Le régulateur américain CFTC (Commodity
Futures Trading Commission) est anxieux concernant
le fixing de l’or de Londres. Apparemment…
« Donc est-ce que le fixing de Londres (pour l’or physique) est
truqué ? ». Quiconque fait vraiment attention sait que c’est la
mauvaise question. Les régulateurs du marché américains des produits dérivés
(produits pour la spéculation) pensent que cela pourrait être vrai.
Maintenant, le CFTC est sans aucun doute dans son droit de questionner
l’utilisation de certains prix comme points de références (ou
« marks » ou cote) dans les transactions américaines. Se joignant à
la Table ronde internationale sur les point de référence financiers
(International Roundtable on Financial Benchmarks)
d’il y a trois semaines, son commissaire Bart Chilton
a affirmé qu’il pensait aussi que beaucoup
d’autres marchés méritaient de l’attention. Mais cependant, nous ne
serions imaginé ce qu’une commission à Washington contrôlant les marchées des
« futures » américains pourrait gagner ou espérer obtenir en
questionnant le processus du fixing de Londres.
Qu’est-ce que le fixing de l’or de Londres ?
Et pourquoi existe-t-il ? Le fixing existe car, sur le marché des
métaux précieux physiques, il n’y a pas de prix unique à un instant donné. Au
lieu de cela, toutes les différentes banques de métaux précieux et les
négociants cotant leurs propres prix directement à leurs clients. Alors les
transactions qu’ils passent sont uniques, sans chambre de compensation
centralisée ou de bourse reconnue rapportant ces transactions comme sorte de
cours officiels.
C’est très différent d’un marché boursier formel ou d’une bourse de
produits dérivés. Cela rend l’évaluation de l’or (dans les coffres des
banques centrales, par exemple, ou les stocks des joailliers) difficile. Cela
veut aussi dire que des traders moins actifs, comme les compagnies minières
aurifères ou les utilisateurs industriels, ne peuvent être sûrs qu’ils ont eu
le « vrai » prix du marché.
D’où le fixing (ou fix), et d’où son nom. Le
fixing est essentiellement une capture du cours à un instant précis où se
situe le cours de l’or à 10H30 ou à 15H00 et à midi pour l’argent (heures de
Londres), et ce à Londres, la capitale britannique qui est le cœur mondial du
négoce des métaux précieux physique.
Comment fixer le fix ?
Pour prendre cet instantané, les plus grosses banques de métaux précieux
regardent les ordres des clients en cours, soustraient les acheteurs par les
vendeurs, et se réunissent pour convenir d’un prix qui permette de liquider
ce qui reste. Ne faites pas d’erreur : le fix
n’est pas un prix notionnel.
La vraie offre et la vraie demande de vrais vendeurs et acheteurs créent
le fix, et le vrai commerce est fait à ce prix.
Cela fait du fixing ou du fix quelque chose de très
différent du taux d’emprunt interbancaire qu’est le Libor.
Le Libor, comme vous vous en souvenez, est
simplement rapporté par les grandes banques. Il ne correspond pas
nécessairement aux taux d’intérêt payé à ou par quiconque. Cela ouvre donc la
porte aux fraudes et aux manipulations, et quatre ou cinq ans après que les
régulateurs se soient aperçus du scandale, ça a conduite à de lourdes amendes
pour les coupables.
Pourquoi le fix ?
Les fix des métaux précieux de Londres offrent à
l’inverse une formation authentique des cours. Non, ce n’est pas formellement
réglementé par le gouvernement (horreur !). Oui, le fix
est déterminé derrières les portes closes (mon dieu !). Mais les clients
des banques peuvent placer des ordres d’achat (ou de vente) au cours du fix si c’est en-dessous (ou au-dessus) d’un certain
niveau, et ils peuvent être informés tout au long du processus aussi. Le fix suit également et mène ensuite le cours spot coté
dans le négoce de gros en direct. Mais un cours spot unique n’existe pas. Le fix existe pour combler ce manque. Et existant depuis
1919 (et probablement
avant, pour
les fans d’histoire), le fix a pendant près
d’un siècle agi comme un point de référence mondial quand aucun n’existait
avant.
Acheter de l’or au gros pour la livraison à Hong Kong, et l’on vous cotera
le cours de Londres plus (ou moins) une prime de livraison. Demandez à une
banque centrale la valeur de ses réserves d’or ou à un stockiste la valeur de
ses dépôts, et ils feront tous référence au fix de
l’or de l’après-midi dans leur réponse. Vendez à une compagnie minière
aurifère un contrat forward de long terme pour
qu’elle se protège contre l’exposition aux cours aujourd’hui ou lève des
capitaux pour financer l’exploitation de demain, et le fix
de l’or de l’après-midi à Londres, ou PM London gold fix,
sera votre référence évidente.
Comment ce point de référence parfait peut être obtenu ? A en juger
par les commentaires en date du commissaire de la CFTC, le problème semble
être qu’un « gouvernement, un quasi gouvernement ou une entité
appropriée bénévole devrait superviser » la façon dont sont déterminés
les cours. Le communisme est sans aucun doute très loin des intentions de
Bart Chilton. Mais la Russie soviétique avait
essayé pendant un moment. Ça n’a pas marché.