|
Parcourir la
presse est édifiant. Non pas tant pour les données
qu’elle fournit, mais pour les témoignages qu’elle
recueille, surtout lorsqu’ils viennent de grands patrons
d’entreprises françaises. Le moins que l’on puisse dire
est que, un an après son accession à la présidence de la
République, François Hollande les a découragés,
comme rarement un chef d’État ne l’avait fait.
« Ça
ne sert plus à rien d’y aller » soupire un conseiller
de chef d’entreprise. L’endroit désigné :
l’Elysée. Nombre de patrons y allaient, parfois très
tôt au petit jour, pour rencontrer Emmanuel Macron,
pensant que l’homme saurait influencer son patron. Mais,
François Hollande ne se laisse pas influencé, y compris par son
secrétaire général adjoint de l’Elysée et
ancien de chez Rothschild, pensant qu’il aurait de l’influence
sur le locataire du Château. Il a un programme. Rien ne peut l’en
détourner. Alors les
complaintes pleuvent.
Tout
d’abord, il y a ceux qui se plaignent de ce que le gouvernement ne
comprend rien l’économie. « Il y a une totale
incompréhension de la part de ceux qui nous gouvernent, une
incompréhension des principes de bases d’économie »,
constate dépité Pierre Gattaz, le PDG de Radiall
et peut-être le prochain président du Medef. Cela promet un
dialogue fructueux entre l’État et les grandes
entreprises !
Puis il y ceux
qui ne supportent plus la spoliation : « J’ai
été fier de donner beaucoup de stock-options à mes
cadres ces dix dernières années. Mais ceux qui les vendent pour
acheter une maison ont une énorme fiscalité qui leur tombe
dessus. Ils ont cru qu’ils disposeraient de 200 000 euros net et,
après impôt, ils n’ont plus que 100 000 euros »
constate navré Laurent Burelle, PDG de Plastic Omnium. C’est pourtant
cela que le gouvernement appelle la justice sociale.
Il y a encore
ceux qui ne comprennent pas pourquoi on décourage autant l’investissement
en France : « Comment inciter les
entrepreneurs à investir dans un marché intérieur
à visibilité réduite alors qu’ils sont
l’objet d’une fiscalité confiscatoire, » se
demande Edouard Carmignac, fondateur de Carmignac Gestion. Matraquer et investir sont
antinomiques mais pas pour le gouvernement apparemment. Il y aurait en effet
quelques notions économiques à revoir.
N’oublions
pas ceux qui regrettent que Karl Marx soit toujours plus connu que
Frédéric Bastiat. « On nous sert un discours
très politique. Il faut arrêter avec la lutte des classes »,
tempête toujours Pierre Gattaz. Or tant que les gouvernements, de
droite comme de gauche, considèreront le principe de redistribution
comme la base du système social français,
c’est-à-dire « qu’une portion de richesses
passe de celui qui l’a acquise, sans son consentement et sans
compensation, à celui qui ne l’a pas créée, que ce
soit par force ou par ruse », comme l’écrivait
Frédéric Bastiat, le collectivisme restera toujours le vrai cap
de l’État, qu’elle que soit sa couleur politique.
Enfin il y a
ceux qui, las de tant de coups reçus, ont des envies d’exotisme.
« Il faut être capable d’attirer les talents en leur
proposant de bonnes conditions de vie, de travail et de
rémunération. Ce matraquage fiscal n’est pas
propice » souligne Patrick Kron, d’Alstom. « Le
résultat c’est qu’elles vont répartir les
rémunérations dans plusieurs pays » relaie un
conseiller d’entreprise.
Le matraquage
fiscal des entreprises est-elle une fatalité ?
« Malheureusement, Hollande applique son programme »
soupire Sophie de Menthon, présidente du
mouvement d’entreprises Ethic. En effet, il
l’applique. Et les entrepreneurs n’ont pas fini de soupirer. Il y
en a encore pour au moins quatre ans…
|
|