Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Aujourd’hui Stephan Hessel nous a quitté.
C’était un vieux Monsieur de 95 ans. Stéphane
Frédéric Hessel, est né le 20 octobre 1917 à
Berlin il est mort aujourd’hui, le 27 février 2013 à
Paris, il fut diplomate, ambassadeur, résistant, écrivain et
militant politique français.
Né allemand, Stéphane Hessel arrive en France à
l’âge de 8 ans. Naturalisé français en 1937,
normalien, il rejoint les Forces françaises libres en 1941 à
Londres. Résistant, il est arrêté et
déporté à Buchenwald, puis à Dora, et ne doit la
vie qu’à une substitution d’identité avec un
prisonnier mort du typhus et à son évasion.
Monsieur Stéphane Hessel, l’auteur du
célèbre ouvrage « Indignez-vous » paru en 2010 est
le produit d’un siècle d’histoire et d’horreurs
européennes, il est le produit d’un siècle de luttes.
Engagé jusqu’à la fin, il a inspiré, partout
à travers le monde le mouvement des « indignés ».
Le titre de cet Edito peut sembler fort. Il provoquera sans doute
beaucoup de réactions. Mais j’en assume chaque mot car nous
courrons à la catastrophe, une catastrophe que Stéphane Hessel
voyait parfaitement se profiler.
La chronique
d’une catastrophe française annoncée
J’en avais déjà parlé, mais je vais revenir
rapidement dessus. A l’issue de la première guerre mondiale,
nous avons lors du Traité de Versailles, nous les alliés,
humilié le peuple allemand. Nous avons, nous
mêmes, créé les conditions de l’ascension du
nazisme. Nous avions imposés aux allemands des conditions de
réparations de guerre totalement intenables. Nous le savions. Nous
n’avons eu aucune sagesse. Nous l’avons payé cher.
Très cher et ce coût fut en dizaine de millions de morts.
L’Allemagne qui en fut la victime, est désormais le
bourreau économique des peuples d’Europe en imposant à
son tour une austérité intenable à ses partenaires.
« La
montée du populisme en Italie »
Je n’entends que cela dans les média. Le «
pépé Grillo » c’est la montée des populismes
en Europe. D’accord. Pourquoi pas. Mais arrêtez de nous
asséner du prêt-à-penser de caniveau. Dites-moi pourquoi
ce que l’on appelle les populismes montent en Italie, mais plus
généralement partout où passe la « Pax Economica Germanica » ?
Je veux savoir pourquoi.
J’Accuse
l’Allemagne
J’accuse l’Allemagne de ne pas accepter que l’Euro
est une monnaie qui est bonne pour l’Allemagne mais catastrophique pour
les pays du sud, la France devant accepter, car c’est sa tradition la
plus profonde, d’être rangée dans les pays du sud, sans
que cela soit un déshonneur.
J’accuse l’Allemagne d’imposer sa politique
économique à l’Europe en sachant pertinemment que cette
politique va détruire progressivement tous les pays dans lesquels elle
l’impose.
J’accuse l’Allemagne d’impérialisme
économique désormais dangereux pour les intérêts
vitaux de la nation française.
J’accuse
nos élites
J’accuse nos élites de défaitisme.
J’accuse nos élites de collaboration.
J’accuse nos élites de manque de courage.
J'accuse nos élites de croire que l'euro et cette Europe sont
un horizon indépassable.
J'accuse nos élites de manque d'imagination.
Les
intérêts stratégiques de la France
L’intégrité de notre territoire n’est pas
menacée par les divisions de chars allemands elle est menacée
par ses divisions internes dont naîtra un désordre social sans
précédent.
Imaginez-vous les banlieues sans aides sociales ?
Imaginez-vous ce que l’on appelle pudiquement « les
citées » sans RSA, APL, CMU et autres sigles qui permettent
à des millions de gens de survivre ?
Imaginez-vous un pays où les classes moyennes auraient
disparues ?
Imaginez-vous un pays où les retraités n’auront
plus de pension ?
Imaginez-vous notre pays sans hôpitaux et sans
médicaments accessibles (parce que c’est exactement ce
qu’il se passe en Grèce et en Espagne et que cela arrivera aussi
chez nous) ?
Imaginez-vous que tout votre mode de vie soit menacé dans son
intégralité ?
Imaginez tout cela ! Car c’est cela que nous impose
l’Allemagne. Imaginez-le, car c’est à cela que collaborent
les gouvernements français de droite comme de gauche qui ont
décidé que l’intérêt de la France est
d’être arrimé à l’Allemagne. C’est donc
pour cela qu’ils « collaborent ».
L’ennemi
n’est pas facilement identifiable
C’était ce que disait Stéphane Hessel de la
situation actuelle. Pour lui les choses étaient beaucoup plus simples
en 1940. On savait qui étaient les « méchants ».
Aujourd’hui c’est notre manque de courage et de bon sens
qui sont nos ennemis.
La France n’aura jamais l’économie de l’Allemagne.
Le croire est une illusion.
La France a toujours procédé à des
dévaluations tous les 4 matins. C’est notre « tradition
». Croire que nous aurons la même rigueur que les allemands est
une illusion.
La France n’a jamais été un grand pays exportateur.
Croire que nous le deviendrons est une illusion.
La France n’est pas l’Allemagne. Croire que nous pouvons
faire comme les allemands est une illusion. Pire, c’est un mensonge.
Nous ne serons jamais comme les allemands et inversement.
Or la politique que nous menons consiste à nous aligner sur les
principes édictés à Berlin par la Chancelière
pour l’Allemagne.
En acceptant cela nous favorisons les intérêts allemands
à notre propre détriment.
La France va
s’effondrer et vous allez le vivre
Si nous poursuivons cette politique de rigueur et
d’austérité demandée par l’Allemagne, notre
pays s’effondrera en 2014 comme la Grèce et comme
l’Espagne.
Hier. La Commission Européenne a exigé de la France sur
demande de l’Allemagne, que si notre déficit dépassait
les 3% du PIB en 2013, nous réduisions d’autant le
déficit en 2014. En clair si nous faisons 3,5% de déficit en
2013, il faudra faire que « 2,5% » en 2014 pour compenser le tout
dans un contexte d’absence totale de croissance.
Cela signifie ni plus ni moins la disparition totale du modèle
français. Alors d’accord notre modèle coûte trop
cher. D’accord nous devons et nous pouvons rationaliser aussi bien les
dépenses que la gestion. D’accord beaucoup on
envie d’avoir la « peau » de l’état providence
à la française. D’accord nous devrons accepter de voir
décroître certaines choses. D’accord pour tout cela.
Mais ceux qui s’imaginent que notre pays peut s’offrir une
rigueur à la grecque ou l’espagnole sans entraîner une
déstabilisation profonde de la France commettent la plus grande erreur
historique depuis le Traité de Versailles.
L’intérêt
stratégique de la France est sa stabilité sociale
Je ne suis pas socialiste dans l’âme. Je perçois
également parfaitement les limites d’un
néo-libéralisme stupide et de l’argent roi qui fait
vendre du cheval à la place du bœuf et conduit les fabricants de
bières à couper leur produit à l’eau…
Ce que je sais c’est que la France est un pays socialement
fragile. La société française est profondément
fracturée, prise en tenaille entre une immigration importante, des
problèmes d’intégration majeurs, une délinquance
où se mêlent désormais des interférences
communautaires et religieuses.
Un pays où les tensions disons-le interethniques
s’exacerbent sur fonds de difficultés économiques qui ne
peuvent que faire le lit d’extrémismes de toutes sortes.
Au bout du chemin, il ne faut pas vous leurrer, une
austérité à la grecque ou à l’espagnole ne
s’accompagnera en aucun cas dans notre pays de manifestations «
bon enfant » avec slogan rigolos et barbecue-merguez.
Au bout de ce chemin, ce sera des émeutes d’une telle
violence que cela ne pourra conduire qu’à une forme
larvée de guerre civile et à la fin de la démocratie
telle que nous la connaissons.
Il n’y
a qu’un seul chemin pour éviter ce désastre
Ceux à qui cela aurait échappé, nos amis
allemands et je le dis sans ironie cette fois, ne souhaitent pas
négocier l’euro fort, l’euro allemand. C’est un
choix respectable, c’est un choix qui correspond à
l’histoire de l’Allemagne, mais c’est un choix qui est
incompatible avec la stabilité d’un pays comme la France dont
les fragilités internes ne sont pas celles de l’Italie, de
l’Espagne ou de la Grèce.
Alors nous devons sérieusement envisager, si les allemands ne
souhaitent pas sortir par eux-mêmes de l’euro de reprendre en
main notre destin et notre souveraineté.
En suivant la politique menée par l’Allemagne, tous les
pays d’Europe se condamnent à subir
l’hégémonie allemande pour une période
indéterminée, car cette politique ruine consciencieusement
chaque pays d’Europe, un par un. Au bout, il n’en restera
qu’un. L’Allemagne.
Il n’y a rien « d’européen » dans tout
cela, il n’y a que la recherche de la suprématie
économique allemande, pas forcément consciente dans
l’esprit de nos amis d’outre Rhin. Mais ce sera la
conséquence de leurs actes.
Ne vous leurrez pas. Il n’y aura pas le choix. La seule question
est de savoir si nous le ferons avant ou après que notre pays soit
à feu et à sang.
Le gouvernement socialiste aura-t-il le courage de mettre fin à
l’aventure de l’euro ? Ou faudra-t-il attendre 2017, pour
constater avec « surprise » la montée des «
populismes » en France et la matérialisation de la catastrophe
finale ?
Charles
SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
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