En
1991, le gouvernement Indien gageait les réserves d’or de sa
nation contre des prêts émis par des sources internationales. Il
semblerait donc qu’il ait déjà considéré
l’idée d’utiliser son or pour supporter sa présence
et son rôle à l’échelle internationale.
Le taux
de change de la roupie continue de décliner, et ce plus rapidement que
celui de toutes les autres devises. Au cours de ces quelques dernières
années, la roupie est passée de 42 à plus de 63 roupies
pour un dollar. Bien que cela reflète en partie le retrait des
‘capitaux fébriles’ du pays (les investissements en carry trade tirant avantage de l’écart entre le
dollar et la roupie), cela souligne également la perte de confiance
envers l’économie Indienne – bien qu’elle continue
de croître à hauteur de 5% par an – et sa devise. La
balance des paiements du pays continue de tomber dans le rouge.
Tout
cela a précipité l’imposition de contrôles de
capital sur les Indiens, et si la situation venait à s’aggraver,
ces contrôles devraient se généraliser pour englober les
investissements étrangers au sein du pays et prévenir leur sortie.
L’Inde est en crise !
Le
gouvernement Indien est parfaitement conscient que ses options sont
limitées, mais il devra prendre une décision rapidement.
L’utilisation de l’or privé est l’une des solutions
auxquelles il se prépare.
Notez que les citoyens Indiens
possèdent plus de 20.000 tonnes d’or, d’une valeur
actuelle de 900.200.000.000 dollars. Certains estiment que le tonnage
approche des 25.000 tonnes. Si cela s’avérait exact, sa valeur
actuelle serait de 1.125.250.000.000 dollars.
Si le
gouvernement Indien saisissait cet or d'entre les mains de ces citoyens pour
le placer dans ses coffres, la confiance en la roupie pourrait s’en
trouver stimulée si l’or était utilisé pour la
soutenir. Cela pourrait-il se produire ? Tout ne dépend que de
l’ampleur de la crise. Mais ceux qui pensent que la confiscation est
une perspective terrifiante devraient observer ce qu’il se passe en ce
moment-même.
La campagne de sauvetage de
l’or
Il
existe actuellement en Inde une campagne dite de ‘sauvetage de
l’or’, ou ‘swarna bachao abhiyan’, qui vise
les énormes quantités d’or qui se cachent dans le pays.
Cet or est détenu par des citoyens ordinaires, des riches, des
charités, des temples et des banques.
Une
annonce à ce sujet a été faite lors de la convention
internationale pour l’or qui se tient actuellement à Jaipur. Une
importante organisation du nom d’All India Gems and Jewelery Trade Federation – qui se cache derrière
l’appel pour la cessation des ventes d’or par le biais de ses
succursales en réponse aux requêtes du gouvernement – a
récemment organisé une réunion portant sur le sujet,
dans un contexte de déficit grandissant de balance de compte courant.
Vinod Hayagriv, ancien directeur de l’organisation, a dit
lui-même que la banque centrale Indienne planifiait de réguler
les dépôts d’or, grâce auxquels les bijoutiers peuvent
mobiliser leur or au travers de différentes banques, à
l’échelle nationale. Son objectif est de faire entrer de grosses
quantités d’or sur le ‘marché’. En
s’alliant au gouvernement, l’organisation vise à interagir
avec le ministère des finances pour discuter de nouvelles possibilités.
Les
propriétaires d’or se verront encouragés d’apporter
leur métal auprès de bijoutiers agréés. Les
bijoutiers en vérifieront ensuite l’authenticité et
émettront un certificat pour chaque barre ou pièce avant de la
remettre au client. Pour le cas de bijoux, l’or devra d’abord
être fondu en la présence du client avant qu’un certificat
puisse lui être issu. Le client devra ensuite apporter son or et son
certificat à sa banque, qui lui délivrera un certificat de
dépôt pour une période déterminée pouvant
aller de un à trois ans, après quoi le déposant pourra
récupérer son or avec intérêts, comme promis par
sa banque.
On
entend également parler de prêter de l’or à des
sociétés non-financières créées à
cette fin, qui permettront à leurs clients de retirer leur or avant la
fin de la période de maturité et pourraient prêter le
métal à des bijoutiers. Nous ne disposons pas de détails
supplémentaires quant à la raison pour laquelle des bijoutiers
voudraient emprunter de l’or, notamment parce que leur travail est de
vendre de l’or. Comment pourraient-ils avoir accès à
l’or avec lequel rembourser les déposants ?
Des solutions qui se sont
déjà prouvées sans succès
Des
mesures similaires ont été prises en 1999 avec le même
objectif d’attirer les réserves d’or privées sur le
marché et de réduire la dépendance de l’Inde aux
importations.
Le
gouvernement Indien avait alors mis en place un système de
dépôt d’or par le biais de la banque d’Etat
Indienne, mais sa tentative ne s’est prouvée que peu fructueuse
et son projet a été annulé avant d’être
relancé en 2009. Il a une nouvelle fois échoué à
parvenir à ses objectifs, en raison, est-il dit, du manque de
promotion agressive du projet par les banques du secteur public, parce
qu’il avait été présenté comme service
introduit par le gouvernement. Cette mesure n’incluait pas la fédération
des bijoutiers, ce qui a conduit à un manque d’infrastructures
où fondre le métal, tester sa pureté et le convertir en
barres. Les banques ont dû dépenser beaucoup d’argent pour
convertir des bijoux en barres d’or pur.
Le
concept a également échoué en régions rurales,
où la population n’a que très peu recours aux banques et
n’est que très peu encline à se séparer ses bijoux.
Elle n’a pas fait confiance en la vérification de son or par le
gouvernement et s’est dite inquiète du coût à payer
pour transformer à nouveau son or sous forme de bijoux une fois
qu’il lui serait retourné. Les liens émotionnels et
religieux que les gens ont avec leur or et le manque de confiance envers le
gouvernement et sa bureaucratie ont été sous-estimés. Le
projet a déjà échoué à deux reprises.
Le
gouvernement a donc fait quelques amendements à son projet. Des fonds
communs et des ETF enregistrés auprès du Securities Exchange Board of India se sont vus
demander de déposer une partie de leur or pour rendre le projet plus
attrayant pour les individuels. Bien que les intérêts
tirés de l’or soient taxables de la même manière
que tout autre revenu, l’or déposé sous ce nouveau système
serait exempté d’impôts sur la fortune. Une fois de plus,
le projet laissait de côté la confrérie des bijoutiers.
Pourquoi donc essayer à
nouveau ?
Aujourd’hui,
avec le support de la fédération des bijoutiers et de sa bonne
compréhension du marché de l’or, détaillants et
bijoutiers se verront demander de contribuer à la réussite du
projet.
La
fédération des bijoutiers a suggéré
qu’aucune question ne soit posée quant à la provenance de
l’or et qu’un impôt sur la fortune soit applicable. Elle a
également demandé à ce que la quantité d’or
mobilisée par le projet soit reportée chaque mois ou chaque
trimestre. Selon elle, cela pourrait permettre au projet de fonctionner.
-
Le gouvernement
aurait à contrer le manque de confiance, une tâche
presqu’impossible à ce que l’on a pu voir
jusqu’à présent. La réponse des propriétaires
d’or Indiens, qu’ils soient ou non des institutions, ne devrait
pas être tirée de leur attitude passée. Les deux efforts
précédents du gouvernement ont échoué. De la
même manière que ces deux derniers, le nouveau projet demande aux
investisseurs de divulgueur leur
propriété d’or.
-
Le gouvernement
et sa bureaucratie auraient accès à ces informations.
-
Les membres du
public feront-ils confiance à la fédération des
bijoutiers s’ils savent que le gouvernement et les banques sont
derrière elle ?
Pourquoi
donc essayer à nouveau ? Il devient apparent que la
fédération travaille main dans la main avec le gouvernement, et
que le gouvernement fait tout son possible pour répondre à ce
qui pourrait devenir un souci de crédibilité internationale. Il
doit faire quelque chose.
Les bijoutiers s’allient
pour ne pas fermer leurs portes
De la
même manière, la fédération doit faire quelque
chose pour ne pas avoir à fermer ses portes. Si le gouvernement
décidait de confisquer l’or privé, ces bijoutiers
perdraient tout ce qu’ils ont, soit leur or, soir leur entreprise. En
coopérant avec le gouvernement, ils assurent leur survie.
Le
projet du gouvernement devrait selon moi bénéficier d’un
très faible enthousiasme, ce qui pourrait pousser le gouvernement
à forcer l’acquisition d’or au travers de la confiscation.
Le
gouvernement n’aura alors plus qu’à utiliser cet or
à des fins nationales et pour stimuler la
crédibilité de la roupie à l’échelle
internationale.
Mais le
succès d’une telle confiscation nécessiterait le support
des bijoutiers et du gouvernement et l’offre de paiements raisonnables
aux propriétaires d’or.
L’idée
qu’ils puissent recevoir une somme en roupies équivalent au prix
marché de leur or est une probabilité, malgré la
promesse du retour de leur or en fin de période. Les
propriétaires d’or devront demander s’ils
récupèreront leur or ou une somme en roupie équivalente à
la valeur de leur métal.
La
probabilité que ce remboursement puisse être fait en roupies
(constamment dévaluées) est très élevée,
puisqu’il est clair que l’or déposé devra
être soit vendu soit utilisé par le gouvernement. Alternativement,
les propriétaires d’or se verront certainement forcés
d’accepter une extension de la période de prêt.
Quant
à la fixation d’une date à laquelle cet or pourrait
être retourné à ses propriétaires, il est
nécessaire de souligner qu’il va dans
l’intérêt de la nation que de voir le gouvernement
demander accès à l’or prêté pour une durée
prolongée. Aux Etats-Unis, il a fallu 41 ans pour attendre le retour
de l’or confisqué.
Le
gouvernement Indien pourrait gérer la crise sans avoir recours
à la confiscation, mais il y a peu de chances qu’il puisse y
parvenir s’il n’arrive déjà pas à surmonter
les problèmes liés au taux de change. D’où la
campagne de sauvetage de l’or !
Quelle
alternative se présente au gouvernement ? Il a déjà
imposé des contrôles de capital et des contrôles sur les
importations d’or. A mesure que la situation s’aggrave, une
confiscation devient de plus en plus envisageable.
Un avant-goût du
futur ?
Nous
sommes les témoins d’un exemple classique de
l’effondrement d’une devise et des étapes
nécessaires au maintien de sa crédibilité à
l’échelle internationale.
La
même chose arrivera-t-elle à d’autres devises ?
J’aborde depuis longtemps le sujet de l’arrivée du yuan
Chinois sur la scène internationale. Attendez-vous à un
élargissement de la convertibilité du yuan d’ici la fin
de l’année.
Les
Chinois ont parfaitement conscience de l’impact qu’aura ce
changement sur le système monétaire global. Ils savent
parfaitement qu’il détruira l’hégémonie du
dollar et donnera naissance à un système poly-devises.
C’est pour cela qu’ils achètent de l’or et
encouragent leurs citoyens à en faire autant. Il ne fait aucun doute
qu’ils aient compris la nécessité d’accorder un
rôle à l’or sous le régime monétaire
à venir.
Le fait
même qu’il n’y aura bientôt plus de système
cohérent signifie que l’or devra remplir ce rôle.
Je suis également
certain que le monde ne pourra ignorer ce rôle bien longtemps. La
majorité des nations, dont celles du monde développé,
finiront par intégrer l’or au système monétaire
pour le bien de la crédibilité de leurs propres devises. Cela inclura
les réserves de devises actuelles. Les banques centrales du monde se
prépareront sans doute à cette éventualité.
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