Une
activité économique n’a pas besoin de ministres pour se
développer. Et elle se développe d’autant mieux
qu’il n’y a pas de réglementation. La preuve en sont les fameux « drive » d’Auchan,
Leclerc, Carrefour et autres supermarchés qui les développent
sur le territoire français.
Bras physique
de l’économie numérique puisque les achats se font en
ligne, ces drives n’existaient pas en 2009. Ils étaient à
peine mille en 2011, puis environ 2 000 en 2012 et seront certainement
au-delà dépasseront sans doute les 3 000 cette année.
D’un point de vue business, cela veut dire que l’offre et la
demande se sont rencontrés, qu’un
modèle économique en est sorti et que tout le monde,
commerçants et clients, y trouvent leur compte.
Tout le monde
? Non.Sylvia Pinel, la ministre de
l’artisanat et du commerce semble trouver ce développement
impensable.. Comment ces supermarchés ont-ils
osé développer des structures, organiser un commerce,
satisfaire des clients sans avoir auparavant demandé son avis à
la ministre ? Pourquoi
n’ont-ils pas sollicité l’État ?
Et peu importe
que Sylvia Pinel n’y connaisse absolument rien au secteur privé
et au business. En effet, elle a commencé sa carrière politique
à un très jeune âge puis qu’à 25 ans, en
2002, elle était chargée de mission au cabinet du
président du conseil général de Tarn-et-Garonne, le
radical de gauche Jean-Michel Baylet. Elle est ensuite devenue chef de
cabinet et a été élue députée en 2007.
Confier un
secteur aussi sensible que celui du commerce à une personne qui
n’a jamais vendu une seule marchandise et qui n’a jamais
été entrepreneur n’est pas responsable. Car s’il y
a un endroit où l’on n’apprend rien sur
l’économie, c’est bien dans un cabinet politique. Mais ce
n’est pas grave : elle est ministre, elle est donc revêtue de
l’autorité de l’État qui lui donne la
possibilité de prendre des décisions dans des domaines
où elle n’a aucune expérience concrète du terrain.
En attendant,
les entreprises de la grande distribution auraient dû faire plus
attention : il ne faut pas montrer de manière aussi franche et claire
que les ministres ne servent strictement à rien en matière de
développement de marché. La vérité peut blesser.
La réaction peut être particulièrement violente et
prendre la forme d’une loi.
Ainsi Sylvia
Pinel veut remplir le vide juridique qui entoure les drives. Sa
collègue Fanny Dombre Coste,
députée socialiste de l’Hérault et tout aussi
scandalisée de l’indépendance des supermarchés,
l’avait averti : ces drives « ne sont pas soumis au passage
devant la commission départementale d'aménagement commercial.
» Et la députée d’ajouter : « il suffit de
déposer un permis de construire ou d'aménager un local. »
La ministre
présentera donc en Conseil des ministres, au mois de juin, un projet
de loi pour règlementer l'ouverture des drives. Cela marchait trop
bien, qui plus est sans l’État, puisque tout le monde
s’était organisé efficacement : il fallait que cela
cesse.
Remercions
donc Sylvia Pinel d’avoir éclairci pour nous un principe
économique de l’État-Providence : toute
activité économique qui rencontrera un succès sans en
avoir d’abord référer au gouvernement sera punie par une
régulation et une loi. Et bien entendu, taxée comme il se doit
afin d’être soumise à la justice sociale.
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