre la moitié de sa cave
à vin aux enchères, soit tout de même 3 500 bouteilles de
crus de Bourgogne, ce qui a permis à la ville de Dijon
d’empocher 150 000 euros qui seront utilisés pour des aides
d'urgence aux plus démunis...
Alors j’ai deux questions. Peut-être que les pauvres
auraient préféré boire une bonne bouteille, histoire de
savoir ce que ça fait d’être riche…
La deuxième, c’est croyez-vous que le rôle
d’une municipalité soit de détenir pour 300 000 euros de
bouteilles de vin… car en cette période de disette
nationale… nos élus doivent se montrer exemplaires, et
c’est très loin d’être le cas.
Allez, je vous laisse, je vais me vider une chopine de bourgogne
devant la cheminée… Ah non, c’est vrai : boire ou
conduire, il faut choisir, et les feux de cheminée sont
interdits…
Bienvenu dans ce monde où l’on veut nous faire vieillir
pour mieux nous euthanasier ensuite… Des fois je ne comprends pas.
Charles
SANNAT
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/dijon-...ale_370390.html
http://www.leparisien.fr/environnement/la-...013-2516455.php
|